Quels sont les avantages de votre partenariat avec Foxconn ?
David Derrida : C'est une décision qui fait partie de la nouvelle stratégie impulsée par John Chen arrivé récemment à la tête de la société. Le conseil de direction a deux priorités. D'une part il faut repositionner BlackBerry sur le marché de l'entreprise et de la sécurité et d'autre part il est nécessaire de redresser la situation financière du groupe.
Le partenariat avec Foxconn nous permet de diminuer le niveau de dépendance sur les coûts de production. L'économie d'échelle est donc notre principal avantage avec Foxconn. Cela permet à BlackBerry de se recentrer sur l'entreprise.
Puisqu'il y a une réduction des coûts, cela signifie-t-il que la société produira plus de smartphones par an ?
D.D : Non, il y a des concurrents qui s'en sortent très bien avec seulement 1 ou 2 modèles par an. Foxconn nous permet d'accélérer la cadence d'innovation et la mise à disposition sur le marché. Si vous prenez le Z3, il a très vite été commercialisé en Indonésie. Il ne s'agit pas de rentrer dans une course effrénée.
Le BlackBerry Passport arbore un look pour le moins original. Comment en êtes-vous venus à cette conception ?
D.D : Nous sommes partis d'un constat. Aujourd'hui, tous les smartphones se ressemblent. Nous avons un alignement de dalles en verre de 4 à 6 pouces avec un format 16:9, un bouton Accueil et éventuellement un bouton Retour. Si ce design est très bien pour les usages multimédia, il l'est beaucoup moins pour la productivité. Si nous prenons par exemple une feuille de calcul Excel, un ratio 1:1 nous semble plus adapté. Le Passport a également un clavier physique avec un retour tactile. L'utilisateur pourra ainsi effectuer des gestes acquis sur un smartphone entièrement multipoint par exemple en glissant son doigt vers la gauche pour effacer le dernier mot saisi.
On nous a suffisamment reproché le manque d'innovation.
Donc selon vous, le clavier physique a encore une place aujourd'hui sur le marché des smartphones ?
D.D : Bien sûr, cela fait partie de l'ADN de BlackBerry. Nous souhaitons capitaliser sur nos clients qui sont accros au clavier.
Et concernant le BlackBerry Classic ? Vous ré-introduisez un trackpad et une ceinture de boutons fixes. Pourquoi faire marche arrière ?
D.D : Ce serait mentir de vous dire que le BlackBerry Q10 a connu un succès commercial fulgurant en France. Notre équipe a souhaité rencontrer les clients afin de les écouter. Ces derniers ont soulevé plusieurs problèmes d'adaptation au système qui nécessitaient beaucoup de temps à investir dans l'apprentissage d'une nouvelle interface utilisateur, d'où le Classic.
Passons à la mise à jour BlackBerry 10.3, quand sera-t-elle disponible, quelles sont ses nouveautés phares et quelle version du runtime d'Android y trouvera-t-on ?
D.D : Nous formulerons une annonce aux alentours de septembre. Je ne peux pas en dire plus. Quant au runtime, il s'agit de Jelly Bean 4.3. Celui-ci a été nettement amélioré avec de nouvelles API comme le Bluetooth Low Energy ou le NFC.
Allez-vous désormais promouvoir cette compatibilité avec Android pour les prochains smartphones ?
D.D : Oui nous n'en avions pas parlé jusqu'à présent parce qu'au sein de BlackBerry 10.2.1, le parcours utilisateur pour installer une application Android était un peu compliqué pour le client lambda.
Pourquoi avoir choisi de signer avec Amazon en particulier ?
D.D : Le store d'Amazon sera pré-installé avec BlackBerry 10.3. Cela nous permettra d'avoir les applications populaires qui nous manquaient. Aujourd'hui 98% des applications proposées par Amazon fonctionnent sur les smartphones équipés de BlackBerry 10.3. Toutefois, nous discutons avec pas mal de fournisseurs. Amazon est le premier mais ca ne sera pas nécessairement le seul.
Si j'achète une application depuis mon BlackBerry sur le store d'Amazon, aurez-vous un pourcentage de cette transaction ?
D.D : L'Amazon App Store est indépendant sur BlackBerry 10.3. Il n'y a pas de partage de revenus.
Après avoir encouragé les développeurs à publier leurs applications sur BlackBerry 10, voilà qu'un store Android fait son apparition. En plus de créer des doublons d'applications, certains éditeurs n'auront-ils pas l'impression d'avoir perdu du temps et de l'argent ?
D.D : Il y a un vrai défi. Les développeurs suivent nos résultats financiers et connaissent le taux de pénétration de BlackBerry 10. Nous leur proposons un écosystème plus large et nous les accompagnons dans leurs démarches.
Finalement, ne serait-il pas plus simple d'opter directement pour Android sur les futurs smartphones de BlackBerry ?
D.D : Pour le consommateur cela pourrait faire sens mais pas dans le milieu de l'entreprise. Nous sommes les seuls avec BlackBerry 10 à proposer une vraie sécurité couronnée par plusieurs certifications. Prenez l'Allemagne. Angela Merkel et le gouvernement utilisent des Q10 et ont banni iOS. S'il y a une faille sur Android nous ne serons pas en mesure de la corriger nous-mêmes. Il nous faudrait nous en remettre à Google et attendre la mise à jour de l'OS.
Je vous remercie.