Wikipedia : 24 heures de black-out pour lutter contre SOPA

Alexandre Laurent
Publié le 17 janvier 2012 à 06h21
La version anglaise de Wikipedia sera placée hors ligne pendant 24 heures à compter de mercredi. Avec ce black-out, l'encyclopédie en ligne souhaite sensibiliser le monde du Web aux menaces que feraient peser sur la liberté d'expression les projets de loi américains SOPA et PIPA.

La tension enfle autour des projets parallèle SOPA (Stop Online Piracy Act, déposé à la Chambre des représentants) et PIPA (Protect IP Act, déposé au Congrès). Sue Gardner, directrice exécutive de l'éditeur de Wikipedia, a annoncé lundi que la plus célèbre des encyclopédies en ligne serait inaccessible pendant 24 heures cette semaine, afin de sensibiliser l'opinion publique aux questions que soulèvent ces deux textes censés permettre aux Etats-Unis de lutter plus efficacement contre les atteintes au droit d'auteur constatées sur Internet.

Ces lois, si elles passaient, « compromettraient sérieusement l'Internet libre et ouvert, incluant Wikipedia », estime Sue Gardner. Elle explique en outre que si les articles de l'encyclopédie ont vocation à rester neutres et non politisés, l'existence même de Wikipedia pourrait être remise en question par ces deux projets, d'où cette prise de position. « La décision de fermer la version anglaise de Wikipedia n'émane pas de moi ; elle a été prise par les éditeurs, au travers d'un processus de décision ayant conduit à un consensus. Mais je la soutiens », indique-t-elle encore. Jimmy Walles, fondateur de l'encyclopédie, s'est lui aussi insurgé publiquement à plusieurs reprises contre les projets SOPA et PIPA. La version anglaise de Wikipedia recevrait chaque jour quelque 25 millions de visites selon ComScore.

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Rappelons que ces deux textes, soutenus par les industries de la musique et du cinéma, proposent de responsabiliser tous les acteurs impliqués dans la chaîne de diffusion des contenus sur Internet en cas de violation du droit d'auteur. Partant du principe qu'il est impossible d'agir contre un site situé hors du sol américain, ils suggèrent par exemple de forcer les éditeurs de site ou de moteurs de recherche à bloquer ou désindexer tout lien ou tout site conduisant vers des contenus contrefaits, sans recours à un juge. Si le principe est suivi à la lettre, Google, Facebook, Twitter, Reddit ou Wikipedia pourraient être bloqués aux Etats-Unis s'il est constaté qu'un de leurs utilisateurs a publié un lien « illégal ».

La plupart des grands acteurs du Web ont déjà publiquement pris parti contre ces deux projets, de Google à eBay en passant par Facebook, Zynga, Linkedin, Mozilla, Yahoo ou Twitter. Le site de partage d'informations Reddit a par exemple lui aussi annoncé un black-out pour la journée du 18 janvier. Tous dénoncent le risque que feraient courir de telles mesures, assimilées à une censure pure et simple, sur le développement de l'économie numérique. La Maison Blanche elle-même s'est jointe au mouvement. Une lettre ouverte, signée de trois de ses conseillers, souligne ainsi que « la tâche importante qui consiste à protéger la propriété intellectuelle en ligne ne doit pas menacer un Internet ouvert et innovant ».

Gary Shapiro, président de la puissante Consumer Electronics Association, a quant à lui profité de la tribune offerte par le CES de Las Vegas pour dénoncer les deux projets.

Cette contestation sans précédent a compromis le premier vote de la loi SOPA à la chambre des représentants. Après qu'elle a rejeté toute une série d'amendements visant à en réduire la portée, celle-ci a ajourné le vote le temps que le projet soit révisé. Pour l'instant, aucune date n'a encore été annoncée. « SOPA est loin d'être mort - juste en sommeil le temps qu'ils le révisent », estime Jimmy Walles sur Twitter, selon qui PIPA continue de toute façon à gagner du terrain au Congrès.

« L'Administration appelle toutes les parties à travailler ensemble pour adopter une législation saine qui fournisse aussi bien au ministère public qu'aux détenteurs de droits de nouveaux outils légaux pour combattre le piratage en ligne émanant de l'extérieur des frontières US tout en restant fidèle aux principes soulignés dans cette réponse », lancent quant à eux les représentants de la Maison Blanche.

La MPAA et la RIAA, qui représentent respectivement les industries américaines du cinéma et de la musique, maintiennent leur soutien aux deux textes et refusent les alternatives telles que le projet OPEN Act (Online Protection and Enforcement of Digital Trade Act), jugées trop modérées dans leur réponse aux problèmes posés par le piratage en ligne.

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Synthèse des trois projets évoqués selon Netcoalition, qui réunit les opposants à SOPA et PIPA
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