Le Sénat espagnol a adopté mercredi, à une large majorité, une loi relative à la confidentialité en ligne. Parmi les nouvelles dispositions, figure un article polémique sur la possibilité offerte aux partis politiques d'utiliser des données personnelles.
La loi votée par le Sénat, et préalablement approuvée par le Congrès des députés espagnol, s'inscrit à la suite du RGPD, réglementation européenne visant à protéger les données personnelles des internautes. Mais un amendement suscite de nombreuses critiques.
Légalisation de la propagande électorale
En effet, avec l'application de cette nouvelle loi, les partis politiques du pays seront autorisés à « utiliser des données personnelles obtenues sur des pages Web et d'autres sources accessibles publiquement pour réaliser des activités politiques en période (de campagne) électorale ». Ce qui a suscité l'indignation de plusieurs associations, malgré la possibilité laissée aux utilisateurs d'exercer un droit d'opposition.Parmi les opposants à cette nouvelle réglementation figure la Plateforme de défense de la liberté d'information (PDLI). Celle-ci affirme qu'une telle loi ouvre la porte à la réalisation de profils idéologiques et à la mise en œuvre d'une propagande électorale, en toute légalité. Une polémique qui n'est pas sans rappeler le scandale Cambridge Analytica aux États-Unis, qui avait révélé l'exploitation de dizaines de millions de données personnelles issues de Facebook, durant la campagne présidentielle de 2016.
D'autres dispositions en faveur du respect de la vie privée
Du côté des partisans du texte, on se veut rassurant, en affirmant que la loi ne permettra pas d'élaborer des profils à partir des sensibilités politiques. Il ne s'agirait que de pouvoir « recueillir les inquiétudes des citoyens », afin de leur proposer les solutions les plus adaptées. On préfère de plus mettre en avant les autres éléments de la nouvelle législation, tels que la neutralité du Net, le droit à l'oubli ou le refus des publicités ciblées.Il n'est cependant pas certain que cela suffise à calmer l'indignation des opposants. L'association de consommateurs FACUA et le parti Podemos ont déjà prévu de saisir le Tribunal constitutionnel espagnol en cas de statu quo.
Source : RTBF