Mobilité, DevOps et Software as a service (Saas) : à l'occasion de sa conférence annuelle, CA World, l'éditeur de la côte est des Etats-Unis n'a pas pas fait mystère de son intention d'aller chercher la croissance dans le logiciel en tant que service. Amorcé par Mike Gregoire, CEO de CA Technologies, lors de son keynote inaugural, le discours était, à Las Vegas, fermement soutenu par les principaux exécutifs de la société.
Il est également porté par une promesse concrète : porter une quinzaine des produits phare de CA vers le Saas grâce à l'élaboration d'un socle technique commun, la « CA Platform », qui doit lui permettre d'accélérer le rythme de sortie de nouvelles versions, mais aussi autoriser la mise en place de modèles de licence (abonnement, etc.) plus flexibles et donc à même de séduire de nouveaux clients, sans bien sûr compromettre l'offre maison en matière de logiciels on premise.
CA estime avoir déjà accéléré de façon significative sur le chemin du Saas avec trois annonces début 2013 : une nouvelle mouture de l'outil de supervision des infrastructures Nimsoft, déjà 100% cloud, une version hébergée d'Application Performance Management, et l'arrivée de CloudMinder, suite dédiée à la gestion de l'identité et des accès (IAM).
« Ça n'était pas forcément très intuitif de se dire que la supervision des infrastructures et la sécurité allaient passer au cloud », se souvient Lonne Jaffre, vice président en charge de la stratégie d'entreprise. « Pour autant, nos clients consomment du Saas, consomment du cloud, public ou privé, et tout ceci doit bien être géré d'une façon ou d'une autre. Nous n'avions donc pas vraiment le choix : il fallait les accompagner sur ce terrain ».
« Nous sommes all-in », a confirmé lors d'une conférence de presse John Michelsen, directeur technique de CA et ancien d'ITKO, « et ça n'est pas simplement une stratégie de mise sur le marché de nos produits ». L'éditeur prend tout de même soin de souligner qu'il n'est pas dans son intention d'aller concurrencer les spécialistes de l'infrastructure ou de la plateforme en tant que service.
Tous les logiciels maison n'ont d'ailleurs pas vocation à migrer vers le Saas. « Pour les nouveaux produits, on partira dans cette direction, ça ne fait aucun doute. Pour les produits actuels, c'est plus compliqué : il faut qu'on créée les interfaces nécessaires, et tous ne s'adaptent pas de la même façon », confirme Robert Stroud, vice président en charge de la supervision des services.
Côté client, le bénéfice serait, en tout cas, immédiatement perceptible. Ici, CA manie sans surprise les arguments traditionnellement utilisés en faveur des solutions hébergées, avec la promesse de mises à jour plus rapides (« nous voulons nous débarrasser, avec vous, des anciennes versions, pour vous amener vers ce sur quoi nous innovons », clamait d'ailleurs Mike Gregoire lors de la conférence d'ouverture), des projets bien plus rapides, et la possibilité, pour les directions informatique, d'amener plus rapidement des applications métier génératrices de valeur.
« CloudMinder est un bon exemple des bénéfices de l'approche Saas, pour la bonne et simple raison que dans la plupart des sociétés, l'expertise de l'IT ne porte pas particulièrement sur la sécurité. Le service, maintenu par nos soins, leur permet d'accéder au best of breed », illustre Jim Reno, architecte des solutions de sécurité.
On objectera que les trois autres acteurs historiques de l'ITSM (BMC, Oracle, IBM) savent également jouer de ces arguments, tout comme les éditeurs plus récents qui se sont construits sur un modèle 100% Saas, à l'image de ServiceNow. « Nous sommes un acteur historique du logiciel, et nous y sommes le plus important pure player (par opposition aux concurrents qui fournissent également du matériel ou du service, ndr) », sourit Lonne Jaffre. Autrement dit, le poids de CA, sa base installée, et sa capacité à travailler indifféremment avec les cabinets de conseil comme avec les intégrateurs lui assureraient une place de choix lors des négociations liées à ce genre de projets.
En interne, l'éditeur, lourd de ses 37 ans d'existence et de ses 4 milliards de dollars de chiffre d'affaires, dont la moitié provient encore des activités mainframes, aurait déjà opéré la mue nécessaire. Comme pour en illustrer les vertus, CA a dévoilé lors de sa conférence une déclinaison mobile - qu'on promet intégralement développée en interne et ne résultant donc pas, pour une fois, d'une opération de croissance externe - de sa solution de gestion de projets et de portefeuilles (PPM), baptisée Clarity Playbook. Celle-ci permet aux décideurs d'accéder en temps réel à la vision des projets en cours, données financières à l'appui, et d'évaluer l'impact de changements opérationnels sur les prévisions et les objectifs.