Cherchant à prouver que la grosse artillerie est plus pertinente que jamais à une époque où les départements informatiques des entreprises tentent d'en faire toujours plus avec des matériels toujours plus réduits, IBM vient de dévoiler un nouveau mainframe pour réduire sensiblement les coûts et la complexité des datacenters.
Le serveur de Big Blue, qui répond au doux nom de zEnterprise, remplace la précédente version z10 dans la gamme des machines de guerre. Il est capable de traiter un large panel de plateformes et de tâches, généralement intégrées dans les solutions de calcul distribuées. « Il y a une différence considérable entre un footprint fortement distribué et un footprint fortement consolidé, » a expliqué Steve Mills, le vice-président d'IBM pour les logiciels et systèmes lors du lancement.
Le dernier serveur, explique Mills, permet de réaliser des économies importantes à plusieurs niveaux : sur la main d'oeuvre, l'installation, le câblage, l'énergie, le stockage, et l'immobilier. « C'est l'annonce la plus importante que nous ayons jamais faite dans l'histoire d'IBM en terme de budget pour nos clients. »
zEnterprise 196, le premier de la nouvelle gamme, devrait être commercialisé à partir de ce trimestre, avec des prix commençant à 1 million de dollars. Les spécifications de la machine justifient selon IBM l'appellation « datacenter dans un boîtier » ou c« loud dans un boîtier ». Avec 96 processeurs de dernière génération à 5,2 GHz, la puissance de calcul permet des transactions en temps réel, et le système supporte jusqu'à 100 000 images virtuelles. « Personne au cours de cette décennie » n'offrira ce niveau de virtualisation, selon Mills.
Autre avantage du système d'IBM, la flexibilité, car zEnterprise offre un module d'extension BladeCenter, qui permet aux utilisateurs d'ajouter leur mainframe aux serveurs Power 7 et System x BladeCenter pour des tâches spécifiques comme les analyses ou la gestion d'infrastructure web. Cette extension signifie également que le zEnterprise peut servir de support back-end pour toute application écrite pour les environnements Power 7 ou x86. Tout en se posant comme une alternative aux environnements complexes et distribués, le système tient la comparaison avec le z10. Une capacité 60% supérieure à son prédécesseur sur les applications gourmandes en données et les charges de travail Java, il peut faire tourner un serveur virtualisé Linux unique pour moins d'un dollar par jour, selon IBM.
Certains clients de Big Blue semblent déjà convaincus : Citi, Swiss Re, FIST et la First National Bank de Namibie ont déjà annoncé leur intention d'utiliser le zEnterprise. Et si Swiss Re, par exemple, entend migrer sur ce système, c'est à cause « du coût, du coût et du coût. » Il faudra néanmoins bien plus de clients prêts à migrer pour permettre à IBM de rentabiliser son système, car les budgets en équipements informatiques restent serrés. Les revenus d'IBM sur les mainframes ont décliné au cours de sept des huit derniers trimestres, et Big Blue devra promettre un retour sur investissement rapide aux directeurs des systèmes informatiques pour espérer changer la tendance. Mills a même concédé qu'« aucun produit n'était aussi à débat que les mainframes en terme de coûts. » Mais IBM reste confiant dans l'attractivité de son zEnterprise. « Aujourd'hui, chaque client, indépendamment de sa taille ou de son secteur, veut des coûts plus bas sur leurs solutions IT, que ce soit sur leur déploiement, leur installation ou leur gestion, explique Rod Adkins, » vice-président Systèmes et technologies chez IBM.