Match nul parfait entre l'homme et la machine. Au cours du jeu télévisé américain Jeopardy, l'ordinateur d'IBM, Watson, n'a pas battu le champion humain au cours de la première manche. Brad Rutter et Watson ont chacun atteint la somme de 5 000 dollars.
L'expérience Jeopardy se rapproche de celle faite il y a quelques années avec Deep Blue, l'ordinateur qui avait vaincu le champion Gary Kasparov aux échecs. Le but d'IBM est de faire avancer l'intelligence artificielle en la mesurant à celle des humains. Le fabricant a donc proposé un défi aux champions du Jeopardy, un jeu télévisé très populaire outre-Atlantique, et proposé Watson comme troisième concurrent. La vidéo qui suit, postée par le site américain Venture Beat, donne un aperçu (en anglais) du principe du jeu et des performances de Watson :
La première manche se concentrait donc sur une série de réponses données par le présentateur. Aux candidats de retrouver la question qui y correspond. En plus de la réponse, qui rapporte de l'argent, il y a une notion de stratégie : chaque réponse ajoute un montant différent au score du candidat, en fonction de la difficulté. Watson a plusieurs avantages sur les concurrents humains : l'accès à une base de données importantes, censée caractériser la culture générale humaine, et la capacité à appuyer presque instantanément sur le buzzer.
La vidéo montre bien ces avantages. Watson prend rapidement la main, mais au bout du compte, il se fait rattraper par Brad Rutter, l'un des deux participants humains. Ils empochent tous deux 5 000 dollars, contre 2 000 pour le troisième concurrent, Ken Jennings. Malgré son avance, il a donc subi le syndrome de la mauvaise réponse à plusieurs reprises. Il a par exemple répété une mauvaise réponse, qui avait déjà été donnée par un des deux autres concurrents. Il faut sans doute voir du côté de la reconnaissance vocale pour améliorer l'intelligence artificielle, et c'est d'ailleurs l'un des points sur lesquels travaillent les ingénieurs d'IBM. Une autre faute commise par Watson soulève la question de la reconnaissance vocale, et plus spécifiquement de la compréhension d'une syntaxe naturelle : à un énoncé sur un gymnaste unijambiste américain vainqueur des Jeux olympiques de 1904, l'ordinateur a lié la question « Qu'est-ce qu'une jambe ? »
Il faudra donc attendre les manches suivantes pour départager Watson de ses challengers. Si l'expérience est dans la lignée du match entre Kasparov et Deep Blue de 1997, elle est toutefois assez différente sur le plan des implications. A l'époque, il suffisait à la machine de calculer toutes les possibilités et de choisir la meilleure - et encore la précédente rencontre de 1996 s'était-elle soldée par une victoire du champion russe. Cette fois, il a fallu à Watson recourir à des technologies encore mal maîtrisées - compréhension du langage naturel, reconnaissance vocale. On imagine donc aisément les avancées que les nouvelles technologies pourraient connaître avec la progression de Watson. IBM évoque notamment l'analyse de données, la conception de systèmes et la transformation de l'industrie.
L'avancée vers une intelligence artificielle au point est donc réelle, mais les efforts ne sont pas terminés pour autant. D'abord, parce que, comme Watson l'a démontré, il y a encore beaucoup de progrès à faire. Ensuite parce que malgré le petit écran sympathique présent sur le plateau du jeu télévisé, Watson est encore très imposant. La vidéo suivante montre le coeur du super-ordinateur. Il consiste en fait en 90 serveurs pour le calcul et les téra-octets de stockage de la base de données. IBM estime qu'avec un processeur unique, il faudrait... deux heures à Watson pour répondre à la moindre question.
Pour en savoir plus, il existe un site mis en place par IBM (en anglais), qui propose plusieurs vidéos sur le super-ordinateur.