Google Glass : le début de la fin pour les lunettes de réalité augmentée ?

Audrey Oeillet
Publié le 17 novembre 2014 à 17h02
Après des années de développement et un modèle expérimental vendu au compte-gouttes, les Google Glass, lunettes de réalité augmentée développées par le géant de Web, ne semblent plus attirer les foules. Un constat qui pousse à s'interroger sur l'avenir de l'appareil.

Cela faisait plus de deux ans que Sergey Brin, cofondateur de Google, portait sur le nez une paire de Google Glass. Ces lunettes proposent une expérience de réalité augmentée : à l'aide d'une caméra et d'un minuscule écran transparent fixé très près de l'œil, elle permet à son porteur d'avoir accès à Internet et à des applications sans devoir regarder son smartphone. Un micro, un pavé tactile ou encore un écouteur sont également présents pour renforcer l'expérience utilisateur.

Mais Sergey Brin, le plus célèbre ambassadeur des Glass, a vraisemblablement perdu une partie de son enthousiasme pour le produit. Dimanche dernier, il est apparu sur le tapis rouge des Annual Breakthrough Prize Awards à Mountain View sans ses lunettes connectées. Il a expliqué à un journaliste qu'il les avait laissées dans sa voiture, mais ce qui peut s'apparenter à un simple oubli est désormais interprété comme un aveu d'abandon par les médias.

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Un coûteux gadget de niche

Bien que très mises en valeur par Google, les Glass n'ont (pas encore ?) atteint le grand public. L'unique version disponible, l'édition Explorer, a été longtemps réservée aux développeurs, qui devaient montrer patte blanche et disposer de 1500 dollars pour en faire l'acquisition. Un produit coûteux qui, lors de ses débuts très fermés, était pourtant revendu à prix d'or sur Internet. Google a même dû sévir en menaçant de bloquer l'utilisation des lunettes en cas de revente.

Si, petit à petit, les Google Glass ont vu leur public s'ouvrir à d'autres utilisateurs que les seuls développeurs, leur prix n'a jamais bougé. Il faut également venir chercher sa monture dans l'un des bureaux de Google qui les propose à la vente, à New York ou à San Francisco. Pas de quoi attirer les foules, mais ça n'a jamais été le but de l'entreprise à ce stade : l'objectif était surtout de faire des Glass un objet de curiosité, voire de convoitise. Sur ce point, on ne peut pas vraiment dire que le but soit atteint.

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Délaissées des développeurs, bannies des cinémas

Les Google Glass ont eu beau révéler rapidement un certain potentiel, elles ont aussi très vite fait peur. En ligne de mire, l'aspect intrusif des lunettes dans la vie privée : la caméra est en effet capable de filmer n'importe quand ce que le porteur voit. Si un indicateur est bien présent sur la monture pour signaler quand la prise de vue est activée, ce n'est pas suffisant pour un grand nombre de personnes, et surtout pour de nombreux établissements en tous genres. Aux Etats-Unis, des bars, des cinémas et la quasi-totalité des établissements de Las Vegas interdisent les Google Glass en leur sein. Les lunettes ont également entraîné une levée de boucliers de plusieurs Etats concernant leur usage au volant.

Face à un produit de niche plutôt mal vu par de nombreuses entités, difficile d'être convaincu par un carton potentiel auprès du grand public. Si de très nombreuses idées liées aux Glass ont vu le jour ces dernières années, le développement d'applications dédiées se fait désormais de plus en plus rare. « S'il y avait eu 200 millions de Google Glass vendues, ce serait un point de vue différent. Il n'y a pas de marché pour l'instant » estime Tom Frencel, le directeur général de Little Guy Games, qui a stoppé tous ses projets rattachés aux fameuses lunettes. Pendant ce temps, les Glass se négocient à la moitié de leur prix d'achat sur eBay, rapporte Reuters.

Google dément les rumeurs

De son côté, la firme de Mountain View se veut rassurante : « Nous sommes complètement engagés et engagés comme jamais sur les objets connectés et les Glass en particulier » a dernièrement déclaré Chris O'Neil, le chef de file du projet. Il n'en reste pas moins que plusieurs employés clés sont partis voir si l'herbe est plus verte ailleurs, à l'image d'Adrian Wong, qui travaille aujourd'hui sur le casque Oculus Rift.

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En France, la SNCF a récemment réalisé une expérience en faisant porter des Google Glass à certains de ses contrôleurs, et la Caisse d'Epargne a développé une application pour aider ses assurés à remplir un constat après un accident de la route. Si les démarches tendent à démontrer qu'il existe des usages spécifiques et intéressants pour ces lunettes connectées, tout reste à prouver dans l'optique d'une sortie sur le marché grand public, malgré un prix qui devrait être revu à la baisse. Si la sortie d'un modèle plus accessible était évoquée pour fin 2014, il semble désormais évident qu'il faudra attendre 2015 pour voir d'hypothétiques Google Glass disponibles à la vente pour les intéressés.

Pour aller plus loin : Google Glass : nos premières impressions

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