Sony navigue sur un long fleuve tranquille. C’est en tout cas l’impression que donne le constructeur nippon, alors que les ventes de ses smartphones s’effondrent d’année en année. Loin de se réinventer, Sony ne déchausse pourtant pas sa pantoufle et continue de renouveler une gamme Xperia qui peine à nous convaincre.
- Conception robuste (Gorilla Glass 6)
- Étanche (IP65/68)
- Prise jack de bonne qualité
- (Très) grande autonomie
- Un design qui n’évolue pas
- Écran 60 Hz mal calibré
- Interface datée
- Smartphone parfois lent
- 1 seconde pour déclencher l’appareil photo
- Partie photo à revoir de A à Z
- 3h pour être rechargé avec le chargeur fourni
- Globalement beaucoup trop cher
Il faut dire que la concurrence est plus rude que jamais. Surtout sur le milieu de gamme, où le Sony Xperia 10 III qui nous intéresse aujourd’hui envisage de chasser. Présenté en avril dernier avec les Xperia 5 III et le haut de gamme Xperia 1 III, ce nouveau modèle vise une cible particulièrement porteuse en 2021 : les personnes cherchant à renouveler leur smartphone par un modèle 5G, sans se ruiner.
Dommage pour Sony, ses rivaux ont eu la même idée, et ils l’ont bien mieux exécutée. Vous l’avez déjà compris : le Xperia 10 III ne nous a pas convaincus, et on va tenter de vous expliquer pourquoi.
Sony Xperia 10 III : la fiche technique
Le Xperia 10 III sera lancé le 30 juin chez les revendeurs habituels au tarif de 429 € pour sa version 6+128 Go. Mais comme vous le comprendrez très vite à la lecture de sa fiche technique, on peine à comprendre pourquoi son prix est si élevé.
Fiche technique Sony Xperia 10 III
Taille de l'écran | 6 pouces |
Taux de rafraîchissement | 60Hz |
Mémoire interne | 128 Go |
Mémoire vive (RAM) | 6 Go |
Capacité de la batterie | 4500 mAh |
Charge rapide | Oui |
Définition du / des capteur(s) arrière | 12 Mpx, 8 Mpx, 8 Mpx |
Système d'exploitation | Android |
Version du système d'exploitation | Android 11 |
Surcouche Android | Android Stock |
Assistant vocal | Google Assistant |
Taille de l'écran | 6 pouces |
Type d'écran | OLED |
Définition de l'écran | 1080 x 2520 pixels |
Taux de rafraîchissement | 60Hz |
Densité de pixels | 457 DPI |
Écran HDR | Oui |
Mémoire interne | 128 Go |
Stockage extensible | Oui |
Processeur | Snapdragon 690 5G |
Finesse de gravure | 8nm |
Nombre de cœurs CPU | Octa-core |
Fréquence CPU | 2GHz |
GPU | Adreno 619 |
Mémoire vive (RAM) | 6 Go |
Capacité de la batterie | 4500 mAh |
Batterie amovible | Non |
Recharge sans-fil | Non |
Charge rapide | Oui |
Puissance de la charge rapide | 30W |
Nombre de caméras (avant & arrière) | 4 |
Définition du / des capteur(s) arrière | 12 Mpx, 8 Mpx, 8 Mpx |
Définition du / des capteur(s) avant | 8 Mpx |
Enregistrement vidéo | 4K@30fps, 1080p@30fps |
Stabilisateur caméra | Numérique |
Flash arrière | LED |
Flash Frontal | Non |
Ouverture objectif photo arrières | f/1.8, f/2.4, f/2.2 |
Ouverture objectif photo frontaux | f/2.0 |
Zoom Optique | 2x |
Carte(s) SIM compatible(s) | Nano-SIM |
Compatible double SIM | Oui |
Compatible 5G | Oui |
Compatible VoLTE | Oui |
Wi-Fi | 5 |
Bluetooth | 5.1 |
NFC | Oui |
GPS | Oui |
Infrarouge | Non |
Type de connecteur | USB-C |
Lecteur biométrique à empreinte digitale | Oui |
Capteur de reconnaissance faciale | Reconnaissance faciale 2D |
Acceleromètre | Oui |
Gyroscope | Oui |
Capteur de lumière ambiante | Oui |
Prise Jack | Oui |
Nombre de haut-parleurs | 2 |
Hauteur | 154mm |
Largeur | 68mm |
Epaisseur | 8.3mm |
Poids | 169g |
Certification IP | IP65/68 |
DAS tête | 1.07 W/kg |
DAS tronc | 1.31 W/kg |
DAS membres | 2.49 W/kg |
Écran AMOLED 60 Hz, Snapdragon 690, appareil photo principal de 12 mégapixels seulement… Ça ne fait pas rêver pour presque 500 billets. On ne lui accordera que la couverture de la 5G, sa protection robuste du verre à l'avant et à l'arrière ainsi qu'une certification d'étanchéité IP65/68 qui est encore rare sur ce segment de marché. Pour le reste, le POCO X3 Pro fait mieux, pour presque deux fois moins cher.
La déconvenue ne s’arrête malheureusement pas là. S’il est compatible avec la recharge rapide à 30 W, le Sony Xperia 10 III est livré avec… un bloc 7,5 W. Vous avez bien lu : c’est peu ou prou la puissance du chargeur historique des iPhone d’anciennes générations. Inadmissible, selon nous, sur un smartphone vendu à ce prix. Dans la boîte, on trouvera également un câble USB-A vers USB-C et une paire d’écouteurs intra-auriculaires ainsi que divers embouts en silicone pour les adapter à la forme de vos oreilles.
Design : vous reprendrez bien la même chose ?
La dernière refonte esthétique de la gamme Xperia de Sony remonte à plus de cinq ans. Chaque année, invariablement, le constructeur nous propose un trio de téléphones dont la seule différence réside dans la taille de l’écran. Ici, nous sommes sur une dalle OLED de 6 pouces au format 21:9 — toujours bordée de bordures importantes, Sony se refusant à poinçonner ses écrans pour intégrer un module photo.
De part et d’autre de l’écran, on aperçoit deux grilles. En haut, elle abrite l’écouteur dédié aux appels. En bas, il s’agit du haut-parleur, qui fait donc face à l’utilisateur.
Le téléphone est encadré de plastique, et affiche sur sa tranche droite la réglette de volume, le bouton de mise sous tension (qui sert aussi de capteur d’empreintes digitales) et un bouton dédié à Google Assistant, lequel n’est pas reconfigurable pour d’autres usages. Le port USB-C est situé en bas du châssis, et la prise Jack à l’opposé, sur le haut du téléphone.
À l’arrière, rien n’a bougé. On retrouve ce verre caractéristique et ce dépouillement esthétique qui, pour le coup, fonctionne bien. Les trois modules photo sont alignés dans l’angle supérieur gauche, et le logo de la marque imprimé au centre. Comble de l’anachronisme, Sony continue d’afficher le logo du symbole « NFC » sur ses smartphones. Comme si cela était encore une rareté.
On est — globalement — mauvaise langue, mais on doit malgré tout reconnaître que le Xperia 10 III trouvera grâce auprès de celles et ceux qui cherchent un smartphone compact et discret. Ses dimensions contenues et son poids réduit (169 grammes) en font un appareil qui est utilisable à une main, et qui s’oublie facilement dans une poche. Sauf pour ces dames évidemment, qui doivent encore aujourd’hui composer avec des poches dans lesquelles ne rentre aucun téléphone récent. Courage.
Écran : manque de justesse
Sony est connu non seulement pour ses smartphones, mais plus encore pour ses appareils photo, ses casques, ses consoles de jeu ou ses écrans Bravia de haute volée. Dommage que cette expertise n’infuse pas davantage dans le reste de ses secteurs d’activité. Car la dalle OLED (10 bits) offerte au Xperia 10 III ne répond pas tout à fait à nos attentes en termes de colorimétrie.
D’abord, il nous faut aussi rappeler qu’il s’agit là d’un écran affichant une définition Full HD+ sur une cadence de 60 Hz. Quand on sait qu’on trouve désormais des écrans AMOLED 120 Hz pour moins de 300 € (voir l’impeccable Redmi Note 10 Pro), ça calme.
Le souci, c’est que cette coupe technique n’est même pas compensée par une justesse irréprochable du côté des couleurs ou de la luminosité. Notre sonde X-Rite et le logiciel de calibration professionnel Calman Ultimate ont calculé un pic à 540 cd/m² lors de nos tests. C’est dans la moyenne du milieu de gamme, même si certains font beaucoup mieux et vont chercher les 900 nits comme le Xiaomi Mi 11 Lite 5G (399 €).
Avec le mode d’affichage des couleurs par défaut, « Standard », nous obtenons une image très froide. Notre sonde a calculé la température de l’écran à 7163K, alors que nous attendions dans l’idéal 6500K. Le mode « Original » permet de s’en rapprocher, avec 6315 K, mais ce n’est toujours pas optimal.
Ainsi à moins de disposer d’une sonde et d’un logiciel adapté, impossible pour l’utilisateur lambda d’obtenir une image précise, aux couleurs réalistes. Et pour une marque qui vend des appareils photo de pointe, ça la fout mal. Après nos réglages affinés à l’aide de notre sonde, nous sommes parvenus à un compromis presque idéal : température des couleurs de 6512K, couverture du spectre sRGB de 116,8 % (seulement 85,7 % du DCI-P3) et un delta E de 3,35.
On s’en satisfera. Mais gardez en tête que vous ne pourrez pas atteindre ces résultats sans être équipé du matériel nécessaire.
Ensuite, en termes de réactivité de l’écran, nous n’avons pas de griefs particuliers à opposer au Xperia 10 III. Il répond bien aux interactions, même si son processeur un peu capricieux nous demande parfois un peu de patience pour passer d’une application à une autre.
Son : une prise jack salvatrice
L’unique haut-parleur du Xperia 10 III ne fait pas de merveilles. Malgré sa grande taille, il se concentre — comme n’importe quel autre haut-parleur de smartphone — sur une restitution correcte des médiums afin de favoriser la clarté des voix. On manque donc de pêche suffisante pour mettre en valeur les basses et les aigus. Notez aussi que le volume maximum n’est pas parmi les plus élevés du marché.
Mais par chance, le Xperia 10 III se dote aussi d’une prise jack. Et les écouteurs fournis dans le coffret sont d’ailleurs de bonne facture pour faire résonner vos morceaux favoris dans de bonnes conditions. On regrette néanmoins le manque d’options permettant de personnaliser le son. Aucun égaliseur n’est au menu du smartphone. On trouvera simplement une option permettant d’activer le DSEE Ultimate : une technologie propriétaire de Sony qui permet de supersampler les fichiers MP3 afin de leur offrir un meilleur débit.
Compatible Bluetooth 5.1, le smartphone de Sony prend en charge les codecs les plus importants pour l’écoute de musique sans-fil : SBC, AAC, aptX HD et LDAC.
Performances : un smartphone chevrotant
Écrivons-le immédiatement : le Xperia 10 III est parmi les smartphones les moins performants de sa gamme de prix. Rappelons que le Snapdragon 690 dont il est doté est habituellement destiné aux smartphones moins onéreux. On l’a notamment aperçu dans le OnePlus Nord N10 (349 €) l’an passé.
Ici, on est donc loin de l’impressionnante aisance du POCO F3 (Snapdragon 870, 369 €) ou encore du realme GT — dont on ne connait pas encore les prix européens, mais dont on sait qu’il sera le smartphone le plus accessible équipé d’un Snapdragon 888.
Alors allons-y. Sous AnTuTu Benchmark, le Xperia 10 III se hisse péniblement au-dessus des 350 000 points. C’est tout de même deux fois plus que le Xperia 10 II l’an dernier. Sur Geekbench, le smartphone s’en tire avec 589 points en single-core et 1718 en multi-core.
Son GPU (le Adreno 619) n’obtient que 825 points sous 3D Mark, et sa puce de stockage en UFS 2.1 ne dépasse pas la barre des 400 Mb/s en écriture, et 870 Mb/s en lecture.
En définitive : nous sommes toujours face à un smartphone plutôt lent à la détente. Même lorsque l’on se tient éloigné des jeux et applications trop gourmandes. En navigation au quotidien, on sent bien que les transitions entre différentes applications ne sont pas un exercice où le smartphone se sent très à l’aise. Le Xperia 10 III n’est pas fluide en toute circonstance, et pour 429 € c’est selon nous un problème.
Preuve par l’exemple : l’exigeant Genshin Impact, qui se lance pourtant sur d’autres appareils de cette même gamme dans des graphismes moyens entre 30 et 60 images par seconde, ne tient ici même pas les 30 images par seconde en qualité faible. Aussi si vous envisagez sérieusement de jouer sur le Xperia 10 III, passez votre chemin.
Pire ! La lenteur du processeur s’illustre encore plus lorsque l’on cherche à prendre des photos — pourtant l’un des arguments de vente du Xperia 10 III. Quel que soit le capteur utilisé, et même en plein jour, il faudra attendre une bonne seconde avant le déclenchement de l’obturateur. Du jamais vu depuis plusieurs années.
Logiciel : une interface datée et peu fonctionnelle
Le retard accumulé par Sony en termes d’interface est colossal. Sous couvert de proposer une expérience « stock » d’Android — comprenez sans fioritures —, le constructeur passe à côté de la possibilité d’intégrer des fonctionnalités utiles à ses utilisateurs.
Livré sous Android 11 (deux ans de mises à jour garanties) avec sa mise à jour de sécurité d’avril 2021 (ça commence à faire loin), le Xperia 10 III n’offre pas la possibilité de personnaliser grand-chose. Le bouton dédié à Google Assistant ne peut servir qu’à ça ; impossible d’utiliser un égaliseur pour ajuster le son selon ses préférences ; aucune possibilité de déplacer ou de désinstaller des applications en lot pour réagencer son écran d’accueil simplement.
Encore plus inacceptable selon nous : le Xperia 10 III ne permet pas de désinstaller ses applications déjà présentes dans le stockage du téléphone. Facebook et LinkedIn, en l’occurrence, ne peuvent être que « désactivées », et restent donc sur le smartphone, peu importe que vous les utilisiez ou non.
On pourrait aussi parler de la fonctionnalité dite « d’optimisation de l’image vidéo », censée améliorer la qualité de l’image lors du visionnage d’une vidéo grâce à l’IA. On ne sait pas pour ce qui est de l’amélioration, mais on peut parler de la détérioration provoquée. Il n’y a qu’à activer le mode et lancer l’application YouTube pour s’en apercevoir : cela perturbe complètement la température de l’écran, qui revient à des niveaux très froids constatés plus haut. Bref : à désactiver immédiatement.
Autonomie : enfin un point fort
S'il y a un élément pour lequel le Sony Xperia 10 III est inattaquable, c’est son autonomie. Alors oui, si nous étions taquins, on pourrait dire qu’avec son processeur famélique et son écran 60 Hz, il n’y a pas grand-chose qui consomme de l’électricité pour épuiser la batterie. Mais toujours est-il que le résultat est là : pendant notre test, le Sony Xperia 10 III s’est montré capable de tenir deux jours complets, voire trois selon les usages.
Dans le détail, le smartphone est resté sur batterie pendant exactement 44 heures pour un temps d’écran allumé de 10 heures tout rond. C’est vraiment excellent. Aucun risque de tomber en rade de batterie avec ce smartphone.
Par contre, si vous devez le recharger dans l’urgence, nous vous conseillons de vous offrir en sus un adaptateur secteur 30 W. Rappelons que, dans la boîte, Sony ne fournit qu’un bloc 7,5 W. Accrochez-vous : il vous faudra exactement 2 heures 58 minutes pour recharger totalement le smartphone. Avec un bloc 30 W, on passe à 2 heures 10 minutes.
Photographie : malheureusement inconstant
L’intertitre ci-dessus vend déjà la mèche de nos impressions sur la partie photo du Xperia 10 III. Comme tout le reste (autonomie mise à part), c’est largement inférieur à ce que propose la concurrence. Même si, contrairement à beaucoup d’autres, le smartphone a le bon goût d’intégrer un véritable téléobjectif à sa configuration. Configuration qui se décompose d’ailleurs comme suit :
- Un grand-angle de 12 mégapixels (1/2.8" ; ƒ/1.8)
- Un ultra grand-angle de 8 mégapixels (1/4.0" ; ƒ/2.2)
- Un téléobjectif 8 mégapixels (1/4.0" ; ƒ/2.4 ; zoom optique 2x)
Mais avant même de parler image, il nous semble nécessaire de rappeler que le comportement de l’application photo est irritant au possible. Par un manque d’optimisation, ou alors par la faible puissance du processeur (ou en doute), il faut au Sony Xperia 10 III près d’une seconde pour déclencher la prise de photo. Chez la concurrence, c’est totalement instantané.
Grand-angle : un manque de contraste
Le grand-angle est habituellement le capteur le plus soigné sur un smartphone. Mais ici, on doit déjà faire face à certaines limites induites par sa petite taille, et par sa définition modeste.
Si l’exposition est toujours plutôt bonne en journée, on remarque vite des couleurs un peu fades et surtout un contraste peu marqué. Globalement, les images prises au grand-angle manquent d’un petit quelque chose qui pourrait les mettre en valeur. Conséquence d’un refus péremptoire de Sony d’abuser du traitement de l’image par algorithmes qui, pourtant, pourrait bien améliorer les résultats. Autant cette démarche peut se comprendre sur de grands capteurs haut de gamme intégrés à des appareils photo professionnels, autant sur un smartphone grand public, il serait de bon ton de lâcher un peu de lest.
Le mode HDR semble en revanche faire un travail plutôt efficace pour rééquilibrer l’histogramme dans les scénarios où la dynamique est très marquée. Le ciel est adouci, et les ombres rehaussées afin de faire réapparaître des détails dans l’image.
Ultra grand-angle : des couleurs étranges
Un problème épineux se pose lorsque l’on passe d’un capteur à l’autre. Les couleurs ne correspondent absolument pas. Sur le grand-angle, on obtient des clichés aux couleurs plutôt neutres et naturelles. Mais à l’ultra grand-angle, on passe sur quelque chose de beaucoup plus saturé, et surtout aux teintes qui dérivent vers le turquoise.
Mais dans tous les cas, difficile pour ce tout petit capteur (1/4.0") de proposer des images éblouissantes. On voit immédiatement (sur grand écran) que les 8 mégapixels sont insuffisants pour donner à voir suffisamment de détails. De plus, le piqué est tout bonnement médiocre. Seul un cercle très réduit au centre de l’image nous paraît « sharp », alors que le reste est comme lissé.
Heureusement, les algorithmes font également un joli travail en HDR. On obtient cette fois des photos plutôt raccord avec celles du grand-angle, à scénario égal.
Zoom : fait acte de présence
Vous le savez peut-être si vous lisez assidûment les tests de smartphones de Clubic, mais les constructeurs de téléphones d’entrée ou de milieu de gamme rusent pour proposer des zooms sur leurs appareils. Plutôt que d’intégrer un téléobjectif coûteux, ils préfèrent se doter d’un capteur grand-angle de haute résolution (64 mégapixels ou plus), et rogner dans l’image en HD pour simuler un grossissement. Malin, et plutôt efficace pour ce que nous en avons vu récemment. Mais le Xperia 10 III n’a pas cette approche. Il opte lui bel et bien pour un téléobjectif dédié qui, malheureusement, est lui aussi à la traîne.
Il faut déjà dire que la toute première photo que nous avons prise avec le zoom était… floue (oui, même après la pose de 1 seconde nécessaire au déclenchement de l’appareil). Ensuite, et même en s’en tenant au zoom 2x (donc optique), l’image est très bruitée. Mal définie. Et, cette fois, la teinte tire beaucoup trop vers le magenta, ce qui rompt une nouvelle fois la continuité colorimétrique entre les trois capteurs du smartphone.
Le capteur est techniquement capable de grimper jusqu’à un zoom numérique 10x. Ce que l’on ne recommande évidemment pas, pour les raisons illustrées ci-dessus.
Portrait : efficace
L’application photo du Xperia 10 III nous frustre un peu en cela qu’elle n’intègre pas de mode portrait à proprement parler. Il faut passer par une option appelée « flou d’arrière-plan » pour ce faire.
Et hormis quelques occasionnels problèmes de mise au point, on est plutôt emballés (enfin !) par les résultats. Le détourage est efficace, et le flou très progressif. Cette fois, l’image est de qualité, et les détails de la peau du sujet sont bien retranscrits à l’écran.
Bien sûr, certains scénarios posent des difficultés au capteur, comme lorsque l’on cherche à photographier un objet, un animal ou une fleur. Mais dans l’ensemble, cela se tient plutôt bien.
Nuit : un mode nuit inutile
Pour faire de belles photos nocturnes, nous avons besoin : d’un capteur de grande taille, d’un objectif avec une ouverture suffisante et d’une stabilisation de l’image efficace. Le Sony Xperia 10 III n’a aucun de ses trois ingrédients, mais tente malgré tout de réussir la recette. Sans succès.
En intérieur, on arrive encore à récupérer des photos correctes. Très bruitées, elles ne mettent pas particulièrement en valeur notre sujet. Le mode nuit disponible dans les menus a un comportement très étrange. Il rééquilibre de façon juste les hautes lumières, mais efface aussi une bonne partie du contraste de l’image, et lisse exagérément les textures pour un rendu… décevant.
En extérieur, c’est par contre la catastrophe. Le Sony Xperia 10 III offre sans doute parmi les résultats les plus décevants qu’on ait vus ces deux dernières années sur un smartphone de milieu de gamme. Avec ou sans mode nuit, l’image est illisible, brouillonne, et bruitée à l’extrême. Et que l’on parle d’un cliché pris à l’ultra grand-angle, au grand-angle ou au zoom. La copie est à revoir en intégralité.
Vidéo : une stabilisation plutôt efficace
Le Sony Xperia 10 III peut filmer avec son capteur grand-angle jusqu’en 4K à 30 images par seconde. Avec ce mode, la qualité de l’image est correcte, et la stabilisation (électronique) efficace pour compenser les mouvements de l’utilisateur.
En 1080p à 60 images par seconde, en revanche, la qualité optique se dégrade énormément. L’image est bruitée et les détails grossiers. Il y a du mieux en repassant à 30 images par seconde, mais cela reste très en dessous de ce qu’offre le mode 4K.
Enfin, l’ultra grand-angle n’est utilisable que dans le mode 1080p30, et n’offre pas non plus des images d’excellente qualité.
Sony Xperia 10 III : l’avis de Clubic
On ne va pas y aller par quatre chemins : le Sony Xperia 10 III est à fuir, tout simplement. Vendu beaucoup trop cher pour une prestation que même des smartphones d’entrée de gamme surpassent, il nous confirme que le constructeur est totalement déconnecté de la réalité du marché aujourd’hui.
Un constat qui ne nous fait pas plaisir (nous n’avons pas passé un super moment en compagnie du smartphone), mais qui doit être énoncé. Pour 429 €, le Xperia 10 III vous offre un écran mal calibré et plafonné à 60 Hz, des performances en retrait et une partie photo d’un autre âge. Ses points forts ? Indéniablement son autonomie (si l’on met de côté la filouterie concernant son chargeur…) et sa grande robustesse. En cela, il pourrait bien trouver malgré tout son public ! Mais vous qui lisez ses lignes, sachez qu’il existe de bien meilleurs smartphones à des prix bien inférieurs à celui demandé par Sony pour son Xperia 10 III.
Le tout fraîchement annoncé OnePlus Nord CE 5G en est un bon exemple et ne coûte, lui, que 299 €.
Avec le Xperia 10 III, Sony frôle la catastrophe. Déjà en difficulté sur le marché du smartphone, le constructeur livre ici un appareil daté, vendu beaucoup trop cher pour des prestations d’un autre âge, qui ne nous convainc guère que par sa très grande autonomie.
- Conception robuste (Gorilla Glass 6)
- Étanche (IP65/68)
- Prise jack de bonne qualité
- (Très) grande autonomie
- Un design qui n’évolue pas
- Écran 60 Hz mal calibré
- Interface datée
- Smartphone parfois lent
- 1 seconde pour déclencher l’appareil photo
- Partie photo à revoir de A à Z
- 3h pour être rechargé avec le chargeur fourni
- Globalement beaucoup trop cher
Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur.