Après une année 2018 marquée par la méfiance appuyée de Washington à l'égard de plusieurs multinationales chinoises, dont Huawei, Donald Trump pourrait signer l'executive order bannissant le géant chinois des réseaux américains dès cette semaine, nous dit Politico. Une décision qui interviendrait par conséquent moins de deux semaines avant le coup d'envoi du MWC 2019, événement majeur dans le monde de la téléphonie mobile et des télécoms.
"De grands efforts sont déployés pour que l'ordre exécutif soit signé avant le MWC". C'est en ces termes qu'une source anonyme de Politico, proche de l'administration, a décrit la situation en cours à Washington, alors que Donald Trump fait de son opposition économique à la Chine l'un des axes primordiaux de sa présidence. Exclure officiellement Huawei des infrastructures télécoms américaines serait par ailleurs un moyen pour le locataire de la Maison-Blanche, et ses proches conseillers, d'envoyer un message fort à l'industrie télécom dans sa globalité.
De l'importance du timing... et de montrer la voie
Au-delà du signal que la signature de ce traité pourrait envoyer aux acteurs clés du secteur, bientôt rassemblés à l'occasion du prochain MWC, c'est le leadership économique et politique des États-Unis que Donald Trump chercherait également à consolider - ou à rétablir - auprès de ses partenaires européens alors que la prépondérance de Huawei sur le vieux continent s'accentue d'année en année."C'est maintenant que les contrats sont signés", note la source de Politico. "Un signal supplémentaire (à l'encontre des géants chinois des télécoms, comme Huawei ou ZTE, NDLR) pourrait faire évoluer la situation dans d'autres pays sur cette décision majeure", poursuit-il.
Paul Triolo, consultant pour l'Eurasia Group, analyse lui aussi la signature de cet executive order comme comme un enjeu de tout premier ordre en termes de politique extérieure. "Nous allons demander à des personnes de faire des choses, mais aux États-Unis, l'environnement légal et les autorités ne se sont pas encore vraiment mis d'accord sur la question (...). Il y a donc beaucoup de pression actuellement pour que cet ordre exécutif soit signé" dans les meilleurs délais, indique-t-il.
"Atténuer les risques liés au déploiement de la 5G"
Contactée par Politico, la Maison-Blanche n'a pas tenu à faire de commentaire, contrairement à Garrett Marquis, porte-parole du Conseil américain de sécurité nationale. "Le gouvernement travaille avec nos alliés et partenaires de même sensibilité pour atténuer les risques liés au déploiement de la 5G et d'autres infrastructures de télécommunication" a-t-il pour sa part précisé.Le Département d'Etat, suit cette même logique, lit-on dans l'article de Politico. "Nous élevons ce débat aux plus hauts niveaux diplomatiques", explique ainsi Rob Strayer. "Nous voulons nous assurer qu'un maximum de décideurs politiques (...) soit pleinement conscient le l'importance considérable de ce dossier et de ce qui est en jeu dans la décision qu'ils s'apprêtent à prendre".
Pendant ce temps, et d'un point de vue plus commercial, le message adressé à l'Europe serait de temporiser. "Allez-y doucement. Il n'y a nul besoin de foncer tête baissée. Nous devons réfléchir à comment procéder", a déclaré une source proche de l'industrie télécom, également contactée par Politico, en évoquant le cas européen.
Enjeu géopolitique d'ampleur, le développement de la 5G à l'échelle mondiale pousse le gouvernement Trump a considérer toutes les cartes qu'il a en main... même les plus radicales lorsqu'il s'agit de faire impression. On apprend par exemple que Mike Pompeo - lui-même - aurait fut un temps prévu de se rendre sur le MWC pour y appuyer la cause américaine. Une chose est certaine, le MWC revêtira cette année une dimension politique rarement égalée.