Deux mots sur la logistique :
Pour information, le site Lenteen.fr est détenu par une société immatriculée à Shenzhen (Shenzhen First Flag investment Co. Ltd.), et dont les entrepôts sont situés à Hong-Kong mais aussi en France. Selon les produits, les envois peuvent être effectués de France. Le MX4, lui, est parti de Hong-Kong, et cette fois, nous avons eu la TVA à payer : 26 € au total, pour une valeur déclarée de 28,57 €. Alors deux choses : d'une, on ne comprend pas le calcul effectué. 14 € de TVA, 10 € de frais de dossier par le transporteur, 2 € de TVA sur ces frais de dossier. 14 € pour 28,57 €, ce ne sont pas nos 20% de TVA française mais 50%. Ensuite, ces 28,57 € correspondraient-ils à la valeur réelle du MX4, le coût du matériel ?
La principale, c'est que la bande de fréquence 4G 800 MHz n'est pas prise en charge : il reste celles en 1800, 2100 et 2600 MHz. Tous les opérateurs français passent donc en 4G, mais avec une couverture très limitée, les 800 MHz étant chez nous la bande la plus utilisée.
L'autre hic, c'est que la ROM pré-installée est une version de Flyme OS 4.0.2 U, pour China UniCom. On se retrouve donc avec de nombreuses applications liées à l'opérateur (toutes désinstallables heureusement) et un écran de démarrage avec une animation UniCom quelque peu bruyante donc pénible. Un petit tour rapide sur le forum Meizufans.eu et on récupère rapidement la version 4.0.2 A (sans personnalisation d'opérateur). Il ne reste qu'à faire la mise à jour en passant par le recovery mode (allumer le téléphone en pressant le bouton volume + et marche-arrêt). Notez que Google Play n'est pas installé de base (car bloqué en Chine). On peut toutefois l'activer via l'application MX4 Google Installer disponible sur l'AppCenter de Meizu.
Toujours d'inspiration pommelée
Le MX3 ressemblait fortement à l'iPhone 3Gs, le MX4 conserve ses lignes, mais avec une finition davantage calquée sur l'iPhone 6. Bon, quand on dit calquée, ça ne veut pas dire "à la hauteur de". Certes, le châssis en alliage de magnésium et aluminium semble avoir été usiné dans les règles de l'art (découpe, nano moulage, sablage, anodisation, etc.). Mais le dos est constitué d'une coque en plastique, et sur tout le pourtour de l'écran, entre la dalle et la bordure du châssis, on descelle en observant bien un joint un peu baveux. Ce n'est pas choquant dans l'absolu, et d'après Meizu, ce sertissage de 0,32 mm d'une glue propriétaire aurait la vertu de faire tampon, pour limiter la fragilité de l'écran aux chocs. Ça se tient. Simplement, Meizu aurait pu polir un peu mieux ce joint. En main, la sensation demeure excellente, d'autant que l'accroissement de la taille du smartphone s'avère bien maîtrisé.Le MX4 à côté du Nexus 5, puis à côté du MX3
Pour le reste, rien de nouveau depuis le MX3. La coque s'enlève pour accéder à la trappe micro SIM, mais la batterie n'est pas amovible et le stockage, non extensible. Et on retrouve les mêmes commandes physiques aux mêmes endroits : bascule pour le volume sur la tranche gauche (écran de face) et bouton marche-arrêt sur le haut. Enfin, la seule et unique touche tactile ronde reste de la partie, elle sert toujours de voyant de notification. Celle-ci est complétée par un bandeau de commandes virtuelles, qui s'adapte en fonction des applications.
Une fiche technique en net progrès, même si...
Le MX3 s'était révélé un peu faible à côté des sur-vitaminés Xiaomi MI4 et OnePlus One, la faute à une ancienneté de conception supérieure, mais aussi à un positionnement moins ambitieux. Meizu a en bonne partie rectifié le tir. D'abord, l'écran déjà impressionnant du MX3 l'est encore plus sur le MX4 : la dalle IPS de 5,36 pouces occupe 75,8% de la façade du smartphone, on se rapproche ainsi du meilleur élève dans ce domaine, le LG G3. Le ratio 16/10 est conservé avec une définition accrue de 1 920 x 1 152 pixels, soit une définition stable de 418 dpi. Meizu a ici adopté une conception One Glass Solution (couche tactile intégrée à la vitre), protégée par un verre Gorilla Glass 3. L'affichage ainsi affleurant est superbe, renforcé par un taux de contraste élevé (1 284 : 1, grâce à une luminance de 565 cd/m² et un point noir à 0,44 cd/m²) et une bonne colorimétrie, bien qu'un peu froide (7 175 kelvin).En matière d'audio, nous regrettons la disparition du DAC Wolfson WM5102 et de son amplificateur casque intégré. En revanche, et contrairement à ce qu'il a été dit lors de la première publication de cet article, le MX4 dispose bien d'un DAC, intégré au chipset MT6595 de MediaTek. Il s'agit du Wolfson WM8281, sur lequel le fabricant de semi-conducteur ne dit rien sinon qu'il est compatible 192 kHz/24bit et qu'il doit développer un rapport signal-bruit de 110 dB. Notre fichier (test de signal produit par Right Mark Audio Analyzer 6.4) enregistré au volume maximum sur une carte son M-Audio Fast Track C400 puis analysé par MP3Gain restitue un niveau de 99,1 dB. C'est ce qui s'appelle avoir du coffre ! Mais cette sortie très puissante ne parvient à animer notre Audio-Technica ATH-ES10 de test avec la même vigueur que le MX3. Il n'y a probablement pas d'amplification casque dans ce DAC, ou alors elle est moins élevée. Attention, il s'agit ici de mentionner la différence entre le MX3, qui était exceptionnel, et ce MX4 qui est "juste" très bon (et bien au-dessus de la moyenne).
En revanche, Meizu a refondu son application audio en y intégrant ostensiblement ses services musicaux en ligne... en chinois. Il faudra songer à installer une autre application pour lire sa musique. Le traitement Dirac HD Sound est toujours aussi inutile (du moins quand on n'a pas l'un des neufs casques listés), les égaliseurs aussi mauvais. Et malgré les chiffres annoncés par MediaTek, les fichiers FLAC HD (96 kHz / 24 bits) ne sont pas pris en charge par le MX4, peu importe le lecteur utilisé ! En 44,1 kHz sur 16 bits, heureusement ça passe sans souci.
La sortie casque reste bien puissante, mais il vaudra mieux éviter d'utiliser l'application musique native.
Le SoC Exynos de Samsung était le talon d'Achille du MX3, ce MX4 embarque un SoC MediaTek octuple cœurs bien plus performant. Oui, un vrai octuple, puisque les deux fois quatre cœurs peuvent fonctionner simultanément. La partie graphique est confiée à une puce PowerVR G6200 dotée de quatre unités de calcul cadencées à 600 MHz, là-aussi un grand progrès par rapport au MX3, même si ce GPU n'égale pas les Adreno des SnapDragon. Meizu reste sur 2 Go de mémoire vive, un petit giga supplémentaire n'aurait pas fait de mal, notamment pour s'assurer une longévité plus sereine.
Enfin, le MX4 rattrape son retard technique sur l'ensemble des connectivités : Wi-Fi ac, Bluetooth 4.0, NFC et HSPA+ à 42 Mbps et LTE sur les bandes de fréquence 1800, 2100 et 2600 MHz (pour notre modèle chinois). La version internationale devrait être compatible avec la bande des 800 MHz, largement utilisée chez nous pour la 4G. Dans tous les cas, il s'agit d'une catégorie 4, avec des débits de 50 et 150 Mbps, respectivement en upload et download. R.A.S. sur la géolocalisation, tout fonctionne bien !
Flyme OS et usage
Le MX4 donne également l'occasion pour Meizu de passer sa ROM Flyme OS en version 4.0.2, basée sur Android 4.4.2. Il s'agit essentiellement d'un relooking, et d'une mise à jour des applications système. L'interface elle-même conserve ses inspirations multiples : absence de tiroir d'applications, menus sur fond blanc et flat design, façon iOS ; paramètres, volet supérieur (notifications + raccourcis de réglages) et widget façon Android. On regrettera la disparition du gestionnaire de notifications en push intégrée à l'OS, pourtant fort utile sur le MX3 (il faut désormais passer par l'application Security pour y accéder, un clone de l'application Sécurité du MI4). Mais on apprécie le menu Quick Wakeup de personnalisation de la gestuelle sur l'écran verrouillé. Le Power Mode proposant trois profils de consommation énergétique du téléphone (économie, équilibré et performances) est également bienvenu. Tout comme l'option d'enregistrement des appels en cours, qui existe notamment sur la ROM MIUI v6.Maintenant, il faudrait que nous puissions voir la version internationale pour juger pleinement cette interface. Parce qu'en l'état, et même en choisissant la langue française, l'utilisateur non polyglotte sera tiraillé entre français et anglais, sans compter les nombreux reliquats de chinois. Exemple parmi tant d'autres : l'application système météo (non désinstallable) ne peut se baser que sur des villes chinoises ! Rien n'empêche bien sûr de se constituer un panel d'applications tierces, mais comme toutes les applications sont directement sur le bureau, sans la strate supplémentaire du tiroir d'applications, cela signifie qu'il va falloir se créer un dossier fourre-tout quelque part.
Dans l'application horloge on ne peut pas retirer Beijing, dans l'application météo, on ne peut pas ajouter de ville française
Au jour le jour, le MX4 dispose de la puissance qu'il manquait au MX3. Des jeux exigeants comme Real Racing 3 ou Asphalt 8 tournent sans ralentissement (en mode performances), le téléphone est fluide en règle générale. On lui reprochera toutefois de bien chauffer, quand on le sollicite fortement (Asphalt 8, une partie, et de nombreux points de la coque arrière qui dépassent les 40° avec un pic à 47° !). Mais aussi dans des cas de figure assez inhabituels, comme le téléchargement en Wi-Fi de gros fichier, ou la prise de photos et vidéos (lors de nos phases de test). Il ne devient alors pas brûlant pour autant, mais tout de même étonnamment chaud. Nous avons aussi eu droit à un petit plantage de l'appareil, probablement lié à cette chauffe.
Le MX4 remplit parfaitement son rôle de téléphone. Le haut-parleur principal, profitant d'ouvertures généreuses sur le châssis, a affolé notre sonomètre en restituant notre morceau de test à 88,3 dB (à 1 m). Presque autant que le OnePlus One. Le haut-parleur d'écoute est toujours aussi propre, le micro, aussi fidèle et précis (et cette fois en stéréo). En revanche, nous avons constaté que le MX4 générait toujours de l'écho en mode mains libres, occasionnellement. Et certaines syllabes sifflantes produisent parfois, à fort volume, de la sibilance. Sauf usage professionnel intensif, il n'y a là toutefois rien de dramatique.
Test des haut-parleurs et du micro du MX4
Photo et vidéo
Sur ce point, Meizu a malheureusement versé dans la surenchère, et c'est bien dommage. Le constructeur n'arrivait déjà pas à bien maîtriser le capteur de 8 mégapixels de son MX3 : le voir partir sur un CMOS Sony rétro-exposé de 20,7 mégapixels, que même Sony dompte mal, a de quoi inquiéter. Sur le papier pourtant, c'est intéressant : Sony IMX220 de type 1/2,3" (le même que sur les Xperia Z1 à Z3), comme sur un compact standard, avec des photosites de 1,2 µ, ouverture à F:2,2, autofocus en 0,3 s et mode rafale à 25 im/s.Oui mais non. A la sensibilité de base, le traitement est déjà poussif : les textures sont fortement lissées, l'accentuation de la netteté ne sait donc plus trop à quel saint se vouer et éparpille des amas de pixels micro-contrastés ici et là. Mais surtout, l'optique n'est pas à la hauteur pour distiller de manière précise et équitable la lumière sur les 20 millions de pixels : des zones d'image sont floues, pas forcément sur les bords, l'homogénéité du piqué reste toujours assez quelconque. Ramenées à 8 mégapixels, les images du MX4 sont toutefois bien plus précises que celles du MX3 (et les défauts précités ne sont plus vraiment visibles).
Bref, c'est tout de même décevant, on se dit que Meizu aurait mieux fait de travailler sur son 8 mégapixels, plutôt que de se lancer sur un capteur que Sony a mis trois générations d'appareil à commencer à maîtriser. La caméra frontale repose toujours sur un capteur de 2 mégapixels. On pourra s'amuser avec les retouches de beauté, similaires à ce que propose l'application Lumia Selfie (amincir le visage, agrandir les yeux, colorer la peau, etc.). Ou pas...
Quand on monte en sensibilité, la prestation devient plus honorable. A 1600 ISO, l'image se charge certes de bruit de luminance, ça moutonne un peu dans les aplats, mais il reste une bonne quantité de détails. Le rendu à taille d'écran apparaît assez équilibré, même si un peu terne. On évitera le mode nuit, qui limite la résolution d'image à 5 mégapixels et lisse tout méchamment. En revanche, le fait de pouvoir réaliser de véritables poses longues (sur trépied en faible sensibilité) constitue un atout non négligeable, rare sur un smartphone.
Tout ceci est d'autant plus rageant que des efforts ont été faits sur la couche photo, plus claire, fluide et agréable à utiliser. On retrouve un mode entièrement manuel (vitesse d'obturation jusqu'à 20 s, ISO, correction d'exposition et mise au point), la HDR, la panoramique (2470 pixels de hauteur), une jauge de niveaux électronique, des modes macro, nuit et beauté, ainsi qu'une technologie très similaire à celle de Xiaomi de mise au point a posteriori sur le MI4. L'appareil effectue une rafale de vues à différentes distances de mise au point, un algorithme effectue ensuite sur demande une combinaison de ces vues pour ajuster la distance souhaitée. Ça marche plutôt bien ! L'autofocus s'est amélioré en rapidité, même s'il n'égale toujours pas celui du MI4 et a fortiori ceux des smartphones haut de gamme de nos contrées (Galaxy S5, iPhone 6, LG G3, etc.). En revanche côté précision, il y a encore de la marge...
Côté vidéo, l'appareil filme de base en 1080p à 30 im/s, d'après un encodage en H.264 avec un débit un peu faible (12 Mbps). L'image n'est pas des mieux définies, le manque de piqué se constate là aussi, il n'y a toujours pas de stabilisation et la mise au point doit être actualisée à la main. Des inconvénients qu'on retrouve sur beaucoup de smartphones, cependant. Bref, ça va mais sans plus. Plus intéressant, le mode UHD, qui propose une définition un brin surprenante (3840 x 2176 pixels) mais un encodage en HEVC à 42,6 Mbps. Problème : même avec la dernière version de VLC, supposée prendre en charge ce nouveau codec, la vidéo se lance mais bloque au bout de quelques secondes. La seule solution que nous ayons trouvée : installer le pack de codec K-Lite. Dès lors, Media Player Classic parvient à digérer le flux, non sans peine sur notre machine de test. L'image est très belle, mais pas fluide.
Performances et autonomie
En matière de performances, le MX4 relève la tête et plutôt bien. Si la partie graphique reste en retrait par rapport aux GPU Adreno des meilleurs SoC Snapdragon de Qualcomm, le CPU donne, lui, des résultats tout à fait haut de gamme. Sun Spider descend au mieux dans les 440 ms, parfois il grimpe au-delà de 700 ms (mais c'est plus rare). Comme s'il y avait des ratés et que tous les cœurs ne s'activaient pas toujours automatiquement. Dans tous les cas, c'est un très bon score ! Sur Geekbench 3, le MX4 s'approche des 3800 en multi-core ! Avec huit cœurs, forcément... Les faiblesses du MX3 sont bel et bien derrière Meizu.En revanche, nous ne pouvons cacher notre déception sur la question de l'autonomie. Avec une batterie de 3100 mAh et un mode Power Saving, on pouvait s'attendre à un score au moins aussi haut que sur le OnePlus One, doté de la même batterie. Mais non, le MX4 a lu notre vidéo de test en boucle pendant 5 h 19, "seulement" (The Art of Flight en 720p, H.264, luminosité à fond, Wi-Fi activité mais pas de Bluetooth, ni de carte SIM, volume à la moitié). 319 minutes, c'est bien sûr mieux que les 279 minutes du MX3, mais on pouvait espérer bien davantage. Un Nexus 5 fait mieux !