Alors que Dell vient d'annoncer qu'il abandonnait son cloud public, VMware vient de lancer le sien en grandes pompes hier, dans ses locaux californiens de Palo Alto, en présence des dirigeants de la société, dont Pat Gelsinger, le CEO et de Matthew Lodge, vice-président des services cloud. Ce cloud public, connu jusque-là sous le nom de code « Projet Zephyr » s'appelle désormais vCloud Hybrid Service (vCHS).
Ce n'est pas vraiment une surprise, et on l'attendait avec impatience. vCHS est tout ce qu'il y a de plus logique pour l'éditeur, qui, rappelons-le, est le premier à avoir évoqué le cloud hybride comme une des meilleures voies à adopter. Après avoir assuré son leadership sur le cloud privé, passer au cloud public était finalement inévitable.
Pour combattre AWS ? Pas uniquement
VMware lancerait-il vCHS uniquement pour combattre Amazon Web Services, cette offre d'infrastructure en tant que service (Iaas) si puissante ? Forcément un peu. Certes, la petite phrase de Pat Gelsinger lors de VMware PEX en février dernier aux US résonne encore : « si tous les flux vont chez Amazon, vous perdez, et nous avons tous perdu pour toujours », avait-il apparemment dit, si l'on en croit CRN qui était présent. vCHS semblait ainsi être devenu une urgence pour VMware, un must-have pour capter les clients qui avaient fini par comprendre qu'en temps de crise et de renouveau, passer au cloud est une bonne opportunité.
Combattre AWS donc, mais aussi les autres, tels Microsoft Azure, RackSpace... mais là encore, pas uniquement. Avec vCHS, VMware assure vouloir surtout rassurer les entreprises et leur faciliter le passage vers le cloud public avec une version de haut niveau, à l'image de ce qu'il a su offrir dans les datacenters depuis dix ans.
De l'hybride sans couture
Selon Matt Lodge, « nous proposons exactement la même plate-forme qui tourne en interne, mais en externe pour un passage de l'un à l'autre sans couture ». Le choix stratégique est évidemment intéressant, car si l'on en croit les derniers chiffres de VMware, près de 36 millions de machines virtuelles vSphere tournent dans les datacenters du monde entier, réparties sur plus de 500 000 clients. Pour l'éditeur, le marché est en effet potentiellement énorme.
En clair, les mêmes applications déployées dans les entreprises peuvent donc bénéficier des avantages du cloud public, sans aucune transformation nécessaire, vSphere (et toutes les technologies qui gravitent autour) étant leur point commun. Une machine virtuelle peut instantanément être migrée depuis le cloud privé (ou le software-defined datacenter) vers le cloud public, et vice et versa, notamment grâce aux technologies originales de l'éditeur, comme VMotion, mais aussi grâce à son approche software-defined, et grâce à la virtualisation de réseau Nicira.
Au final, la qualité semble donc être le maître mot pour se différentier. Selon Pat Gelsinger, la continuité entre deux cloud bâtis sur le même vSphere évitera aussi des coûts cachés liés à la migration vers d'autres cloud, bâtis sur des technologies différentes, souvent open source. Il semble que cette compatibilité difficile entre deux environnements différents soit une plainte récurrente des clients voulant utiliser le cloud public. VMware compte offrir aussi en plus un catalogue de service de choix. SAP HANA fait déjà partie des premiers services annoncés.
Deux versions pour un cloud public
En pratique, dès juin, deux versions sont proposées pour vCHS : une version cloud « dédiée », avec un contrat au minimum pour un an, et une version multi-tenant, avec un contrat au minimum pour 3 mois. Les premiers tarifs ont été diffusés (voir images ci dessous), sur une grille assez simple et a priori bon marché, même s'il semble que ce soit un premier jet pour les early adopters. Pour l'heure, quatre datacenters servant ce cloud public sont répartis aux Etats-Unis. Mais dès 2014, VMware prévoit d'en ouvrir en Europe et en Asie. On devrait en savoir plus au prochain VMworld à la fin de l'été.
A noter, pour l'automatisation, le choix exclusif de la solution Puppet Enterprise de Puppet Labs, dans laquelle VMware a investi 30 millions d'euros en janvier dernier. Puppet qui est un des outils favori des DevOps, provisionne, configure et gère les applications dans vCHS, en respectant leur cycle de vie. Reste à savoir comment ce cloud public trouvera sa place, et comment les nombreux partenaires de l'écosystème de VMware vont réagir à l'annonce (et notamment Verizon Terremark qui offre un cloud public à base VMware). Comme toujours, en plus de savoir innover, VMware sait être un coo-pétiteur féroce. Cette offre cloud public devrait être revendue via ses canaux habituels.