Cisco a attisé la "peur" contre Huawei auprès des industriels

Thomas Pontiroli
Publié le 12 octobre 2012 à 12h38
Face à des prix attractifs de la part des équipementiers télécoms chinois, les acteurs américains du secteur, dont Cisco, craignent de perdre des marchés, et prennent les devants, à coup de propagande.

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La sécurité nationale des États-Unis était au cœur de la décision du Congrès du 8 octobre, laquelle veut limiter les mouvements de Huawei et ZTE sur le sol américain. Pourtant, c'est aussi l'industrie locale qu'a voulu défendre ce rapport, largement influencé par les acteurs américains des télécommunications. Le Washington Post apprend ainsi que plusieurs membres du Congrès ont rapporté avoir subi d'intenses pressions de lobbyistes pour tenter de limiter le champ d'action de Huawei, sur fond de protectionnisme.

Le journal s'est même procuré un document de sept pages, intitulé « Huawei et la sécurité nationale », émanant de Cisco Systems, géant américain des équipements réseaux. Destiné aux entreprises des télécoms, ce texte « marketing » avertit sur « la peur que Huawei se propage dans le monde » et que « malgré ses démentis, Huawei a du mal à se dissocier de l'Armée de Libération de la Chine populaire et du gouvernement chinois ».

Selon certains analystes interrogés par le quotidien, cette manœuvre pour discréditer Huawei est symptomatique de « la peur qu'ont certaines entreprises américaines de ces sociétés chinoises » qui grâce à des coûts compétitifs réussissent à grappiller des parts de marchés dans les télécoms, « un secteur typiquement américain autrefois ». En effet, la société serait régulièrement pointée du doigt, au même titre que son compatriote ZTE, en raison des crédits « illimités » apportés par l'État chinois, indique Le Monde.

Huawei est réduit à la portion congrue aux États-Unis

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« Huawei a réussi à prendre des parts de marché à Cisco en lançant voilà deux ans une division dédiée à l'équipement des entreprises, autrefois chasse gardée de Cisco », explique Roland Montagne, vice-président de la recherche à l'Idate, interrogé par le quotidien vespéral. L'homme ajoute que le groupe chinois « s'est aussi offert le luxe de priver l'équipementier américain d'un certain nombre de ses ingénieurs ».

Malgré tout, l'implantation de Huawei sur le sol américain reste modeste. Arrivé en 2001, le groupe possède quatre centres de recherches, emploie 1 700 personnes et a équipé les entreprises américaines pour 1,3 milliard de dollars en 2011, soit 4% de ses ventes. De son côté, Cisco emploie près de 39 000 personnes dans le pays, même si l'heure est aux réductions d'effectifs.

Pour le vice-président de la recherche de Gartner, Mark Fabbi, dans le Washington Post, « Huawei a obtenu beaucoup de succès à travers le monde et s'est révélé être un perturbateur, mais il y a un marché qu'il n'a jamais réussi à pénétrer, c'est celui des États-Unis ». Une impossibilité causée par des « lobbyistes qui ont très fortement incité les politiques à ériger des barrières ».

Le rôle, même mineur, de Huawei aux États-Unis, suffit à inquiéter le p-dg de Cisco, John Chambers, qui déclarait début 2012 que cette société représente sa « plus grande menace sur le long terme ». L'homme avait aussi ajouté que la firme chinoise « ne joue pas toujours les règles du jeu ».

Voir aussi : Cisco aurait rompu ses partenariats avec ZTE (MàJ)
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