Bonjour Eric Gueilhers, pouvez-vous nous présenter myThings en quelques mots ?
Il s'agit d'une société fondée en 2005 en Israël, spécialisée dans le ciblage et le reciblage d'audience afin de générer des ventes incrémentales pour nos annonceurs. Nous avons un parcours d'ailleurs assez proche de Criteo, qui a été fondé à la même période. Nous disposons de notre propre technologie et de nos algorithmes développés dans notre centre de recherche et développement à Tel Aviv. Nous avons deux datacenters aux États-Unis et en Europe.
Quelle est la taille de la société ? Et quelle est votre place sur le marché ?
Nous employons au total 200 personnes dans le monde, dont 90 dans le centre de R&D. Nous avons 15 bureaux ce qui nous permet d'être positionné sur 30 marchés. Comme la société a été créée en Israël, nous nous sommes d'abord tournés vers l'Europe. Depuis le début 2012 nous nous développons aux États-Unis où nous avons ouvert deux bureaux et le pays est déjà devenu notre deuxième marché.
En Europe nous nous plaçons comme deuxième acheteur d'enchères en temps réel (RTB), nous sommes deuxième derrière Criteo, probablement à égalité avec Sociomantic Labs. Nous travaillons avec 14 AdExchanges dont DoubleCkick de Google, AppNexus ou encore Facebook Exchange. Notre chiffre d'affaires 2013 atteindra les 70 millions de dollars contre 50 millions en 2012 et 25 millions en 2011.
Pouvez-vous en dire un peu plus sur votre technologie ?
Nous suivons les internautes de manière anonyme via les cookies tiers, ce qui correspond à une base de 280 millions de cookies actifs. Chacun d'entre eux est noté selon son potentiel d'achat - car nous nous focalisons essentiellement sur la conversion. Selon le niveau du panier moyen de l'internaute, la durée qu'il a mis pour transformer sa visite en achat et d'autres paramètres, l'algorithme définit une note.
Cela va permettre d'affiner le reciblage pour les annonceurs. Nous recevons 7 milliards de requêtes RTB par jour et imprimons 5 milliards de bannières par mois. Chacune est personnalisée bien sûr. Nous proposons même des mini sites e-commerce pouvant s'incruster sur un pre-roll de vidéo. D'un outil de notoriété très large, on remonte rapidement le tunnel pour proposer un outil d'acquisition client.
Le reciblage repose principalement sur l'utilisation des cookies. Et s'ils disparaissaient ?
Il existe en effet un débat autour des cookies. Il s'agit de toute façon d'une technologie qui est amenée à évoluer car à l'heure actuelle il se limite à chaque navigateur. Cela pose problème dans le suivi d'une personne lorsqu'elle passe d'un navigateur à un autre. Et je ne parle même pas du mobile. C'est pourquoi myThings travaille sur des outils de tracking multi-terminaux pour retrouver l'internaute partout.
Au-delà des cookies, nous pouvons utiliser les données de Facebook et des Web mails. Nous adressons aussi les problématiques du commerce physique car nous intégrons les données CRM des marchands.
Justement, qu'en est-il du reciblage publicitaire sur mobile aujourd'hui ? Où en êtes-vous ?
Nous devons recouper les informations des différents terminaux. Actuellement on sait faire du retargeting sur mobile mais c'est lorsqu'il s'agit de lier les données avec le Web que c'est compliqué. La limite sur mobile est qu'il n'y a pas vraiment d'AdExchange. La publicité y est gérée comme il y a dix ans. Nous pensons que myThings résoudra le problème en 2014 mais cela demande beaucoup de R&D.
Ce que l'on observe également c'est que 80% des achats encore se font depuis un ordinateur. Le commerce mobile progresse mais reste minoritaire. La vente de mots clés sur mobile est donc moins chère car les ventes n'y sont pas réalisées, elles ne sont pas suffisamment attribuées à ce canal.
Comment voyez-vous évoluer le secteur du retargeting alors que Criteo va entrer au Nasdaq ?
Nous sommes en face d'AdExchanges globaux comme Google, Facebook ou AppNexus. De l'autre côté, si un retargeter n'est pas branché sur tous ces AdExchanges, il est hors du coup. Nous sommes dans une industrie qui consomme beaucoup de cash. Criteo a dû lever 30 millions d'euros pour s'installer au Japon.
Nous, nous avons levé 15 millions de dollars en 2012 pour nous étendre aux États-Unis et au Japon. La France seule ne suffit pas pour financer le secteur. Je pense que le secteur va se consolider.
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