« Un choix stratégique des opérateurs ? » Alain Bazot, le président de l'UFC-Que Choisir, s'interroge face aux résultats de sa nouvelle étude sur la qualité de la 3G. Les opérateurs s'étaient pourtant engagés à améliorer leurs réseaux 3G, suite à la publication de l'étude précédente, mais l'augmentation des téléchargements rapides cache une augmentation plus importante encore des téléchargements anormalement lents, selon les 3000 nouvelles mesures.
« Il n'y a pas de meilleure manière de forcer une transhumance vers la 4G qu'en dégradant la 3G, » a ajouté M. Bazot pendant la conférence téléphonique qu'il a tenue ce matin.
Il en veut pour preuve Bouygues Telecom, qui a retiré l'accès au Dual Carrier de ses offres non 4G. Le débit maximal des offres « 3G+ » est donc passé de 42 à 7,2 Mb/s ! De quoi amplifier l'écart entre la 3G et la 4G sur des relais 1800 MHz, qui assurent l'essentiel de sa « couverture nationale » et qui ne délivrent qu'un débit maximal théorique de 79,2 Mb/s (bande de 10 MHz avec MIMO), et non de 100. Alain Bazot parle par conséquent d'« une diminution de la qualité de l'offre à prix constant ».
« Les opérateurs peuvent favoriser l'engorgement de leurs réseaux 3G en ne les dimensionnant pas suffisamment pour les nouveaux clients, » précise en outre Antoine Autier, chargé de mission au service études de l'association de défense des consommateurs. Car la 4G a beau capter toute l'attention, la part des smartphones et donc l'utilisation de la 3G continuent d'augmenter. « Il n'y a qu'un million d'utilisateurs de la 4G, » rappelle M. Bazot.
Un réseau au rabais pour Free ?
Entre les relevés de décembre 2012 et ceux d'octobre 2013, la part de téléchargements qui s'éternisent et de vidéos qui ne démarrent qu'après une minute a augmenté. Autrement dit la qualité s'est dégradée, chez trois opérateurs sur quatre. Seul Bouygues Telecom s'est amélioré, ravissant au passage la première place.Ce que l'Union fédérale des consommateurs appelle le taux de non qualité serait particulièrement inquiétant chez Free. Si la situation s'est améliorée en itinérance (lorsque Free emprunte le réseau d'Orange), elle s'est encore détériorée sur le réseau propre du quatrième opérateur.
L'association suspecte donc Free Mobile de « déployer un réseau au rabais ». L'opérateur privilégierait la bande des 900 MHz, une fréquence basse à plus grande portée mais à plus petite capacité, afin d'atteindre son objectif de 75% de la population couverte en janvier 2015, au détriment de « l'épaisseur ».
Un observatoire indépendant participatif
Cette fois si l'UFC-Que Choisir a de nouveau saisi l'Arcep, pour lui demander en substance d'empêcher les opérateurs de délaisser la 3G au profit de la 4G, elle a aussi et surtout lancé son propre « Observatoire indépendant de la couverture de l'Internet mobile », reposant sur le crowdsourcing.L'association invite les consommateurs à utiliser sa nouvelle application « Info Réseau UFC », malheureusement disponible uniquement sur Android, afin de récolter un grand nombre de mesures de débit et de force de signal.
Notons pour conclure que l'UFC-Que Choisir n'a pas enquêté sur d'éventuelles fermetures de relais 3G, que plusieurs de nos lecteurs nous ont rapportées ces derniers mois, mais que les opérateurs nient totalement.
Publication initiale le 19/11/2013 à 13 h 00
Mise à jour le 19/11/2013 à 15 h 27
Free a rapidement publié une réaction qui tient en deux phrases :
« UFC parait regretter le temps paisible de l'oligopole. Free va saisir la justice contre UFC, qui s'appuyant une nouvelle fois sur une étude partielle et partiale, avec une méthodologie très contestable qui ignore la réalité de l'usage, tente d'accroitre sa notoriété au détriment de Free. »
Aucun autre opérateur n'a réagi à cette heure.
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