Une série de mesures a été annoncée pour renforcer la réglementation de l'influence commerciale, notamment en matière de publicité et de pratiques frauduleuses.
Au niveau mondial, le marché des influenceurs devrait représenter 20 milliards de dollars en 2023, soit dix fois plus qu'en 2016. Face à la croissance du secteur, aux nombreuses plaintes pour escroquerie à l'encontre d'influenceurs, et à l'influence importante des réseaux sociaux sur les plus jeunes, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, met les choses au clair.
Les influenceurs soumis à la même réglementation que l'industrie publicitaire
Le statut d'influenceur est (enfin ?) défini juridiquement. Selon la nouvelle réglementation, est considérée comme exerçant une activité d'influence commerciale toute personne « créant et diffusant du contenu sur Internet à destination du public français pour promouvoir des produits ou des services en échange d'une rémunération ou d'un avantage en nature ». Cette définition concernerait actuellement environ 150 000 personnes en France.
Elles devront appliquer le code de la publicité et d'autres législations existantes, comme la loi Evin, pour certains produits tels que l'alcool, les cigarettes ou les paris en ligne. Les créateurs devront explicitement signaler quand les contenus présentent de tels produits ou services, ainsi que l'utilisation de filtres ou d'altérations visuelles dès lors qu'ils sont de nature esthétiques.
Sans s'arrêter là, le gouvernement prévoit aussi d'interdire la publicité pour la chirurgie esthétique et de limiter l'influence commerciale sur les produits et services crypto aux entreprises et associations disposant d'une licence. Coup dur supplémentaire pour les influenceurs NFT ?
Une approche qui ne réjouit pas tout le monde
Si ces mesures ne surprennent pas, les médias traditionnels étant soumis à la même réglementation depuis plusieurs années, la démarche n'en est pas moins inédite dans ce secteur. Bruno Le Maire explique que « C'est la première fois, en Europe, qu'un cadre complet de régulation des influenceurs va être mis en place », avant d’ajouter : « Ce plan est là pour soutenir et défendre les influenceurs, pas les stigmatiser. Il vise aussi à protéger les consommateurs ».
Mais patatras, tout le monde n'est pas du même avis. Dans Le Journal du dimanche, 150 créateurs de contenus ont déjà publié une tribune mettant en garde contre les dérives de cette mesure. Parmi eux, on retrouve Squeezie, Enjoy Phoenix, ou encore Amixem.
Ils craignent une réglementation qui compliquerait grandement leur activité, et porterait même atteinte, dans certains cas, à la liberté d'expression et d'information sur Internet. Le streamer Jean Massiet déclare que « Petit à petit, un Web citoyen à deux vitesses va se mettre en place, avec ceux qui ont un statut et ceux qui n’en ont pas ».
Une brigade de l'influence commerciale, composée d'une quinzaine d'agents, sera créée pour l'occasion. Elle sera placée sous la tutelle de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF pour les intimes) et sera chargée de la surveillance des réseaux sociaux. Plus encore, elle devra traiter les signalements d'utilisateurs ou de victimes d'abus. Nous leur souhaitons bon courage.
Source : Les Echos, Le Journal du Dimanche