Les essais cliniques pour le développement d'un dispositif permettant de restaurer la vue vont pouvoir débuter. Ceux-ci se font plus réalistes grâce un nouveau dispositif présenté par les chercheurs de l'INSERM, du CNRS et de l'Université de la Sorbonne.
Ce dispositif doit se présenter sous la forme d'une rétine artificielle. Il viserait d'abord à corriger les défauts de personnes souffrant de dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) ou de rétinopathie pigmentaire (un ensemble de maladies génétiques atteignant les photorécepteurs de la rétine).
Une rétine qui voit plus loin
L'étude a été publiée sur le site du CNRS, dans un article intitulé « Les promesses de la rétine artificielle pour restaurer la vue se concrétisent ».Le texte juge « de plus en plus tangible » la possibilité de restaurer la vision chez l'Homme, après que des essais ont été menés sur des « primates non-humains » et quelques patients humains.
Le dispositif serait basé sur des travaux précédents, notamment l'Argus II (ou Second sight aux Etats-Unis), déjà évoqué en 2013. Surnommé « l'oeil bionique », il est le premier dispositif du genre à avoir obtenu l'aval de la Food and Drug Administration (FDA) américaine. La rétine artificielle récemment développée se serait aussi inspiré du Retina Implant conçu par des chercheurs allemands.
La publication met cependant l'accent sur le gain de performances par rapport à ces deux précédents projets. Serge Picaud, le chercheur de l'Inserm qui a dirigé l'étude, déclare que « ces deux entreprises se désengagent petit à petit du marché, notamment parce que le rendu pour les patients n'était pas suffisant pour cibler ceux atteints de DMLA. Les patients parvenaient à voir des signaux lumineux, mais ceux qui arrivaient à distinguer des lettres étaient très minoritaires ».
Vers des essais cliniques de phase 3
La promesse d'une restauration de la vision tient donc davantage à la haute résolution de la nouvelle rétine. L'étude résume : « Réinventer le dispositif pour le rendre plus performant : telle a été l'ambition de ce chercheur Inserm et de ses collègues. Portée par l'entreprise Pixium Vision, leur rétine artificielle est un dispositif sans fil, moins complexe, contrairement aux dispositifs précédents ». Cette rétine comprendrait aussi un retour « local » du courant autorisant une meilleure perception par l'œil, ainsi qu'une stimulation par infrarouge des neurones rétiniens.Les premiers tests ont déjà été effectués sur cinq patients français atteints de DMLA. Les premiers résultats ont montré une restauration progressive de la vision centrale, et la possibilité pour ces patients de distinguer à nouveau des séquences de lettres.
« L'objectif est maintenant de faire un essai de phase 3 [ soit un essai concernant entre 100 et plusieurs milliers de patients, ndlr. ] chez un groupe plus conséquent de patients atteints de DMLA », dit Serge Picaud. « Si la rétine artificielle fonctionne chez eux, nous pensons qu'il n'y a pas de raison pour qu'elle ne fonctionne pas chez des patients souffrant de rétinopathie pigmentaire, maladie également liée à la dégénérescence des photorécepteurs ».
Source : CNRS.