Dix millions par jour ! C'est le nombre de demandes de retrait DMCA auxquels Google doit faire face quotidiennement. Un chiffre démesuré, multiplié par 14 000 en l'espace de quinze ans, rien que ça.

En 2024, Google a franchi un cap historique en traitant 3,5 milliards de demandes de retrait DMCA (Digital Millennium Copyright Act) en un an, un chiffre sans précédent. Cette pluie de requêtes met en lumière l’ampleur du défi pour Google dans le respect des lois sur les droits d’auteur et le maintien de la qualité de son moteur de recherche.
Protection des droits d'auteurs : une lutte sans fin
Le piratage en ligne n'a cessé de croître au fil des années, et Google, en tant qu'acteur majeur du secteur numérique, joue un rôle clé dans la lutte contre ce phénomène. Quinze ans en arrière, l'entreprise traitait seulement 250 000 demandes de retrait DMCA par an ; aujourd'hui, ce chiffre dépasse les 3,5 milliards. Cette multiplication des demandes révèle non seulement la prolifération des contenus piratés, mais aussi la sophistication des méthodes utilisées par les opérateurs de sites pirates pour contourner les mesures de suppression.
Surtout, ce chiffre démontre la grande volonté des éditeurs et ayants droit. De grands groupes comme Penguin Random House, HarperCollins ou encore Simon & Schuster, épaulés par des entreprises spécialisées, sont responsables d'une majeure partie des demandes de retrait. Leur objectif : éradiquer les copies illégales de leurs œuvres, notamment sur des plateformes comme Z-Library ou Anna's Archive, des bibliothèques numériques en ligne qui abritent des millions de livres piratés. Un phénomène que l'on retrouve dans la plupart des secteurs touchés par le piratage. On le constate souvent du côté des retransmissions sportives, notamment du football, un secteur où les principaux acteurs accusent Google d'inaction.
Un phénomène "auto-alimenté" ?
Malgré les efforts de Google pour bloquer les sites et supprimer les contenus piratés, cette lutte prend l'aspect d'un combat sans fin. En effet, chaque mesure prise pour supprimer un site pirate génère souvent une réaction en chaîne : les opérateurs de ces sites adaptent rapidement leurs stratégies, en modifiant les URL ou en créant de nouveaux domaines pour contourner les restrictions. Un jeu du chat et de la souris qui est devenue monnaie courante, comme nous le constatons régulièrement en France lorsque de nouveaux sites pirates sont bloqués par les FAI.
L'ironie réside dans le fait que certaines des mesures anti-piratage mises en place par les autorités et les entreprises elles-mêmes finissent par nourrir cette dynamique. Le blocage de sites par les fournisseurs d'accès à Internet, par exemple, conduit souvent à la création de nouveaux domaines, ce qui multiplie le nombre de demandes de retrait. De même, les saisies de noms de domaine, comme celles opérées contre Z-Library, génèrent une multiplication des variantes de ces sites pirates, obligeant encore une fois Google à traiter un flot continu de nouvelles requêtes…
Source : Google Transparency Report, TorrentFreak