Au 3e rang européen en termes de chiffre d'affaires selon le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs (SELL), l'industrie vidéoludique française se porte relativement bien. Le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV) et l'Institut de l'Audiovisuel et des Télécommunications en Europe (IDATE) ont déposé mercredi leur baromètre annuel de l'industrie auprès du cabinet d'Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du Numérique. Un rapport qui met en exergue la croissance du secteur français du jeu vidéo, mais aussi son problème de financement.
L'étude, effectuée entre le 5 mai et le 1er juillet 2014 auprès de 110 professionnels français du jeu vidéo, indique que le chiffre d'affaires moyen des entreprises du secteur est passé de 4,7 millions d'euros en 2013 à 5,3 millions d'euros en 2014 (selon des estimations), soit une progression de 10% environ. 40,7% des sociétés ont terminé l'année en excédent, autant que celles ayant fini l'année en déficit. Les autres affichent des résultats équilibrés. Ce cadre est favorable à l'emploi, souligne le rapport.
Autre détail encourageant, la part de l'exportation dans le chiffre d'affaires des acteurs français du jeu vidéo a progressé de 41,1% en 2013 à 47,6%.
Un financement difficile
Mais à l'heure actuelle, plus de trois quarts des sociétés s'autofinancent. Un constat qui révèle les difficultés du secteur à obtenir les fonds nécessaires au développement des projets. Seulement 36,9% des acteurs de l'industrie ont accès à des crédits bancaires. Les auteurs du rapport y voient un « désengagement significatif des établissements bancaires ».L'industrie française étant majoritairement constituée de petites structures récentes (moins de 5 ans), celles-ci « n'intéressent pas les investisseurs », ajoute Hélène Delay, directrice adjointe de Capital Games, une association professionnelle regroupant les acteurs du jeu vidéo de la région Île-de-France. En 2013, seulement 16,3% des sociétés interrogées dans le rapport ont pu lever des fonds. Le financement participatif n'est que peu employé lui aussi. Il compte, en moyenne, pour seulement 1,4% du budget de production des jeux.
La France : un pays peu attractif
62% des professionnels du jeu vidéo considèrent la France comme un pays peu attractif, malgré des aides publiques et un Crédit Impôt Recherche jugés efficaces. Cela peut s'expliquer par la concurrence d'autres pays comme le Canada, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, qui multiplient les initiatives pour attirer les entreprises.« Il y a quatre ans, je voyais plusieurs acteurs historiques de l'industrie fermer les uns après les autres, nous ressortons d'une crise compliquée, il faut donc mettre de nouveaux outils en place pour redonner sa compétitivité à la France », explique Hélène Delay.
Dans un communiqué, Axelle Lemaire a réaffirmé sa volonté de soutenir le secteur vidéoludique. Une ambition qui passe notamment par « un groupe de travail réunissant les industriels, les administrations, les collectivités territoriales et les parlementaires pour élaborer une stratégie nationale » et définir une feuille de route partagée pour les professionnels français du jeu vidéo. La secrétaire d'Etat promet des mesures avant la fin de l'année 2014.