« Méfiez-vous du faux cloud. » La conférence de Marc Benioff a le mérite d'être claire : pour le PDG de Salesforce, le vrai cloud, c'est celui proposé par son entreprise. Exit les Oracle, Microsoft, IBM, qui ne feraient qu'un ersatz dénué de tous les avantages du cloud computing. J'étais récemment sur un salon, et un fournisseur de solution m'a dit : « Venez, nous faisons du cloud. PaaS, IaaS, SaaS, nous faisons tout. Je lui ai demandé de me montrer, et ils m'ont mis devant un rack de serveur, en m'expliquant que c'était ça, le cloud, et qu'il suffisait de le mettre dans mes locaux ou dans leur propre datacenter. »
Sauf que pour Marc Benioff, le cloud n'est pas qu'un modèle, et doit comporter certains avantages : efficacité, liberté, économie et respect de l'environnement sont donc les quatre éléments du slogan du cloud à la mode Salesforce. Le PDG, venu présenter plusieurs produits, a cependant expliqué que ça ne suffisait pas, et qu'il fallait maintenant passer du cloud 1 au cloud 2.
Soyons clair, pour lui, le cloud, ce n'est plus non plus Google, Amazon ou Ebay. Il les appelle les « champions du cloud première génération », qui aurait eu son heure de gloire, toujours selon lui, dans les années 2000. Ce cloud à la papa devrait aujourd'hui laisser la place au cloud computing next-gen, avec comme maîtres mots mobilité et social.
Marc Benioff.
Les exemples à suivre seraient donc Facebook, Twitter, ou Youtube du côté du web. Pour le logiciel, il faudrait adopter le modèle de l'App Store, comme il se pratique sur mobile, mais aussi sur les ordinateurs tournant sous Mac OS X. « Où est l'App Store de SAP ? Où est celui d'IBM ? » Ces géants des nouvelles technologies seraient des dinosaures, si l'on en croit Marc Benioff, qui n'auraient pas su quitter l'ère du poste de travail, voire des mainframes. Un jugement qu'on pourrait juger rapide, mais qui n'est pas étranger à l'exercice de la keynote en lui-même.
Pour Olivier Derrien, vice-président Europe du Sud chez Salesforce, le climat serait favorable : « Avec la crise, puis la sortie de crise, beaucoup de nos clients, notamment les petites et moyennes entreprises, se sont engagées dans un processus de transformation pour aller massivement vers le cloud. Et pour qu'ils y aillent sans risque, il est fondamental qu'ils puissent voir leur retour sur investissement rapidement. » Façon d'introduire les fonctionnalités d'analyses en temps réel des ventes et de la situation sur les réseaux sociaux, point capital pour l'adoption du cloud selon un analyste présent au cours de la séance de questions-réponses qui a suivi la présentation.
Sur les produits Salesforce, du coup, c'est intégration et social à tous les étages. Loïc Le Meur, PDG de l'éditeur de l'application Seesmic, était invité pour témoigner : avec son équipe, ils ont décidé d'intégrer Chatter, de Salesforce, aux côtés de Twitter et Facebook. APIs très proches, ouverture totale... Il n'a - évidemment - que du bien à dire de Chatter. « Nous avons même eu une demande de Dell, qui avait besoin d'un accès à Chatter sur Windows Phone 7, où aucune application officielle n'était présente. Grâce aux APIs ouvertes de Salesforce, nous avons pu intégrer Chatter à Seesmic en quatre semaines seulement, sans passer par les équipes techniques de Salesforce. »
Benioff souhaite ainsi aller vers un mode de « conversations dynamiques, » intégrées à tous les produits Salesforce. Conversations entre Service Cloud et Facebook ou Twitter, par exemple, intégration de la discussion Facetime sur les appareils iOS pour dépanner des clients en direct, ou encore intégration de tous les services les plus populaires sur Appexchange, la plateforme d'applications tierces des solutions Salesforce.
Avec le risque de réduire la frontière entre les services Salesforce et les réseaux sociaux grands publics ou professionnels, Facebook, Twitter, Viadeo et LinkedIn en tête ? Marc Benioff est confiant, et il l'a redit en séance de question-réponse : « Notre travail est de créer une vision de ce qui est possible. Si on crée un futur pour certains concurrents, ce n'est pas un problème. De toute façon, nous devons inspirer tout le monde, y compris nos rivaux. »