Raspberry Pi 400

En août 2019, la fondation Raspberry Pi avait surpris son monde en commercialisant, sans avoir vraiment communiqué dessus, le Raspberry Pi 4 Model B. Il y a quelques semaines, les Britanniques ont fait encore plus étonnant avec une espèce de revival des ordinateurs personnels des années 80-90. Un ordinateur Raspberry Pi tout intégré reprenant la forme d’un A500 ou d’un 520ST, ça vous dit ?

Pi 4B, Compute Model 4, la famille s’agrandit

Il n’est pas question de refaire ici l’historique de la gamme Raspberry Pi. Disons simplement qu’elle prend sa source dans la volonté de David Braben et de quelques autres de concevoir des solutions simples et accessibles afin de promouvoir la programmation dans les écoles. À partir de mars 2012, plusieurs modèles de Raspberry se sont ainsi succédé jusqu’à la sortie en août 2019 donc, des trois versions du Raspberry Pi 4 Model B, en 1, 2 ou 4 Go de mémoire vive.

L’idée était alors de « franchir un palier » en boostant nettement les performances après de timides évolutions sur la gamme précédente. Ainsi, le CPU, un Broadcom BCM2711, était doté de quatre cœurs ARM Cortex-A72, bien plus puissants que les Cortex-A53 du Pi 3B+. De son côté, la fréquence de fonctionnement augmentait légèrement (+ 100 MHz) pour atteindre 1,5 GHz. Par ailleurs, l’USB 3.0 faisait son entrée et l’unique HDMI était remplacé par deux micro-HDMI.

Pi 4 Model B : le plus puissant des Raspberry... jusqu'à maintenant ! © Fondation Raspberry Pi
Pi 4 Model B : le plus puissant des Raspberry... jusqu'à maintenant ! © Fondation Raspberry Pi

Le Raspberry Pi 4B est plus puissant, mais aussi plus flexible que ses ancêtres. Problème, il chauffe aussi sensiblement plus. La fondation n’avait semble-t-il pas anticipé que les utilisateurs seraient à ce point intéressés par le surcroît de puissance et si en usage « basique », l’échauffement ne pose pas de problème, il en va bien autrement pour de nombreux amateurs qui ne peuvent se rabattre sur les accessoires officiels : ces derniers n’ont pas évolué depuis le Pi 3B+.

Sans surprise, le problème se retrouve à l’identique lorsque, à l’automne 2020, la fondation Rapsberry Pi lance le Compute Model 4 pour étendre la gamme. Le principe des Compute Model est, à chaque fois, de reprendre les avancées des Pi Model B pour les intégrer sur un PCB bien plus compact destiné à l’industrie… et ça joue pour le Compute Model 4 qui n’est pas destiné à être utilisé seul. Ce faisant, la question de l’échauffement n’est plus un problème.

Une bien jolie petite machine © Nerces pour Clubic

Fiche technique du Raspberry Pi 400

De manière assez surprenante donc, la fondation Raspberry Pi a décidé de compléter sa nouvelle gamme avec une machine que l’on peut rapprocher des ordinateurs personnels des années 80-90. Le Raspberry Pi 400 n’existe toutefois qu’en une seule version - seul le bundle est en deux variantes - tandis que le Pi 4 Model B dispose de plusieurs déclinaisons en fonction de la quantité de mémoire vive souhaitée.

Le Raspberry Pi 400, c’est :

  • Processeur : Broadcom BCM2711, 4 cœurs ARM Cortex-A72 @ 1,8 GHz
  • Solution graphique : Broadcom VideoCore VI
  • Mémoire vive : 4 Go de LPDDR4-3200 SDRAM, non extensible
  • Stockage interne : lecteur de cartes microSD
  • Réseau : 1x RJ45 Ethernet Gigabit, Wi-Fi 802.11 ac, Bluetooth 5.0 BLE
  • Connectique : 1x USB-A 2.0, 2x USB-A 3.0, 1x USB-C (alimentation), 2x micro-HDMI, General Purpose Input/Output (GPIO) 40 broches
  • Clavier : modèle chiclet intégré de 79 touches
  • Dimensions : 286 x 122 x 23,7 millimètres
  • Poids : 385 grammes
  • Coloris : blanc avec dessous rose
  • Garantie : 2 ans
  • Prix et disponibilité : déjà disponible à 74,50 euros (version « nue ») ou 106,50 euros (kit desktop)

Il est donc impossible d'opter pour une mouture « minimaliste » du Pi 400 que l'on aurait imaginé dotée de seulement 2 Go de mémoire. De la même manière, aucune déclinaison n’est proposée avec 8 Go de RAM et aucune extension mémoire n'est envisageable. En revanche, deux bundles sont donc proposés : le moins coûteux se limite au seul Pi 400 « nu » et un kit complet destiné à un usage bureautique est disponible. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

Le clavier chiclet est agréable à utiliser
© Nerces pour Clubic

Un revival « Amiga 520 ST64 + »

Sans doute au sein de la fondation Raspberry retrouve-t-on des nostalgiques de la glorieuse époque des « ordinateurs personnels » bon marché que pouvaient être les Amstrad CPC, Commodore 64 et autres Amiga / Atari ST. Sans doute aussi, les responsables de la fondation se sont-ils dit qu’il était intéressant de proposer un produit « tout-en-un » capable d’aller un peu plus loin encore dans l’idée de vulgariser l’outil informatique et la programmation.

Au sortir du carton, on se retrouve donc avec ce qui ressemble fort à un « bête » clavier. En réalité, il est amusant de comparer le clavier officiel de la fondation Raspberry Pi avec ce nouveau Raspberry Pi 400… et de chercher les différences. Des différences que l’on retrouve en réalité sur la face avant du produit – au niveau des connecteurs donc – et, bien sûr, dès lors que l’on se permet d’ouvrir la bête afin de vérifier ce qu’elle a dans le ventre.

Bien malin qui, au premier coup d'oeil, peut distinguer le Pi 400 du clavier Pi officiel © Nerces pour Clubic

Là, on se rend compte que la fondation Raspberry n’a pas simplement intégré un Pi 4B dans le clavier officiel. Non, une nouvelle carte mère a été dessinée afin de l’adapter au format du clavier. Elle est donc tout en longueur de sorte que les connecteurs se trouvent alignés à l’extérieur du boîtier. Des connecteurs pour ainsi dire identiques à ceux du Pi 4B si ce n’est la perte d’un port USB 2.0, utilisé en interne pour le clavier, et des connecteurs CSI / DSI qui n’auraient guère été pratiques. Plus regrettable, le PoE n'est plus au menu.

Notons en revanche et vous l’aurez remarqué sur notre fiche technique, que le GPIO est toujours de la partie. Il est d’ailleurs plutôt bien disposé et aisément accessible, même si plusieurs passionnés ont déjà conçu des accessoires pour le rendre encore plus pratique d’utilisation. Par ailleurs, le reste des composants est pour ainsi dire identique à ce que nous trouvions dans le Pi 4B : le SoC, les USB, le Wi-Fi, le Bluetooth ou la RAM sont globalement les mêmes.

L'espace pour les ports USB est restreint, alors que le GPIO reste accessible © Nerces pour Clubic

Une solution de bureautique intégrée

Nous l’avons dit, la fondation Raspberry distribue son Pi 400 de deux manières : « nu » ou complet « prêt à l’emploi ». C’est cette seconde version que nous avons testée car elle colle davantage aux objectifs de ce nouveau Pi. En ouvrant le carton du kit desktop, on retrouve tout ce qu’il faut pour se lancer dans l’informatique. Il y a bien sûr le « clavier », mais aussi la souris officielle Raspberry, la brique d’alimentation officielle et une carte microSD 16 Go avec Raspberry Pi OS préinstallé.

Pour la forme, un minuscule regret car le kit dekstop n’est livré qu’avec un câble microHDMI quand il était distribué avec deux cordons à la sortie du Pi 4B. En revanche, nous ne louerons jamais assez la présence du très bon guide officiel du débutant Raspberry Pi rédigé par Gareth Halfacree… et intégralement en français ! Il s’agit d’une mine d’informations pour prendre en main et creuser les possibilités qu’offre cette plateforme d’autant que le guide a été mis à jour pour le Pi 400.

Livré avec le kit desktop, le guide officiel du débutant est une mine © Fondation Raspberry Pi

De fait, il suffit de faire un peu de place sur le bureau, de trouver un écran HDMI « pas trop pourri » et de connecter ce petit monde pour se lancer. Alimentation, souris et écran viennent se brancher sur le Pi 400… comme on pouvait le faire du temps de l’Amiga. Simple et pratique. Notons toutefois un petit souci : les câbles prévus sont plutôt courts et il vous faudra bien organiser les choses pour manipuler confortablement le Pi 400 sans avoir l’impression que tout est « ric rac ».

Attention, le Pi 400 ne dispose toujours pas de bouton de mise sous tension et dès lors que vous le brancherez, il se mettra en route. Il existe bien deux raccourcis (F10 / Fn+F10) pour l’allumer / l’éteindre, mais ce n’est pas la panacée. Dommage. Reste que quelques dizaines de secondes après le branchement – pourvu que la microSD soit bien dans son emplacement – et vous serez sur le bureau de Raspberry OS, fin prêts pour les ultimes étapes de configuration.

Pimiga en version 1.4 sur le Raspberry Pi 400 © Chris Edwards

Pimiga, une solution pour les nostalgiques

Nous ne reviendrons pas dans cet article sur le rétrogaming comme nous avions pu le faire au moment de tester le Pi 4B. Disons simplement que, sans surprise, le Pi 400 est encore un peu plus capable que son ainé en la matière et que des plateformes un peu « limites » sur le Pi 4B profiteront évidemment des 300 MHz de plus… d’autant que l’overclocking est davantage envisageable, mais nous reviendrons sur la question thermique un peu plus tard.

Non, nous voulions simplement faire ici un aparté sur un « tout en un » qui devrait ravir les amateurs nostalgiques. En effet, un passionné a concocté une image-disque Workbench pour tous les fans de l’Amiga. Le système est modernisé, mais on y retrouve tout ce qui faisait le charme de cette machine unique. En 15 Go de données, il a tout rassemblé avec un niveau de finition remarquable pour donner un côté « Amiga 2021 » à ce Pi 400. Merci M. Chris Edwards.

Chris Edwards présente la dernière version - 1.4 - du projet Pimiga

Raspberry Pi OS, un Linux à destination du Pi 400

Afin de parfaire le côté « prêt à l’emploi » de son Pi 400, la fondation Raspberry privilégie logiquement le système d’exploitation qu’elle développe depuis déjà quelques temps pour ses nano-ordinateurs. Autrefois connu sous le nom de Raspbian, Raspberry Pi OS est une distribution gratuite basée sur la Debian. Elle est livrée avec tous les outils nécessaires pour un usage bureautique plutôt « classique » et il reste bien sûr possible de lui ajouter divers logiciels.

Au premier lancement, nous l’avons dit, les dernières étapes de configuration sont encore à réaliser. Il nous est demandé notre pays de résidence ainsi que la disposition du clavier et le fuseau horaire. Ensuite, Raspberry Pi OS se met à jour… pourvu qu’une connexion Internet soit active. Rien à dire, la simplicité de mise en œuvre est parfaite et même un néophyte complet se retrouvera devant un bureau parfaitement fonctionnel en quelques clics.

L'OS rassemble de base quantités d'outils © Fondation Raspberry Pi

« Parfaitement fonctionnel » ne veut toutefois pas dire « confortablement fonctionnel » et il ne faut pas oublier ce que la machine a dans le ventre : un SoC ARM à tout petit prix qui ne saurait donc se mesurer aux plus faibles des Core / Ryzen auxquels vous êtes peut-être habitués. Ainsi, prenons l’exemple du passage d’une vidéo en plein écran et de son retour en fenêtré : sur un PC « standard », cela se fait en un battement de paupière, on peut ici compter les 2-3 secondes que peut prendre une telle opération… et le reste est à l’avenant.

Sans qu’il y ait matière à l’exaspération, la moindre manipulation impose un peu de patience. Pour autant, nous avons pu écrire plusieurs de nos articles via l’outil de traitement de texte et le tableur de la suite LibreOffice se montre agréable à utiliser. Le surf sur le Web ne pose aucun problème particulier… même si les vidéos 4K @ 60 ips de Youtube ne passeront pas. Il nous impose de prendre davantage notre temps, mais le Pi 400 est un ordinateur personnel tout à fait capable.

Le Pi 400 complètement « déshabillé » © Nerces pour Clubic

Plus puissant et moins chaud qu’un Pi 4B

Techniquement parlant, les différences entre le Pi 400 et son ainé, le Pi 4B sont donc pour le moins sommaires. Toutefois, il était intéressant de voir l'impact de ces quelques centaines de MHz en plus et de vérifier leur impact sur l'échauffement d'une machine critiquée sur ce point. Nous n'allons pas vous noyer sous les mesures.

Pour ce premier test, nous avons repris l'idée de Wayne sur Devscover, à savoir demander aux Pi de calculer les 10 000 premières décimales de π afin de déterminer qui du Pi 400 ou du Pi 4B est le plus rapide. Le résultat est exprimé en secondes et c'est donc le plus petit score qui l'emporte.

Un résultat finalement sans grande surprise. Avec un tout peu plus de trois minutes, le Pi 400 est sensiblement plus rapide que le Pi 4B, mais c'est surtout l'écart qui est intéressant : en effet, le Pi 400 est plus ou moins 20% plus rapide que le Pi 4B or sa fréquence est 20% plus élevée. CQFD.

© Gareth Halfacree

Nous vous présentons ensuite les mesures réalisées sur Hackster.io par Gareth Halfacree, l'auteur du guide officiel du débutant Raspberry Pi. Il a utilisé le Speedometer 2.0 Browser Benchmark pour une autre perception des performances de chacun des membres de la famille Raspberry.

Les premiers modèles sont évidemment à la traîne, mais il est surtout intéressant de noter combien le Pi 4B a permis de réaliser un prodigieux bond. Le Compute Model 4 est un chouia en retrait et le Pi 400 se montre un peu plus puissant sans toutefois que l'écart ne soit énorme.

© Gareth Halfacree
© Gareth Halfacree

Lors du test du Pi 4B, nous regrettions ses montées en température. La question était donc de voir si le Pi 400 - malgré ses 300 MHz de plus - allait résoudre le problème. C'est oui : au plus chaud, il n'a jamais dépassé les 57°C et au repos, il se stabilise autour de 27-28°C.

Gareth Halfacree est l'auteur des deux graphiques ci-dessus qui mettent bien en évidence la différence de comportement entre les deux Pi. À 1,5 GHz, le Pi 4B atteint et dépasse même les 80°C en l'espace de quelques dizaines de secondes entraînant un throttling immédiat, synonyme de performances en baisse.

Comme vous pouvez le voir sur le second graphique, le Pi 400 est bien plus à son aise. Malgré sa fréquence de 1,8 GHz, il n'atteint jamais les 60°C. Aucun effet de throttling n'est perceptible et la fréquence reste à sa valeur normale tant que la machine en a besoin pour ses travaux.

Zoom sur la version 8 Go du Pi 4 Model B © Fondation Raspberry Pi

Le cas du Raspberry Pi 4 Model B 8 Go

Sortie au cours du premier semestre 2020, une version du Pi 4B dotée de 8 Go de mémoire vive est venue prendre la place de la mouture 1 Go dont la production a été stoppée. Nous n’avons jamais eu le temps de vous en proposer le test, mais alors que le Pi 400 se contente lui de « seulement » 4 Go de mémoire vive sans qu’il soit possible de l’étendre, se pose la question de l’intérêt de ces mégaoctets supplémentaires.

Nous n’irons pas par quatre chemins et à moins d’avoir en tête des usages très spécifiques, notre réponse est non. Clairement, non. Sans surprise, le Pi 4B avec 8 Go ne calcule pas plus rapidement et ne permet pas de gagner du temps sur les filtres GIMP. Le chargement de Raspberry Pi OS est même un chouia moins rapide sur notre Pi 4B 8 Go. Vous penserez sans doute à d’autres usages, mais à part vouloir faire de votre Pi un serveur de fichiers, les cas seront rares où le Pi 4B 8 Go sera décisif.

© Fondation Raspberry Pi

Raspberry Pi 400 : l’avis de Clubic