BlackBerry le sait : le succès de son dernier système d'exploitation tient en partie à la façon dont les éditeurs d'application se l'approprient. Le Canadien a donc pris soin de soigneusement détailler sa stratégie à leur égard lors d'une conférence dédiée aux développeurs, baptisée BlackBerry Jam. Derrière la vision globale se nichent aussi des annonces plus concrètes, qui prendront corps dès le mois de juin, avec la mise à disposition du kit de développement (SDK) dédié à la future mise à jour BlackBerry 10.2.
120 000 applications, dont 20% émanent d'Android
Quatre mois après le lancement de BlackBerry 10, l'ex-RIM ne manque pas de souligner le succès de son nouvel environnement à grands renforts de chiffres. Le kiosque Blackberry World dispose aujourd'hui de 120 000 applications, dont 50 000 nouvelles entrées enregistrées sur le seul début d'année 2013.
Pour accélérer le développement de son App Store, on sait que BlackBerry a facilité le portage d'applications venues d'Android, en offrant un environnement d'exécution (runtime) capable de les faire fonctionner sur BlackBerry 10 sans modification substantielle du code. Un bon moyen d'étoffer à peu de frais BlackBerry World ? « Les applications Android ne représentent que 20% de l'offre », tempère Alec Saunders, vice président en charge des relations avec les développeurs, « contre 65 ou 70% d'applications nativement écrites pour BlackBerry 10 ». Quelques milliers d'applications fonctionnant sur l'environnement d'exécution AIR d'Adobe complètent ce panorama.
Du natif à Android ou AIR, BlackBerry se veut une plateforme « universelle »
BlackBerry tient logiquement à favoriser le développement d'applications natives, plus à même de s'interfacer avec son système d'exploitation. Pour en convaincre les développeurs, le constructeur a dévoilé les grandes lignes de ce qu'apporterait le kit de développement dédié à la version 10.2 de son système.
Apprendre à tirer parti du contexte...
Il promet de nombreuses interfaces de programmation (API) qui viseront essentiellement à améliorer la capacité des smartphones BlackBerry à prendre en compte les données remontant de l'environnement utilisateur. Au programme figure donc la prise en charge toujours plus complète des différents capteurs et contrôleurs, du Bluetooth au NFC en passant par la sortie HDMI ou le micro, ainsi que des passerelles avec des éléments du système (journal d'appel ou carnet d'adresses par exemple) qui jusqu'ici n'étaient pas accessibles.
Sentir, comprendre et s'adapter, le nouveau mantra développeurs de BlackBerry
BlackBerry résume la logique sous-jacente de la façon suivante : une bonne application devrait être capable de détecter l'environnement dans lequel elle est utilisée pour adapter, si besoin, son comportement au contexte. « BlackBerry Messenger autorise les appels vidéo quand vous vous trouvez dans votre voiture, mais cette fonction doit être bloquée si vous êtes en train de conduire », illustre Alec Saunders. Une bonne façon de rappeler, au passage, que les interactions entre BlackBerry 10 et les voitures équipées d'un système QNX (aujourd'hui propriété de BlackBerry) sont amenées à se développer de façon importante.
Sur la scène du BlackBerry Jam, on convoque l'éditeur Macadamian pour un nouvel exemple parlant : celui d'une application dédiée aux concerts permettant de visualiser de façon ludique les contacts à proximité, les groupes en train de passer sur les différentes scènes et... le débit de boisson le plus proche.
Problème : pour analyser le contexte afférent, une application a besoin de résider en mémoire, sans pour autant que l'utilisateur la conserve au premier plan des logiciels actifs. BlackBerry promet à ce niveau l'introduction prochaine d'un mode Headless répondant à cette problématique. Il gommerait ainsi l'un des principaux reproches formulés à l'encontre de BlackBerry 10 par les développeurs.
Les applications pourront résider en tâche de fond
BlackBerry 10.2 : un SDK bêta pour le mois de juin
Le SDK dédié à BlackBerry 10.2 sera livré aux développeurs sous la forme d'une version bêta au mois de juin. La version finale (dite Gold) devrait quant à elle suivre en août, ce qui laisse augurer la mise à disposition de la mise à jour système associée aux alentours de la rentrée de septembre pour les détenteurs de smartphones Z10, Q10 et maintenant Q5. Ce SDK signera par ailleurs la mise à jour du runtime Android, qui sera à cette date calqué sur la version 4.2.2 du système de Google. BlackBerry s'enrichira également d'un mode Miracast, permettant donc de distribuer sans fil les contenus affichés à l'écran sur un moniteur (ou une TV) compatible. Le SDK signera également la prise en charge de la fonction USB Host, ce qui favorisera l'apparition d'accessoires dédiés aux smartphones BlackBerry 10 (manette de jeu par exemple).
Une couche dédiée à l'analyse des usages - afin que les développeurs comprennent mieux comment est employée leur application au quotidien - fera également son apparition dans son SDK, grâce à un partenariat passé avec Flurry.
Discours construit, annonces concrètes : BlackBerry souhaite que les développeurs n'aient aucun doute quant à son engagement autour de sa plateforme et quant à la capacité de cette dernière à rapidement rattraper, voire dépasser, les environements concurrents en termes de richesse fonctionnelle. De quoi peut-être, convaincre les éditeurs d'applications très populaires comme Spotify ou Instagram qui, aujourd'hui encore, font défaut à BlackBerry 10 ?
Le lecteur d'applications Android passera bien en 4.2.2