Alors que le fonds d'investissement américain KKR (Kohlberg Kravis Roberts) était pressenti comme probable sauveur du fabricant de semi-conducteurs nippon Renesas, une contre-offre d'un consortium japonais pourrait survenir, pour un montant de 1 milliard de dollars. Cette éventualité, largement répandue dans la presse japonaise ce weekend, a dopé le cours de Bourse de la société, qui a clôturé en hausse de 31,25% à Tokyo ce lundi, pour atteindre le plafond de 336 yens (3,337 euros).
Ce conglomérat, constitué principalement des trois constructeurs d'automobiles du pays, Toyota, Nissan et Honda et du géant de l'électronique Panasonic, serait appuyé par l'État japonais lui-même, via un fonds spécial destiné à soutenir l'innovation et à valoriser l'industrie. Selon l'AFP, cette alliance voudrait éviter que Renesas ne tombe dans les mains d'un groupe étranger, comme l'Américain KKR, qui a déjà fait une offre de 1,27 milliard de dollars. Renesas joue un rôle stratégique dans l'économie japonaise en fournissant l'industrie de l'automobile et de l'électronique grand public.
L'enjeu est de sauver l'industrie des semi-conducteurs au Japon, dont l'un des acteurs a déjà été racheté par un Américain. En juillet dernier, le fabricant de puces mémoires Elpida Memory, en faillite, a été repris par son concurrent américain Micron Technology pour 3,5 milliards de dollars. Une offre rehaussée de 1 milliard suite à une contre-proposition de rachat de la part des détenteurs d'obligations du groupe japonais.
En difficultés également, Renesas prévoit de son côté une perte nette de 1,5 milliard de dollars pour l'année budgétaire 2012-2013, alors qu'il ne s'est toujours pas remis des inondations en Thaïlande de 2011. Outre la vente de plusieurs usines de production, la société avait annoncé début juillet la suppression de 12% de ses effectifs. Évoluant dans un contexte concurrentiel fort, Renesas était par ailleurs la seule société du top 10 de l'industrie à avoir abaissé ses dépenses de recherche et développement l'année dernière.
La société devrait recibler sa production sur les micro-contrôleurs, secteur qu'elle possède déjà à hauteur de 27%. Son objectif est de s'allier à Taiwan Semiconductor Manufacturing pour réduire ses coûts, améliorer sa marge et atteindre d'ici cinq ans une part de marché de 35%.