Il y a comme un air de déjà-vu. Nous pensons autant aux inspirations habituelles pour les marques cotées (Apple et Sony) qu'aux ressemblances familiales. L'Ascend P7, sorti quasi simultanément mais sous pavillon Huawei, partage en effet beaucoup de similitudes. Dans les grandes lignes, l'Honor 6 s'est légèrement arrondi, il a renforcé sa 4G, son processeur et sa batterie. Est-ce suffisant pour créer une diversification, à tarif identique, par rapport à l'Ascend P7 ? Que penser par rapport à un Xiaomi MI4 ?
Tout en finesse... et en plastique[/anchor]
Malgré le manque d'originalité criant, il faut reconnaître que Huawei a soigné son design. Le terminal affiche une finesse de premier ordre (7,5 mm, soit la même chose qu'un iPhone 5s à titre indicatif), l'intégration de l'écran de 5 pouces est exécutée de belle manière. Les bordures réduites à un peu moins de 2,9 mm font que la dalle occupe 75,7 % de la face du smartphone, un pourcentage élevé qu'on retrouve sur le Meizu MX4. Simple rappel : le LG G3, un des meilleurs en matière d'optimisation d'espace dédié à l'écran atteint, lui, 77 %.En revanche, déballer le Honor 6 après être allé sur le site du constructeur, c'est un peu comme sortir son hamburger de la boîte après avoir salivé sur les photos des menus. On se sent trompé sur la marchandise. La bordure grise, qui semble métallique sur les images, est en fait en plastique, le genre de plastique qui ne laisse pas de place au doute. Le dessous qui apparaît mate est plutôt satiné. Le dos qu'on imagine en verre est couvert d'un plastique qui se raye très facilement. Meizu, Xiaomi ou OnePlus soignent davantage leurs finitions.
Ce n'est probablement pas un hasard si Honor livre deux films de protection, un pour l'avant, l'autre pour l'arrière. Maintenant, l'assemblage reste sérieux, le téléphone ne fait pas cheap, ses lignes douces et arrondies sont agréables au toucher. Et la trappe que beaucoup de confrères ont décriée tient bien en place sur notre exemplaire.
Alors que la tranche gauche du téléphone est totalement dépouillée, celle de droite accueille les commandes de volume et verrouillage, ainsi qu'une large trappe à micro SD et micro SIM. Sur le dessus du téléphone, trônent la prise jack et l'émetteur/récepteur infrarouge. Petite spécificité à noter avant de passer à la suite : le haut-parleur principal est situé sur la coque arrière du téléphone. On a connu plus futé comme conception acoustique. Et attention aux chutes accidentelles de liquide...
Une fiche technique SoC Huawei[/anchor]
L'Honor 6 bénéficie d'un écran similaire à celui de l'Ascend P7 : une dalle IPS de 5 pouces en 1 920 x 1 080 pixels, recouverte de Gorilla Glass 3. Ces attributs confèrent une résolution d'un peu plus de 440 pixels par pouce. Comme sur la plupart des téléphones de ce standing aujourd'hui, la couche tactile est directement intégrée au substrat de la vitre principale, réduisant l'épaisseur totale de l'écran. Notre sonde relève 470 cd/m² de luminance maximum, les angles de vision sont bons. Le rendu colorimétrique, par défaut trop froid (7 631 K), peut être ajusté de manière logicielle et précise : on oscille alors entre 6 282 K et 9 356 K. Seul le contraste peut décevoir, puisqu'avec un noir à 0,53 cd/m² avec le rétro-éclairage à fond, le taux avoisine les 890 : 1.Les fabricants de smartphones qui développent leurs propres SoC sont rares. De tête comme ça, nous viennent Samsung (Exynos), Apple (A8) et... Huawei. Le chinois a commencé à travailler dès 1991 sur la conception de circuits imprimés, pour créer HiSilicon Technologies en 2004. Ses SoC baptisés Kirin collent aux tendances du marché imposées par Qualcomm, Mediatek et Nvidia. Le Kirin 920 est un octuple cœur basé sur une conception big.LITTLE. C'est-à-dire avec un processeur principal très économe en énergie (4 cœurs Cortex A7 à 1,3 GHz) pour les besoins courants, et un processeur plus musclé (4 cœurs Cortex A15 à 1,7 GHz) quand les choses se corsent.
Ce SoC est compatible 4G en catégorie 6 (300 Mbps en débit descendant, 50 Mbps en débit montant), mais repose sur une architecture 32 bits « seulement ». Huawei a misé sur 3 Go de RAM et 16 Go de stockage interne, extensible par micro SD. La partie graphique est assurée par un GPU Mali T628MP4 à quatre unités de calculs, cadencées à 600 MHz.
Le reste est presque classique. Enfin, ça dépend des versions... Parce que l'Honor 6 existe en mono SIM ou en simple SIM, avec ou sans NFC. Il aura de sûr le Wi-Fi n double bande, le Bluetooth 4.0 et la localisation avec A-GPS et Glonass. Mais aussi un port infrarouge, un tuner FM et une batterie conséquente de 3 100 mAh.
Dans le domaine de l'audio, alors que les derniers smartphones chinois testés nous avaient plutôt impressionnés, ici c'est la douche froide : très peu de volume disponible et un mode DTS qui apporte un regain de pêche mais fait de la bouillie de basses. On se consolerait bien avec l'application musique de Huawei, plutôt jolie et fluide, mais le palliatif ne suffit pas. Amateur de son, il y a bien mieux ailleurs !
Emotion UI et usage[/anchor]
Comme avec la plupart des constructeurs, l'OS Android (version 4.4.4) est affublé d'une surcouche. Son petit nom : Emotion UI (ou EMUI). La même que sur les smartphones de Huawei, tient ! Les modifications sont si profondes qu'Emotion UI rappelle davantage une ROM alternative comme MIUI (celle de Xiaomi, portée sur de multiples téléphones) plutôt qu'elle ne tient de la simple surcouche cosmétique. Le tiroir des applications disparaît, le menu s'étoffe, la personnalisation s'intensifie et des applications maison font leur apparition. C'est assez déstabilisant quand on vient d'un Android stock mais c'est plutôt bien fait. Les inspirations sont multiples, iOS, HTC Sense, mais surtout MIUI et même un peu de FlymeOS, les ROM des concurrents chinois.La puissance est suffisante pour un usage classique, mais dès qu'on pénètre dans l'antre de la 3D, le SoC peine à masquer ses faiblesses. Asphalt 8 et Dead Trigger 2 passent quand on active le mode d'économie d'énergie « normal », celui recommandé pour le jeu. Par défaut le téléphone est en « intelligent » et ça saccade. Sur Real Racing 3 en revanche, l'affichage n'est jamais bien fluide. Les accros aux jeux vidéo auront tout intérêt à s'orienter vers des smartphones dotés de SoC Snapdragon (OnePlus One ou MI4), le Kirin 920 ne faisant clairement pas le poids. La bonne contre-partie, puisqu'il y en a une, c'est que le Honor 6 ne chauffe pas trop. Le OnePlus One non plus, mais le MI4 est une vraie bouilloire.
Côté téléphonie, le job est fait, sans zèle particulier. Le haut-parleur principal est peu puissant, totalement absent sur les graves mais au moins il ne sature pas sur les voix qui sont correctement reproduites. L'os, c'est l'emplacement dudit haut-parleur : quand le téléphone est posé sur le dos, notre sonomètre ne mesure que 71,6 dB avec notre morceau de test. Téléphone sur l'écran, le niveau de pression monte à 76,9 dB. Ça reste très faible, dans l'absolu comme à côté des 88 dB d'un Meizu MX4 par exemple.
Photo et vidéo[/anchor]
L'Honor 6 embarque un capteur dorsal similaire à celui de l'Ascend P7 : un CMOS Sony IMX214 de 13 mégapixels, avec une optique qui ouvre à f:2,0. Les mêmes caractéristiques que le OnePlus One en somme (type 1/3 de pouce, photosites de 1,12 µ). Le capteur frontal est en revanche passé de 8 mégapixels sur l'Ascend P7 à 5 mégapixels ici. Que vaut l'Honor 6 ?
Un peu d'apaisement pour Huawei, voilà un domaine où l'Honor 6 se débrouille bien. L'interface photo, inspirée de celle d'iOS 7, est agréable et fluide. L'essentiel reste facilement accessible (panoramique, HDR, effets photo, ou encore rafale), on regrette simplement que Huawei soit allé fourrer les réglages d'image (ISO, exposition, saturation, contraste, luminosité) au fin fond du menu paramètres. L'autofocus est rapide, le mode Mise au point universelle fonctionne bien. Ce dernier propose de faire de la mise au point a posteriori, comme sur les MI4 et MX4. Sympa et assez efficace. Saluons la bonne qualité des images en HDR mais aussi la pleine résolution des panoramiques, jusqu'en 14 272 x 4 032 pixels !
Photo sans HDR puis avec HDR
Le rendu photo est équilibré et bien piqué. Huawei a un peu eu la main lourde sur l'accentuation de la netteté, mais le niveau de détails enregistré est impressionnant à base sensibilité. Et l'Honor 6 parvient à bien maintenir le cap lorsque le capteur monte en ISO : à 800 ISO les textures se brouillent mais il reste de la matière, à un niveau très correct pour un smartphone. Les couleurs assez douces apaisent le regard, la balance des blancs se révèle bien fidèle.
Nous sommes moins enthousiastes en matière de vidéo, domaine où l'Honor 6 s'inscrit davantage dans la normalité. Il filme en 1080p à 30 im/s et s'appuie sur le codec H.264. Malgré le débit élevé d'encodage (23,9 Mbps), l'image n'est que peu détaillée. La forte accentuation des contours met ce déficit en exergue, contrairement à la photo où le traitement enrichit le niveau de détail. L'autofocus doit être actualisé à la main (il répond alors bien) mais la stabilisation numérique ne parvient pas à contenir les tremblements. Bref, le OnePlus One est autrement plus propre en vidéo, sans parler de la 4K qui manque ici.
Performances et autonomie[/anchor]
Le SoC Kirin développé par Huawei obtient des résultats mi-figue, mi-raisin. D'un côté le processeur, avec ses huit cœurs capables de mouliner simultanément, livre une bonne puissance de calcul (d'après les applications de test) ; d'un autre le GPU moyen traîne la patte. L'Honor 6 demeure un smartphone assez puissant, mais ça n'est pas pour cette qualité première qu'on l'achètera. Et surtout pas si on est avide de 3D.Pour rendre tout ce beau monde autonome, Huawei a décidé de jouer les gros bras avec un accu de 3 100 mAh. Comme sur le OnePlus One. Et un mode d'économie d'énergie est également de la partie. Nous sommes restés en mode par défaut, dit « intelligent », le mode « ultra » coupant la plupart des fonctions du téléphone pour le placer en survie plus qu'en économie. La lecture de notre média de test, The Art of Flight (en 720p, H.264, luminosité à fond, Wi-Fi activité mais pas de Bluetooth, ni de carte SIM, volume à la moitié), a tenu pendant 461 minutes. C'est satisfaisant, même si pour une batterie de 3100 mAh, on pouvait espérer mieux. D'autant qu'il faut s'attendre à une autonomie moindre si on se met en mode normal, notamment pour jouer dans de bonnes conditions. En usage quotidien et en mode intelligent, parfois le cap de la journée passe sans problème, parfois le téléphone agonise vers 18h. Des résultats aléatoires qui traduisent possiblement un manque d'optimisations du SoC Kirin.
Conclusion[/anchor]
Avec la marque Honor, Huawei cherche à se diversifier, notamment pour pénétrer plus facilement les marchés où la prononciation de « Huawei » (sorte de h aspiré mélangé avec la jota espagnole) pose problème. La démarche commerciale est réussie, mais en matière de produit, l'Honor 6 ne nous amène pas beaucoup plus loin que l'Ascend P7 de Huawei. Et si on ne déplore pas de point noir qui puisse freiner les ardeurs, il n'y a à l'inverse que peu d'atouts pour les attiser.Pour 300 €, on trouve des téléphones mieux finis et plus puissants (Xiaomi MI4), plus puissant et élégant (OnePlus One), ou plus élégant et audiophile (Meizu MX4). Maintenant, l'Honor 6 se démarque tout de même par une bonne couche photo, un module 4G rapide, et un port de cartes micro SD qui manque aux autres smartphones chinois mentionnés plus haut. C'est au final un bon smartphone, mais qui laisse à Huawei de la marge pour s'améliorer. Et attention, ceux qui écoutent leur musique depuis leur smartphone risquent d'être déçus, sans un excellent casque taillé pour le nomadisme.
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