Le compteur Linky, qui a toujours autant de mal à se faire accepter, fait l'objet d'un recours en justice d'un collectif lyonnais, qui a entamé une procédure à l'encontre de la société Enedis (ex-ERDF), qui installe les appareils.
Entre Linky et les usagers, ça n'a jamais été le grand amour. Pour preuve, lundi 21 janvier avait lieu une audience en référé au Tribunal de grande instance de Lyon. À l'initiative du collectif Info Linky Sud Ouest Lyonnais, la procédure a pour but d'arrêter la pose du fameux compteur connecté, installé progressivement par la société Enedis sur tout le territoire.
Plusieurs dizaines de plaignants associés à la procédure
Sandrine Larizza, membre du collectif, rappelle au journal local Lyon Capitale que « le compteur d'électricité Linky n'est pas obligatoire ». Pour elle, « il faut arrêter les poses forcées. Notre collectif est sollicité par beaucoup de personnes qui sont affolées par l'attitude d'Enedis ».L'entreprise a débuté l'installation du compteur connecté dès 2010 sur le territoire lyonnais. Mais la grogne persiste et les usagers anti-Linky n'ont pas hésité à se rassembler pour s'associer à la requête déposée au TGI. « Cette audience est spéciale car elle rassemble le ressenti de 150 plaignants », indique maître Edouard Raffin.
Les représentants des anti-Linky et d'Enedis opposés sur l'exploitation des données personnelles
Dans son plaidoyer, l'avocat du collectif fait remarquer que « Linky n'a pas été pensé dans l'intérêt des usagers mais pour permettre à Enedis de rentrer dans le big data » (rappelons, comme nous vous l'indiquions sur Clubic il y a quelques mois, que les différents compteurs communicants sont plutôt friands de données personnelles).Maître Raffin s'offusque : « Cela ferait de Linky le premier objet connecté imposé. C'est une violation du libre choix des administrés ». Selon lui, « les milliards de données exploitées par Enedis valent de l'or ». EDF, la maison mère d'Enedis, pourrait ainsi faire des données connectées de ses utilisateurs un juteux commerce.
De l'autre côté, le représentant d'Enedis, maître Gilles Le Chatelier, indique que« l'enregistrement de la consommation journalière et mensuelle est une base pour pouvoir payer ses factures d'électricité ». Il rappelle également que les données privées des usagers ne peuvent pas être transmises à un tiers sans leur accord, chacun pouvant vérifier directement sur son espace en ligne s'il a consenti à offrir ses données et procéder à sa rétractation. Enfin, maître Le Chatelier se base sur le Code de l'énergie pour affirmer qu'une clause permet à Enedis d'avoir accès au compteur et à la possibilité de le réparer, le changer et le remplacer.
Deux versions s'opposent donc, et le délibéré sera rendu le 18 février 2019. Deux procédures similaires ont aussi été initiées dans la Drôme et en Ardèche.