© Lara Jameson / Pexels
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L'Empire du Milieu cherche à étendre encore davantage son contrôle sur les entreprises de la tech et sur leurs clients. Dernière mesure en date : les développeurs d'applications mobiles devront montrer patte blanche, ce qui n'arrangera ni les géants du secteur ni les plus petits développeurs.

On se demande toujours si le Parti communiste chinois peut aller encore plus loin dans la surveillance de ses citoyens. Mais, quel que soit le contexte, la réponse semble toujours être « oui », à croire que certains membres du Gouvernement sont vraiment fans de l'œuvre de George Orwell. Voire même un peu trop.

Avoir un pied en Chine, sinon rien

Le mois dernier, le gouvernement chinois avait annoncé une nouvelle réglementation concernant les applications mobiles. Celles-ci devront se conformer à de nouveaux critères et obligations, dont la divulgation d'informations plus précises sur leurs activités. Si officiellement, l'objectif est de lutter contre la fraude en ligne, il est évident que cela signifie aussi un contrôle accru sur le secteur.

Selon You Yunting, avocat basé à Shanghai, le but du gouvernement est d'avoir plus de capacité à approuver ou désapprouver les applications qui peuvent circuler sur son territoire. En somme, il s'agit de valider de manière systématique les développeurs qui se plient aux besoins du moment (et à l'idéologie) du Parti communiste chinois. Une démarche récemment observée avec le secteur de l'intelligence artificielle.

Pour ce faire, les autorités exigeront des développeurs qu'ils possèdent une société basée en Chine, ou bien qu'ils travaillent avec un éditeur local, pour ne citer qu'un exemple. Cela devrait permettre de saisir plus facilement les données des utilisateurs, et ce, dans un contexte légal bien établi.

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De nombreuses applications en péril

L'impact sur les développeurs, et notamment les plus petits d'entre eux, risque d'être assez important. Mais, ce sont surtout les entreprises étrangères qui auront plus de difficultés à pénétrer le marché chinois, Meta et X.com (ex-Twitter) en tête. Celles-ci sont, en effet, toujours présentes dans les boutiques d'applications locales, leur seul but étant d'être utilisées en dehors des frontières chinoises (ou par un VPN). La question est maintenant de savoir si, et comment, elles tenteront de se conformer aux nouvelles réglementations afin de pouvoir être téléchargeables. Et surtout, dans quelle mesure les données des utilisateurs pourront-elles être mises à disposition du gouvernement ?

Dans tous les cas, les entreprises auront jusqu'au 31 mars 2024 pour effectuer la transition, après quoi les sanctions devraient rapidement tomber. Cependant, les éditeurs de boutiques d'applications comme Tencent, Huawei, Xiaomi (qui propose un nouveau smartphone pliable) et OPPO n'ont pas l'intention d'attendre cette date, et ont déclaré qu'ils excluraient de leurs plateformes les nouvelles applications qui seraient dépourvues des informations nécessaires. Seul grand acteur concerné à rester silencieux sur le sujet, Apple n'aurait pas encore amorcé le contrôle du dépôt des applications sur son App Store. L'année 2024 n'a pas encore commencé qu'elle s'annonce déjà… intéressante.

Source : Reuters