Lancée il y a deux ans de cela, la gamme « Magic » est l’occasion pour devolo d’innover sur un marché en apparence très conformiste. L’Allemand a effectivement décidé de marier CPL et WiFi pour aboutir à une solution hybride censée réunir le meilleur des mondes. Nous avons pu poser nos pattes sur le modèle le plus ambitieux de la nouvelle gamme, le Magic 2 WiFi next. Alors attrape-nigauds ou vraie bonne idée ?
Incontestable leader sur le marché de la communication par courants porteurs en ligne (ou CPL pour les intimes), devolo a célébré en mai dernier ses 18 ans. La majorité donc pour une firme qui cherche depuis deux ans maintenant à sortir de cette espèce de « niche CPL ». Devolo n’est pas aveugle et il sent bien que l’heure est aujourd’hui aux réseaux sans-fil, WiFi en tête. La gamme Magic 2 WiFi next se propose donc d’exploiter le CPL de nos habitations pour servir de base à la création d’un vaste maillage sans fil à travers toute la maison. Oui, devolo s’est laissé convaincre par les atouts du mesh.
Fiche technique du devolo Magic 2 WiFi next
Comme à son habitude, devolo ne propose pas qu’un seul produit. Sa gamme Magic 2 WiFi next s’articule donc autour de modules que l’on retrouve à travers différentes configurations. Il y a d’un côté le module baptisé « Magic 2 LAN » qui apporte le CPL et de l’autre le module « Magic 2 WiFi » qui vient compléter la chose avec du WiFi mesh. Ensuite, toutes les fantaisies existent depuis l’achat de modules individuels jusqu’au Multiroom Kit, un pack complet avec 1x CPL et 2x CPL/WiFi.
Le devolo Magic 2 WiFi next, c’est :
- Débits théoriques : 1000 Mbps (LAN), 2400 Mbps (CPL), 1167 Mbps (WiFi)
- Normes : G.hn (CPL) et IEEE 802.11ac (WiFi 5)
- WiFi mesh : Oui
- Nombre de modules : 1 borne CPL, 1 ou 2 voire 3 bornes CPL/WiFi
- Ports Ethernet : 2xLAN (borne CPL/WiFi) ou 1xWAN (borne CPL)
- Autre connectique : Non
- Dimensions : 152 x 76 x 40 mm (borne CPL/WiFi) ou 130 x 66 x 42 (borne CPL)
- Poids : 360 grammes (borne CPL/WiFi) ou 265 grammes (borne CPL)
- Ventilation : Non
- Garantie : 3 ans
- Prix et disponibilité : déjà disponible, à 199,99 € pour le Starter Kit (1 CPL + 1 CPL/WiFi) ou 299,99 € pour le Multiroom Kit (1 CPL + 2 CPL/WiFi)
Rien qu’en jetant un coup d’œil à sa fiche technique, vous aurez compris que le Magic 2 WiFi next n’a guère de concurrent… en dehors des précédents modèles de la gamme. Il sera donc difficile de comparer les spécifications avancées par devolo à quelque chose que nous aurions déjà testé dans nos colonnes. On notera tout de même que pour du matériel estampillé « 2020 », il est dommage de se contenter de WiFi 5, même si ce n’est sans doute pas très important au final.
Jusqu’à trois modules à installer
Vous l’aurez sans doute déjà compris en jetant un œil aux différentes photos qui illustrent l’article, devolo reprend la conception par modules de ses précédents kits. Qu’il s’agisse de notre Multiroom Kit ou du plus modeste Starter Kit, on retrouve au moins un module baptisé « Magic 2 LAN » par devolo et un ou deux modules « Magic 2 WiFi ». Le premier est un produit strictement CPL et il faut comprendre qu’en lui-même, il ne diffuse aucune communication WiFi. Il a pour vocation à se retrouver à proximité de votre box Internet, de lui être connecté en Ethernet et de propager sa connexion Internet à l’ensemble de la maison via le réseau électrique existant.
Ce module exclusivement CPL est plus compact et plus léger que les deux autres. Il a le bon goût de pouvoir être orienté vers le haut ou vers le bas, devolo ayant prévu deux prises de terre. Notez qu’il doit impérativement être branché à une prise murale qu’il ne condamnera d’ailleurs pas puisque, comme c’est une habitude aujourd’hui, le module dispose de sa propre prise de courant sur le dessus. Celle-ci pourra accueillir une multiprise. Le module CPL est redoutable de simplicité : une seule prise Ethernet – pour la box – et une seule LED pour vérifier son état. En cas de problème d’appairage, un seul bouton, discrètement placé sur le côté du module.
Ensuite, nous retrouvons donc les fameux « Magic 2 WiFi », deux dans notre cas. Un peu plus longs, un peu plus larges, ils sont sensiblement plus lourds que le « Magic 2 LAN ». Ils sont aussi plus complexes quoique leur fonctionnement reste simplissime. Branchés sur une prise murale – qu’ils ne condamnent pas plus – ils reçoivent la connexion Internet via le CPL. Deux ports Ethernet permettent d’y brancher des appareils en filaire, mais c’est surtout leur émetteur WiFi qui distingue les « Magic 2 WiFi ». En effet, ces modules sont capables de propager le WiFi de la box de sorte que l’ensemble de la maison est couvert de manière « transparente ».
Dans une petite maison, on se contentera du Starter Kit et de son unique module « Magic 2 WiFi ». Devolo estime que cela suffit pour un logement d’environ 90 m². Pour une maison plus vaste, le Multiroom Kit sera indiqué, sachant qu’il est possible d’ajouter d’autres « Magic 2 WiFi » et de les associer comme sur n’importe quelle solution WiFi mesh. Directement branchés sur des prises de courant, les modules n’ont évidemment pas besoin de brique d’alimentation et le carton devolo s’en trouve allégé. En revanche, nous sommes un peu déçus de voir que le constructeur n’a jugé bon de livrer qu'un seul câble Ethernet, à relier à la box.
Installation simplissime, paramétrage imparfait
Depuis déjà plusieurs années, devolo fait reposer une bonne part de son succès sur la simplicité de déploiement des modules CPL qu’il oppose au paramétrage complexe des solutions WiFi. Puisqu’il commercialise maintenant des produits WiFi, cette stratégie n’est plus de mise. Il nous faut de toute façon reconnaître que le WiFi est bien plus simple à déployer qu’autre fois et les différents package mesh que nous avons pu tester sur Clubic en témoignent. Pour installer le Magic 2 WiFi next, il faut d’abord se saisir des modules « Magic 2 » et les bancher l’un après l’autre à leur prise murale. Quelques clignotements de LED plus tard, ils sont opérationnels.
Il est alors possible d’installer le troisième module, le CPL, que l’on relie à la box Internet (via le câble RJ45) avant de le fixer à sa prise murale. Là, devolo nous dit que tout se configure tout seul sans qu’il soit nécessaire de toucher à quoi que ce soit. Le constructeur parle de laisser le réseau se mettre en place pendant quelques dizaines de secondes, voire deux ou trois minutes. Dans certains cas hélas, les choses ne se passent pas aussi bien. Si c’est l’appairage entre les deux « Magic 2 » qui a échoué, il suffit d’appuyer sur le bouton dédié du premier module et, dans les deux minutes, sur celui du second module pour que tout rentre dans l’ordre.
En revanche, si le problème est lié à l’appairage avec le module CPL, c’est sur ce dernier qu’il faut recherche le bouton de réinitialisation pour que le réseau achève sa configuration. Hélas, certains utilisateurs auront des problèmes plus importants liés à des contraintes particulières de leur réseau électrique, mais nous aurons l’occasion d’y revenir. En attendant, pour vérifier que tout fonctionne correctement, il est intéressant d’installer – au choix – l’application Home Network proposée sur smartphone ou le logiciel devolo Cockpit que le fabricant a le bon goût de proposer en version Windows, mais aussi Mac OS et Linux. Ce n’est pas si fréquent.
Au lancement, devolo Cockpit vérifie qu’il n’existe pas de mise à jour de micrologiciel pour les différents modules présents sur le réseau et, le cas échéant, en propose l’installation. Le principal écran du logiciel est une espèce de représentation très schématique du réseau avec – au centre – le module sur lequel est connecté votre ordinateur. Devolo présente une estimation des débits entre ce module et les autres de notre réseau… avec parfois de quoi déchanter. Nous aurons l’occasion d’y revenir bien sûr, mais d’emblée on peut être très surpris de voir des débits particulièrement éloignés des informations théoriques affichées sur la boîte par devolo.
En lui-même, devolo Cockpit ne dispose que de très peu d’options : on peut sélectionner chacun des modules pour changer son nom et les repérer plus facilement. On peut aussi les supprimer du réseau, mais surtout accéder à leur panneau de configuration. Là, notre navigateur Web est lancé automatiquement et on retrouve quelque chose d’un peu plus complet avec des informations sur le statut des différentes connexions selon que le WiFi soit ou non opérationnel et que le module soit ou non connecté en Ethernet. Parmi ces informations générales, on retrouve aussi l’IP du module et des précisions sur son « état de santé » (température notamment).
L’outil permet surtout d’aller plus loin dans le paramétrage… même si les néophytes seront ravis de ne pas avoir à « mettre les mains dans le cambouis ». De base, le CPL / WiFi est fonctionnel, mais on apprécie qu’il soit possible de jouer avec le planificateur pour, par exemple, désactiver le WiFi à certains moments de la journée. En revanche, difficile d’être satisfait par ce que devolo ose appeler un « contrôle parental ». Il y a certes moyen de définir des plages d’inactivité réseau en fonction de l’adresse MAC, mais c’est tout ! Impossible d’ajuster le débit de la connexion, de mettre en place des quotas ou d’interdire certains types de sites comme c’est généralement le cas.
On aurait aussi aimé que, par défaut, devolo ait opté pour un seul SSID pour l’ensemble du mesh WiFi. Dans notre cas, l’un des deux modules « Magic 2 » avait un SSID et le second en avait un différent : notre tablette devait donc retenir deux SSID et deux mots de passe pour ce qui n’est, en principe, qu’un seul et même réseau. Il est assez simple de cloner le réseau du premier pour éviter ce désagrément, mais les néophytes n’ont pas besoin de cette étape supplémentaire. Il est d’ailleurs intéressant de noter que toutes les options disponibles, tous les réglages accessibles via l’interface Web le sont aussi depuis l’application smartphone.
Joliment présentée, celle-ci est plutôt claire et globalement très lisible. « Globalement » car sur certaines fonctions devolo n’a pas dû tester son application : les fenêtres sont bien trop petites, les options sont tronquées, c’est notamment le cas pour le pseudo contrôle parental. Le second reproche que nous émettrons à l’encontre de l’application smartphone : sa relative lenteur, le rafraîchissement des informations prend bien plus de temps que sur l’interface Web. Rien de catastrophique, mais quand on veut juste régler un détail, ça agace.
Couverture étendue, débits faibles en WiFi
L’intérêt premier du CPL est de profiter du réseau électrique de la maison pour diffuser la connexion Internet filaire. Devolo a bien compris que de plus en plus d’utilisateurs veulent profiter du sans-fil via leur smartphone, leur tablette ou des appareils plus exotiques, dans la cuisine par exemple. À ce petit jeu, le devolo Magic 2 WiFi next est une excellente solution d’autant qu’il s’accompagne de fonctionnalités nouvelles par rapport aux moutures précédentes comme l’Access Point Steering qui permet aux appareils sans-fil « itinérants » de se connecter automatiquement au point d’accès délivrant le meilleur signal que ce soit la box Internet ou l’un des modules « Magic 2 ».
Sur le papier, le mélange CPL / WiFi permet de profiter du meilleur des deux mondes : le CPL se charge d’acheminer la connexion quand les parois de la maison sont trop épaisses pour le WiFi alors que ce dernier offre évidemment une liberté plus importante pour les périphériques itinérants que nous venons de citer. Hélas, ce merveilleux tableau se heurte aux dures réalités de l’existence. Pour le CPL, il faut par exemple compter avec des réseaux électriques très hétérogènes et pour avoir testé le Magic 2 WiFi next sur une installation vieillissante, les débits sont parfois catastrophiques : nous avons ainsi pu constater moins de 80 Mbps entre deux étages.
Le graphique ci-dessus résume certaines des mesures de débit que nous avons réalisées. Le CPL y apparaît bien plus à son avantage puisque nous étions cette fois dans un logement moderne avec une installation électrique récente. Cela dit, même dans ce cas, la chute de débit (-40%) est sensible selon que l’on parcourt deux ou douze mètres. Reste que c’est surtout en WiFi que devolo déçoit son monde. Là, il nous faut souligner les difficultés WiFi que nous rencontrons toujours dans la maison « test ». Tous les constructeurs, tous les routeurs subissent ces difficultés, mais le kit est malgré tout un peu décevant à ce niveau avec des débits un peu supérieurs à 230 Mbps dans les meilleures conditions et qui peuvent plonger jusqu’à 84 Mbps dans le pire des cas. Afin de vous donner un élément de comparaison, nous avons placé les résultats relevés, dans le même cadre, avec des modules mesh Netgear Orbi RBK752.
Il nous faut en revanche souligner l’excellente couverture promise et offerte par le Magic 2 WiFi next. À la manière des ensembles mesh de constructeurs comme Asus, Netgear ou TP-Link, le kit devolo ne laisse aucune zone « vierge » de tout WiFi dans la maison. Comme vous pouvez le voir sur la capture ci-dessus, alors que notre box SFR peine à toucher les pièces le plus reculées, un module « Magic 2 » arrange nettement les choses et, sur plusieurs semaines d’essais en tout genre, le kit devolo n’a jamais ni perdu la connexion ni engendré de fluctuations dans les débits. Certes, ces derniers pourraient être plus importants, mais au moins, la connexion est stable et fonctionnelle.
Devolo Magic 2 WiFi next : l'avis de Clubic
Soucieux de répondre à une demande WiFi croissante, devolo marie astucieusement son cœur de métier – le CPL – à la connectique sans-fil numéro un dans les foyers de France et de Navarre. Très doué pour tout ce qui a trait aux procédures d’installation plug & play, devolo simplifie au maximum la mise en place de sa solution hybride : les divers modules se branchent le plus simplement du monde et s’organisent sans aucune intervention de l’utilisateur. La couverture proposée est alors excellente, mais si les débits CPL sont corrects, ceux en WiFi déçoivent : ils suffiront à bien des usages, mais peinent à justifier un tarif pas si éloigné des solutions purement mesh qui assurent des transferts souvent deux fois plus rapides. Une solution innovante et attrayante, mais encore à parfaire.