L'Assemblée nationale a adopté en première lecture une loi visant à protéger le droit à l'image des enfants, notamment vis-à-vis de leurs parents.
Le quotidien de jeune parent peut être riche en défis, en aventures et en situations cocasses. Alors, puisque nous sommes au XXIᵉ siècle, pourquoi ne pas partager cette vie avec les autres, que ce soit en groupe restreint ou en public ? Si la mise en avant des enfants sur les réseaux sociaux ne conduit pas toujours à des situations extrêmes de surexposition, les conséquences peuvent s'avérer lourdes pour eux à court et long terme. Dans sa volonté de protéger les plus jeunes des effets néfastes que le numérique peut parfois engendrer, l'État avance d'une seule voix.
Mettre en avant la responsabilité des parents
Cette nouvelle loi doit inscrire la notion de « vie privée » de l'enfant dans le Code civil, et plus particulièrement dans la définition de l'autorité parentale. L'objectif est de montrer aux mineurs que personne n'a un droit absolu sur leur image, mais également de responsabiliser les parents. Ceux-ci devront conjointement exercer le droit à l'image de leur enfant en tenant compte de son avis. En cas de désaccord, un juge pourra interdire la diffusion ou la publication de contenu. Et si la dignité de l'enfant est atteinte, le même juge pourra retirer le droit à l'image aux parents et le confier à un tiers.
Pour illustrer le bien-fondé de cette loi, les parlementaires et le gouvernement ont donné des chiffres qui font froid dans le dos. En moyenne, un enfant apparaîtrait « sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l’âge de 13 ans », ce qui constitue un sacré album photo, à la disposition de tous. Mais, plus encore, « la moitié des photographies qui s’échangent sur les forums pédopornographiques avaient été initialement publiées par les parents sur leurs réseaux sociaux ». De quoi mettre beaucoup de choses en perspective.
Des progrès en matière de protection de la santé numérique des plus jeunes
Cependant, les dommages ne s'arrêtent pas là. Les associations dénoncent les abus liés aux vlogs et aux comptes familiaux tenus par des parents qui peuvent exposer l'intimité de leurs enfants dans le but de susciter des likes et de générer des revenus publicitaires. Ceci peut avoir un impact négatif sur leur vie, soit sous forme de cyberharcèlement, soit en compromettant « leur crédibilité pour des candidatures scolaires ou professionnelles » futures, d’après le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
En 2020, l'État avait déjà adopté une loi sur les enfants influenceurs, dans le but d'encadrer leur temps de travail et les revenus générés par leur image, comme c'était déjà le cas dans l'industrie audiovisuelle. Et récemment, le gouvernement a annoncé l'arrivée d'un dispositif censé bloquer l'accès des mineurs aux sites pornographiques. Malgré les divergences politiques très fortes en France depuis plusieurs années, la santé numérique de nos chères petites têtes blondes semble (enfin) unanimement prise au sérieux par les élus, et cela a de quoi rassurer.
Sources : Franceinfo, Le Monde