Développeurs, la robotique a besoin de vous !
A la base de la démarche de Willow Garage, il y a un constat : contrairement aux idées reçues, Robert S. Bauer, Directeur Exécutif de Willow Garage pense que le principal frein au développement de la robotique personnelle n'est pas le matériel, mais le logiciel : « La robotique est compliquée, mais la baisse de prix des composants est spectaculaire. Vous pouvez vous procurer aujourd'hui pour une centaine d'euros des capteurs qui coûtaient plus de 10 000 euros à l'époque où nous avons conçu notre robot PR2. Grâce aux efforts de Texas Instruments notamment, on dispose de processeurs de plus en plus économes en énergie, de moins en moins chers, et de plus en plus puissants ».A l'inverse, le logiciel qui donne vie à ces composants souffre selon Bob Bauer encore d'un sérieux déficit de bonne volonté des développeurs : « Nous n'avons pas encore assez de gens qui développent des logiciels pour notre système, nous n'avons pas été capables de créer un écosystème de développeurs, de hackers à la manière de l'iPhone ou de ses concurrents comme Android ».
Pour Willow Garage, la solution passe par l'open source, et par la disponibilité d'outils libres mettant à la disposition de développeurs non spécialisés dans la robotique les briques de base permettant de développer des applications, ce que propose Willow Garage avec son système libre ROS, mais également par la possibilité pour les robots d'exécuter ces applications sans nécessiter que tout le calcul soit exécuté de manière locale, ce qui permet d'alléger la charge et donc l'autonomie du robot. En un mot : le cloud !
Heaphy : la prochaine étape de la robotique personnelle ?
Willow Garage voit plusieurs étapes nécessaires à franchir pour le développement de la robotique personnelle. Les deux premières ont été déjà franchies selon Bob Bauer : la création de robots destinés à des actions spécifiques, citant en exemple iRobot et son Roomba, et la possibilité d'être présent à distance, à la manière du robot Jazz de Gotsai.La prochaine étape de l'éditeur est la possibilité de commander des robots à distance, et c'est le but de Heaphy, une interface destinée à combler « l'ingrédient manquant » de la robotique personnelle : l'intelligence. Pour Tim Field, responsable du projet Heaphy, la possibilité de développer un robot réellement intelligent tiendra encore pour longtemps de la science fiction, et l'humain est absolument indispensable.
Heaphy est donc une solution d'administration à distance de robots, basée sur une interface web, et utilisant des technologies standard telles que HTML5, Javascript et WebGL pour la visualisation 3D.
L'interface propose plusieurs vues, générales ou subjectives, une visualisation des obstacles captés, et permet de contrôler à distance un robot exécutant le système ROS, avec tout de même quelques limitations : il est par exemple impossible d'actionner les 2 bras du robot PR2, utilisé pour la démonstration, simultanément. Ici, l'intérêt du cloud réside notamment dans la possibilité de diffuser les cartes 3D via un serveur, en direction des robots.
Humain, après tout
Comme on l'a vu, Willow Garage a conçu Heaphy dans le but d'utiliser un ingrédient essentiel : l'humain, indispensable à la réalisation des tâches. Pour mettre son système en pratique, le constructeur a une application toute trouvée : donner quelque chose à faire à ses 10 robots PR2 présents dans ses locaux. Pour cela, l'éditeur a recours à un système de recrutement d'utilisateurs qui peuvent être formés à distance, en utilisant un autre atout de l'éditeur : son environnement de simulation Gazebo, également utilisé pour le développement d'applications robotiques sans avoir besoin de construire de robot « physique ».Un programme d'entrainement, basé sur des tâches de plus en plus complexe, est ainsi proposé, à l'issu duquel l'utilisateur pourra utiliser Heaphy pour contrôler à distance un robot PR2 et effectuer de vraies tâches telles que... Faire la vaisselle ! La tâche est encore fastidieuse pour un robot, beaucoup plus lent qu'un humain pour venir à bout d'une pile d'assiettes, mais Willow Garage a une idée pour motiver les utilisateurs : les payer 6 euros par tâche réalisée. Selon Tim Field, certains seraient si excités à l'idée de contrôler un robot qu'ils leur auraient assuré qu'ils le feraient volontiers gratuitement... Le projet est en cours depuis le mois de juillet dernier, et Willow Garage annonce avoir déjà recours à une centaine d'opérateurs, effectuant « plusieurs milliers de tâches ».Les inscriptions sont disponibles à l'adresse Heaphyrobotics.com