Google fait sa révolution. Du moins, c’est ce qu’il aime à nous faire croire avec sa nouvelle gamme Pixel. Composée du Pixel 6 Pro et du plus classique Pixel 6, elle marque une rupture dans les habitudes du constructeur, qui affirme cette fois son envie de s’intégrer sur le segment haut de gamme.
- Très bel écran...
- Les performances du Google Tensor
- Le meilleur photophone à ce niveau de prix
- Bonne autonomie
- 5 ans de mises à jour
- Bon rapport qualité-prix
- ... mais 90 Hz seulement
- Les énormes bordures de l’écran
- Recharge plutôt lente
- Quelques absurdités sur Android 12
- Pas de vidéo 4K60 i/s à l’ultra grand-angle
- Un module photo avant qui commence à dater
Mais il faut dire que Google n’a jamais été le constructeur le plus clair sur ses intentions. Certes les Pixel 3 et Pixel 4 étaient vendus au prix fort, mais leur fiche technique ne donnait pas tout à fait le change par rapport à des concurrents directs. En est-il autrement pour ces nouveaux modèles ? En ce qui concerne le Pixel 6 Pro, c’est une évidence. Mais le Pixel 6 alors ?
Google brouille encore les pistes. Car même si ce nouveau smartphone n’est vendu que 20€ plus cher que le Pixel 5 de l’an dernier, il représente une montée en gamme insoupçonnée et salutaire pour le constructeur.
Test réalisé grâce à un exemplaire prêté par le constructeur.
Google Pixel 6 : la fiche technique
Les différences entre ce Pixel 6 et Pixel 6 Pro sont assez maigres, mais pertinentes. En payant plus cher, on aura le meilleur écran et un appareil photo supplémentaire — ainsi qu’un design un peu moins vilain, j’y reviendrai. Aussi vous l’aurez compris, les performances sont tout à fait identiques entre les deux modèles.
Fiche technique Google Pixel 6
Taille de l'écran | 6.4 pouces |
Taux de rafraîchissement | 90Hz |
Mémoire interne | 128 Go, 256 Go, 512 Go |
Mémoire vive (RAM) | 8 Go |
Capacité de la batterie | 4 500 mAh |
Charge rapide | Oui |
Définition du / des capteur(s) arrière | 50 Mpx, 12 Mpx |
Système d'exploitation | Android |
Version du système d'exploitation | Android 12 |
Surcouche Android | Android Stock |
Assistant vocal | Google Assistant |
Taille de l'écran | 6.4 pouces |
Type d'écran | AMOLED |
Définition de l'écran | 1080 x 2340 pixels |
Taux de rafraîchissement | 90Hz |
Densité de pixels | 411 DPI |
Écran HDR | Oui |
Mémoire interne | 128 Go, 256 Go, 512 Go |
Stockage extensible | Non |
Processeur | Google Tensor |
Finesse de gravure | 5nm |
Nombre de cœurs CPU | Octa-core |
Fréquence CPU | 2.8GHz |
GPU | Mali-G78 |
Mémoire vive (RAM) | 8 Go |
Capacité de la batterie | 4 500 mAh |
Batterie amovible | Non |
Recharge sans-fil | Oui |
Charge rapide | Oui |
Puissance de la charge rapide | 30W |
Nombre de caméras (avant & arrière) | 3 |
Définition du / des capteur(s) arrière | 50 Mpx, 12 Mpx |
Définition du / des capteur(s) avant | 8 Mpx |
Enregistrement vidéo | 4K@30/60fps, 1080p@30/60/120/240fps |
Stabilisateur caméra | Optique |
Flash arrière | Dual-LED |
Flash Frontal | Non |
Taille des photosites objectifs arrière | 1.2 µm (2.4 µm après pixel binning) ; 1.25 µm |
Taille des photosites objectifs frontaux | 1.12 µm |
Ouverture objectif photo arrières | ƒ/1.85 ; ƒ /2.2 |
Ouverture objectif photo frontaux | ƒ/2.0 |
Zoom Optique | Non |
Carte(s) SIM compatible(s) | Nano-SIM, eSIM |
Compatible double SIM | Oui |
Compatible 5G | Oui |
Compatible VoLTE | Oui |
Wi-Fi | 6 |
Bluetooth | 5.2 |
NFC | Oui |
GPS | Oui |
Infrarouge | Non |
Type de connecteur | USB Type-C |
Lecteur biométrique à empreinte digitale | Oui |
Capteur de reconnaissance faciale | Reconnaissance faciale 2D |
Acceleromètre | Oui |
Gyroscope | Oui |
Capteur de lumière ambiante | Oui |
Prise Jack | Non |
Nombre de haut-parleurs | 2 |
Hauteur | 158.6mm |
Largeur | 74.8mm |
Epaisseur | 8.9mm |
Poids | 207g |
Certification IP | IP68 |
DAS tête | 1.0 W/kg |
DAS tronc | 1.38 W/kg |
DAS membres | 3.0 W/kg |
Et cela est dû à l’adoption de Google Tensor. Le premier SoC made in Google fait des merveilles, et d’autant plus sur un smartphone vendu 649€. Bien sûr, le Pixel 6 ne comprend « que » 8 Go de RAM (12 Go pour le Pro), et sa batterie affiche une capacité moindre. Mais l’ensemble se tient parfaitement bien, comme nous aurons l’occasion de l’expliquer dans les chapitres suivants.
Au déballage en revanche, il n’y a pas de quoi sauter au plafond. Ayant rejoint le wagon lancé par Apple et Samsung, Google ne fournit plus de chargeur avec ses smartphones. On aura juste droit à un câble USB-C vers USB-C, à un adaptateur USB-C vers USB-A, et à une paire d’écouteurs filaires USB-C.
Design : les bordures de la discorde
Vous l’avez peut-être déjà lu dans ma prise en main des Pixel 6 et Pixel 6 Pro : je n’aime pas le design des nouveaux Pixel. Mais, en l’occurrence, le Pixel 6 en tient une sacrée couche.
Je vais mettre les pieds dans le plat : les bordures qui encadrent son écran sont scandaleuses. Avec 3 mm sur les côtés et 4 mm au niveau du « menton », Google nous renvoie des années en arrière. À titre de comparaison, les bordures d’un Xiaomi Mi 11 (699€) mesurent moins d’un millimètre, et celles d’un realme 8i (199€) autour des 2 mm. Pire ! Le contour de l’écran paraît plus épais que sur le Pixel 5, qui avait la bonne idée de rendre ses bordures symétriques.
Qu’on se le dise : le Pixel 6 Pro ne fait pas beaucoup mieux. Mais la courbure de son écran arrange un peu les choses. Ici, on est donc sur une dalle plate de 6,4" qui intègre un capteur d’empreintes digitales (très bien situé) et un module photo pile au centre.
Pour le contour du téléphone, Google reprend les codes esthétiques du Pixel 4 XL qui, une fois encore, m’avait un peu laissé de marbre pour son côté limite cheap. Il faut dire que l’épaisseur du Pixel 6 (8,9 mm) ne joue pas vraiment en sa faveur. Malgré ses dimensions plus compactes que le Pixel 6 Pro, il reste assez conséquent en main, et manque de raffinement à mon goût.
Je remettrai aussi une pièce dans la machine concernant le placement des boutons. Pourquoi donc placer le bouton de mise sous tension au-dessus du curseur de volume ? Sachant que celui-ci sert à longueur de temps pour parler à Google Assistant, par exemple. Une « particularité » signée Google dont on se passerait bien.
Bon, et le dos alors ? En effet c’est particulièrement de ce côté que la firme a fait des efforts cette année. On accueille avec plaisir le retour du design bicolore, historique pour la gamme Pixel. Dommage que seuls deux coloris soient lancés en France, et qu’il ne s’agisse pas des plus funs (le présent gris océan, et le noir carbone).
Personnellement, j’aime l’idée de la « barre d’appareils photo » des Pixel 6 et Pixel 6 Pro. Mais Google n’a pas dû faire suffisamment de tests car il ne faut pas plus de 10 minutes pour se rendre compte que, lorsqu’on tient le téléphone à l’horizontale (pour des jeux ou de la vidéo), notre main se place obligatoirement sur les objectifs photo. Une position inconfortable donc… Mais reconnaissons que le Pixel 6 sort un peu du lot grâce à cette excentricité esthétique.
J’aime aussi que la largeur de ce bloc empêche le smartphone de basculer de droite à gauche lorsqu’on tape un message alors qu’il repose à plat. Par contre, il nous faut préciser que le dos des Pixel 6 et Pixel 6 Pro est brillant. M’est avis qu’un rendu mat aurait nettement amélioré le résultat global.
Écran : une dalle très bien calibrée
Le Pixel 6 est équipé d’une dalle AMOLED de 6,4 pouces qui affiche une définition Full HD+ sur une fréquence maximale de 90 Hz (fixe). À titre de comparaison, c’est du QHD+ sur 120 Hz (variable) pour le Pixel 6 Pro.
Mais pour ce qui est de la qualité intrinsèque des deux dalles, ils jouent à armes égales. Le Pixel 6 bénéficie d’une luminosité maximale de 800 nits, ce qui est très suffisant pour un usage confortable en extérieur, et évidemment d’un taux de contraste infini.
Trois modes d’affichage des couleurs sont disponibles via les réglages : Adaptatif, Rehaussées et Naturelles. À l’aide de notre sonde X-Rite iDisplay Pro et du logiciel de calibration professionnel Calman Ultimate, nous avons étudié ces différents profils et, notre préférence oscille entre le premier et le second.
Il faut dire que l’application sur laquelle repose Calman Ultimate est datée, et gère assez mal les écrans qui permutent automatiquement entre les gamuts sRGB et DCI-P3. Aussi les mesures relevées ne pointent « que » 83% de couverture pour ce dernier, mais il ne fait aucun doute que les 100% sont atteints quand on voit la profondeur des couleurs.
Du reste, la température de l’écran est idéale (autour de 6430K), et la restitution des couleurs extrêmement proche de la norme delta E < 3 attendue.
En bref il n’y a aucune question à se poser au déballage : tout est parfait. Il n’y a plus qu’à lancer son application de vidéo préférée et profiter… du moins si vous arrivez à passer outre ces bordures (promis j’arrête) et que vous n’êtes pas trop incommodés par la gêne induite par la barre d’appareils photo.
Audio : un duo de haut-parleurs correct
Les précédents Pixel n’étaient pas forcément des smartphones impressionnants au chapitre de l’audio. Mais ce nouveau modèle nous semble faire quelques efforts, du moins en termes de qualité sonore.
Le spectre paraît plutôt équilibré ; avec quelques basses et de beaux médiums. C’est plutôt les aigus qui pêchent, mais c’est tout naturel sur des drivers si petits.
On n’aurait pas craché sur un volume un peu plus élevé (il faut parfois monter très haut pour entendre quelque chose), mais on n’en tiendra pas rigueur à Google.
Les écouteurs fournis (des Pixel Earbuds) tiennent très bien dans l’oreille grâce à leurs petites ailettes en silicone, et produisent un son étonnamment puissant — malheureusement très porté sur les graves.
Bien sûr, le Pixel 6 ne souffre d’aucun oubli côté sans-fil. Compatible Bluetooth 5.2, il prend en charge les codecs SBC, AAC, aptX, aptX HD et LDAC.
Par contre, il faut savoir que les options audio disponibles sont extrêmement réduites. Pas de Dolby Atmos, pas de profil d’écoutes, et pas d’égaliseur. Il vous faudra forcément passer par des applications tierces si vous avez l’habitude de faire des réglages son.
Performances : Google Tensor montre les muscles
Nous en parlions plus haut : les Pixel 6 sont les premiers smartphones à profiter de Google Tensor, la toute première puce conçue en interne. Les objectifs de ce changement de paradigme sont multiples. D’abord, Google peut désormais se passer des Qualcomm, Mediatek ou Samsung pour lui fournir des puces. Ensuite, et c’est plus important, il a tout le loisir d’allouer les performances comme il l’entend. À la manière d’Apple avec ses puces A15 Bionic, Google dispose maintenant un contrôle total sur ses chipsets.
En l’occurrence, ce qui intéresse Google est moins les performances brutes que la rapidité d’exécution des tâches liées à l’intelligence artificielle. Vous le verrez, le Pixel 6 n’est pas le smartphone le plus performant du marché. En revanche, et c’est malheureusement difficile à constater pour nous, utilisateurs, ils n’ont pas leur pareil pour suppléer les algorithmes de Google.
En effet, grâce à Tensor, les Pixel 6 sont en mesure d’effectuer la majorité des tâches d’IA en interne. Auparavant, les Pixel devaient systématiquement se connecter à un serveur distant, notamment pour ce qui a trait à Google Assistant ou le traitement des photos. Aujourd’hui tout cela devient de la tambouille interne afin d’accélérer les choses.
Mais, il vaut mieux l’écrire, je vous mets au pari de constater la moindre différence à l’usage entre un Pixel 6 sous Tensor et un concurrent sous Snapdragon 888. Pour l’utilisateur final, les différences sont finalement mineures. Le smartphone est rapide, il réagit sans mal à la moindre interaction. Non, pour l’instant il faut faire confiance à Google, très enthousiaste à l’idée d’avoir maintenant les coudées franches pour itérer comme il l’entend sur une base neuve.
Alors pour parler chiffres, les différents benchmarks effectués nous donnent à voir une puce à caler quelque part entre un Exynos 2100 et un Snapdragon 888 donc. Bien sûr, l’A15 Bionic d’Apple reste le SoC le plus performant du marché actuel. Mais le Google Tensor ne montre aucun signe de faiblesse au quotidien. On peut tout faire, avec un Pixel 6.
Notre mètre étalon Genshin Impact se lance sans sourciller dans un niveau de détail élevé, et peut tenir plus de 40 images par seconde sur des sessions prolongées.
Malgré tout, on constate les mêmes limites que sur le Pixel 6 Pro. À savoir une puce de stockage un peu lente pour ce qui est de l’écriture (on ne dépasse pas les 250 Mb/s — on avait relevé 1290 Mb/s sur le Galaxy S21), et une chauffe très rapide qui vient brider les performances après 20 minutes de jeu.
Logiciel : 5 ans de support logiciel, mais…
Le Pixel 6 est le premier smartphone à être commercialisé directement sous Android 12. Une nouvelle version majeure, qui apporte de nombreux changements esthétiques, notamment.
Grâce à un nouveau langage visuel baptisé « Material You », Google souhaite pousser plus loin la personnalisation d’Android. Avec l’algorithme « Monet », l’interface de tout l’OS s’harmonise avec la palette de couleurs dominante du papier peint. Ça peut paraître un peu gadget dit comme ça, mais on s’amusera souvent à changer de fond d’écran pour constater les changements de l’UI.
Ceci étant dit, cette nouvelle interface n’apporte pas que du bon. En l’occurrence, le panneau des raccourcis se complexifie même inutilement. Il faut désormais deux interactions pour désactiver le Wi-Fi, là où cette fonctionnalité a toujours été d’une simplicité enfantine. Maintenant, on ouvre le panneau, appuie sur « Internet » et décoche au choix le Wi-Fi ou le réseau mobile.
Comme sur le Pixel 6 Pro, la disposition de certaines fonctionnalités de l’application photo mériterait d’être repensée. En particulier le curseur de température de l’image, qui se situe pile au-dessus de l’accroche déclenchant la navigation gestuelle, en mode horizontal. Il n’est pas rare de quitter l’application alors qu’on veut simplement réchauffer ou refroidir l’image pendant la prise.
Maintenant, à part un vernis tout neuf, Android 12 introduit aussi de nouvelles fonctionnalités de confidentialité à l’OS. On apprécie l’ajout de boutons (dans le panneau de raccourcis) dédiés à l’activation/désactivation du micro et de l’appareil photo en plus de la localisation. Ce faisant, on réinitialise en quelque sorte les autorisations accordées précédemment aux applications. Le nouveau « Centre de confidentialité » permet aussi d’avoir un aperçu rapide des dernières applications ayant accédé à ces composants.
L’Android Private Compute Core (APCC) est aussi une nouvelle brique importante dans la conception de l’OS mobile. Désormais, certaines fonctionnalités des smartphones reposant sur l’IA seront exécutées dans des sandbox totalement coupés d’Internet. C’est notamment le cas de la fonctionnalité « En écoute », qui laisse activer le micro en permanence pour identifier la musique en cours de lecture alentour. Avec Android 12, les données récoltées par ce biais ne quittent jamais le téléphone. Aucun accès Internet n’est permis à l’APCC, et son code est ouvert pour que tout un chacun puisse son assurer.
Ceci étant dit, ne vous voilez pas la face. On reste sur un smartphone Google. Autant dire que la firme n’a pas franchement intérêt à mettre toutes vos données personnelles sous clé. D’ailleurs, on attend toujours un équivalent Android à l’App Tracking Transparency, qui permettrait de refuser tout bonnement que des applications tierces accèdent à nos datas.
Enfin, et c’est l’un des points forts des Pixel 6 : ils seront mis à jour par Google pendant 5 ans. Mais une distinction s’impose. Il s’agira de mises à jour de sécurité. En ce qui concerne les versions majeures d’Android, Google ne parle toujours que de « trois ans au moins ». A minima, les Pixel 6 et Pixel 6 Pro pourront donc être mis à niveau jusqu’à Android 15.
Autonomie : plus endurant que son grand frère
Sur le papier, le Pixel 6 Pro devrait être beaucoup plus endurant que le Pixel 6. Et pour cause, il profite non seulement d’une plus grosse batterie (5 000 mAh contre 4 500 mAh), mais aussi d’un écran dont la fréquence s’adapte de 10 à 120 Hz selon le contenu affiché. Une particularité qui a permis aux iPhone 13 Pro et iPhone 13 Pro Max de dépasser toutes nos espérances en matière d’autonomie le mois dernier.
Pourtant, nos tests ont démontré que le Pixel 6 est plus endurant que le Pixel 6 Pro. Grossièrement, vous pouvez espérer tenir une bonne journée et demie, contre une journée uniquement avec le Pixel 6 Pro.
Pour rentrer dans les chiffres, voici ce que j’ai constaté. En usage varié (vidéo, musique, jeux, réseaux sociaux et j’en passe), mon exemplaire s’est éteint après 24h, mais surtout 8h24 de temps d’écran. J’ai volontairement chargé la mule, comme je le fais à chaque test, afin d’éprouver le « pire scénario possible ». Sachez qu’en moyenne, un Français ou une Française utilise sont smartphone environ 3h30 par jour.
À l’aide du « Battery test » de PC Mark, j’ai également pu constater des résultats bien supérieurs à ceux du Pixel 6 Pro. Pour rappel ce protocole va simuler l’usage du smartphone jusqu’à ce que la batterie atteigne 20%. En Wi-Fi, et en bloquant la luminosité de l’écran à 50%, il a fallu 13h53 au Pixel 6 pour franchir ce seuil — contre 10h33 pour le Pixel 6 Pro.
Bref vous l’aurez compris, l’habit ne fait pas le moine. Le Pixel 6 est vraiment plus endurant que son grand frère malgré une fiche technique qui laissait imaginer le contraire.
Côté recharge en revanche, c’est peu ou prou la même chose. Notre exemplaire demande 1h55 pour passer de 0 à 100% d’autonomie. Vous pouvez tout de même récupérer 50% en 30 minutes si vous utilisez un chargeur 30 W — la puissance maximale permise par les Pixel 6. Rappelons que le smartphone est aussi compatible à la recharge sans-fil à 21 W.
Photographie : moins polyvalent, mais aussi impressionnant que le Pixel 6 Pro
C’est la bonne idée de Google sur sa nouvelle gamme : les capteurs photo sont les mêmes sur le Pixel 6 et sur le Pixel 6 Pro. Du moins pour ceux qui y sont présents, car ce dernier embarque un téléobjectif qui est absent du modèle classique.
Et que dire sinon que les Pixel avaient bien besoin d’un coup de peinture fraîche dans ce domaine ? Attention, les smartphones de Google ont toujours eu un temps d’avance sur le traitement des photos. Mais il était plus que temps que la firme se débarrasse du Sony IMX363 de 12 mégapixels qu’il utilise maintenant depuis 4 ans (depuis le Pixel 2 !).
Cette année, on sort donc les gros moyens. Google opte pour un capteur Samsung GN1 de 50 mégapixels. Parmi ses atouts, on compte évidemment sa définition nettement supérieure, mais aussi une taille de 1/1.31" (pixels de 2.4 µm) qui laissera entrer beaucoup plus de lumière. In fine, on s’attend donc à des photographies beaucoup plus détaillées, que l’on shoote en plein jour ou à la nuit tombée.
Pour l’accompagner, Google choisit un module ultra grand-angle de 12 mégapixels (c’était 16 mégapixels sur le Pixel 5). À l’avant, on compte sur un capteur de 8 mégapixels — ce qui commence à être un peu juste en 2021 et pour 649€.
Grand-angle : mention très bien
Les Pixel ont toujours été d’excellents photophones, et ce n’est certainement pas en journée, dans de bonnes conditions lumineuses, que les progrès de cette année se mesurent le plus clairement. En revanche, on commence à avoir l’œil un peu affûté à force. Aussi on constate une amélioration dans l’exposition des parties sombres, mais surtout une qualité d’image moins dégradée sur les bords.
Pour le dire autrement, il est vraiment difficile de rater une photo en plein jour avec le Pixel 6. D’autant que le traitement de l’image est à l’avenant. Certes, le constructeur a parfois la main un peu lourde sur la saturation du vert, mais il faut avouer que le smartphone sait rendre justice aux couleurs automnales.
Dans toutes les situations, le piqué est exceptionnel (surtout au centre), et on prend un plaisir fou à zoomer dans l’image pour constater combien ce nouveau capteur fait des merveilles. L’autofocus est ultra rapide, et les algorithmes de HDR (sur lesquels on n’a aucun contrôle) font un travail formidable pour équilibrer les histogrammes trop étirés.
Notez que si le capteur compte 50 mégapixels, il est impossible de choisir d’utiliser cette définition. En effet Google a souhaité passer sur un capteur mieux défini pour pouvoir pratiquer le pixel binning, qui vient combiner 4 pixels contigus pour en augmenter la taille (de 1.2 µm en 50 mégapixels à 2.4 µm en 12,5 mégapixels). Au final pas de regret ; on profite de photos parfaitement exposées et très détaillées — ce qui ne serait pas forcément le cas en passant par un mode « haute définition ».
Quelques nouveautés logicielles douteuses
En plus du nouveau capteur, l’appareil photo principal du Pixel 6 se dote de quelques fonctionnalités logicielles exclusives. La première se nomme « Gomme magique », et Google s’est longuement attardé à en faire les louanges pendant sa conférence. Peut-être aurait-il mieux fallu la glisser sous le tapis. Explications.
La gomme magique permet, comme son nom l’indique, de faire disparaître des éléments indésirables d’une image. En éditant une photo avec la fonctionnalité idoine, le smartphone est censé nous proposer des suggestions d’éléments à faire disparaître. Dans mon cas, cela ne s’est jamais produit malgré plusieurs tentatives. Qu’à cela ne tienne, je dessine de mon doigt la zone à nettoyer. Pour le résultat que vous pouvez observer ci-dessous.
Vous le constatez, le compte n’y est pas du tout. Certes, c’est toujours plus rapide que d’ouvrir Photoshop, mais c’est aussi nettement moins efficace. Même sur une scène aussi « simple » qu’une branche à retirer d’un ciel bleu et sans nuage, la « Gomme magique » n’y arrive pas.
Évidemment en qualité de fonctionnalité alimentée par le machine learning, la gomme magique pourra s’améliorer avec le temps. Mais j’aurais apprécié que Google reconnaisse qu’il s’agit pour l’instant d’une bêta.
Autres nouveautés : les modes panorama avec mouvement et pose longue. Ce dernier fait exactement ce qu’il est censé faire (et avec succès, cette fois) quand le premier vous offre des images rigolotes mais anecdotiques. Je m’explique : prenez en photo un véhicule ou une personne en mouvement, et le smartphone simulera un effet « accéléré » autour pour nous faire croire qu’il ou elle va très vite. Bon. On s’amusera 5 minutes avant de ne plus jamais y retoucher.
Ultra grand-angle : vivement un nouveau modèle
Je l’écrivais plus haut, l’ultra grand-angle du Pixel 6 est techniquement moins bon que celui du Pixel 5. Sur pièce, on ne s’en rend pas vraiment compte. Mais en comparant des photos prises au grand-angle et à l’ultra grand-angle, on se dit qu’il sera temps que Google renouvelle également ce capteur.
Mon plus gros reproche à son encontre est la discontinuité colorimétrique. Par rapport au module principal, les photos prises à l’ultra grand-angle sont plus froides. En revanche, impossible de ne pas reconnaitre que le piqué est bon au centre. Les bords perdent un peu en finesse, mais cela est tout naturel pour un capteur de cette nature.
L’angle de vue est suffisant pour immortaliser de jolis paysages (114°) sans créer de distorsions étranges. Malheureusement, ce capteur n’est pas doté d’autofocus. Pour le paysage, cela ne pose aucun problème (du moins pas de jour, j’y reviendrai), mais on aurait apprécié une approche comme celle d’Apple avec les iPhone 13 Pro et 13 Pro Max. En effet l’autofocus de ces derniers permet de prendre de très belles photos macro avec l’ultra grand-angle. Une fonctionnalité à laquelle je ne pensais pas adhérer, mais qui se montre souvent très fun à utiliser.
Bref pour résumer : l’ultra grand-angle du Pixel 6 fait un très bon travail, mais on espère un changement plus radical pour un prochain modèle.
Zoom : numérique uniquement
Si vous avez lu jusqu’ici, vous savez déjà que seul le Pixel 6 Pro embarque un téléobjectif. En revanche, les 50 mégapixels du grand-angle permettent malgré tout d’opérer un zoom numérique 2x sans trop de perte de détails.
Évidemment, on n’est vraiment pas au même niveau de qualité que le zoom optique 4x du Pixel 6 Pro, mais on s’en accommode. Surtout si vous ne sortez jamais vos photos de vos smartphones. Sur l’écran du Pixel 6, on n’y verra que du feu. Sur un moniteur en revanche, c’est un peu grossier (ce n’est qu’un rognage d’une image grand-angle au final).
Notez qu’il est possible de pousser jusqu’à un zoom numérique 7x ce que, bien évidemment, nous ne recommandons qu’aux kamikazes de la photographie. Là, les résultats ne ressemblent plus à grand-chose, si ce n’est à des peintures à l’huile façon filtre Instagram de 2010.
Il faut donc retenir que le Pixel 6 est, de fait, un photophone moins polyvalent que le Pixel 6 Pro. Mais, jusqu’à un certain point, il peut malgré tout offrir de jolies photos en se contentant d’un grossissement 2x.
Portrait : dites « cheeeeese »
Les qualités du capteur Samsung GN1 décrites plus haut trouvent également leur intérêt en mode portrait. Un exercice dans lequel la quantité de lumière emmagasinée par le capteur est particulièrement importante.
Mais l’est également la qualité des algorithmes. Eh oui, même si la technologie progresse, on n’est pas encore capable de proposer un aussi joli bokeh en se reposant uniquement sur le hardware. Et en l’occurrence, Google a fait d’importants progrès en la matière, par rapport à un Pixel 5 un peu trop agressif sur son flou d’arrière-plan.
La qualité du détourage est à saluer, mais aussi l’infini respect du constructeur pour la carnation de son sujet. C’est d’ailleurs un des chevaux de bataille de Google cette année : proposer un smartphone « inclusif », en cela qu’il respecterait comme aucun autre les différentes teintes de la peau et, notamment, les peaux noires — souvent rendues grises, voire verdâtres sur d’autres photophones.
La haute définition du capteur fait aussi son petit effet. L’image fourmille de détails et, même si un très léger lissage semble être appliqué, il reste sobre.
Sur les sujets non humains, le Pixel 6 n’a aucun mal non plus à répondre à l’appel. Le détourage de nos amies les bêtes sera plus ou moins réussi selon la quantité de poils, mais on reste sur de beaux progrès par rapport à l’an passé. Rappelons au passage que l’on peut ajuster le flou pendant, et après la pose. De même que le curseur des ombres et des hautes lumières est accessible en appuyant une fois sur l’écran. Une fonctionnalité précieuse, qu’on espère voir débarquer sur d’autres smartphones !
Enfin le module photo avant fait lui aussi un bon travail, même s’il commence à accuser le poids des années. En effet, avec 8 mégapixels au compteur seulement, il se fait nettement distancer par le nouveau capteur arrière.
Le niveau de détail est très loin d’être aussi poussé, et on remarque cette fois que le détourage est plus aléatoire (regardez les cheveux, en haut à gauche). Il fera bien entendu l’affaire pour immortaliser un après-midi entre ami(e)s, mais ne comptez pas dessus pour vous fournir une photo de profil au rendu professionnel. Il serait plus que temps que Google s’affaire à renouveler ce module donc.
Nuit : insaisissable noctambule
On s’en doutait en apprenant que le Pixel 6 bénéficierait d’un module photo principal plus lumineux : les photos nocturnes franchissent un cap. Et cela veut dire beaucoup, comme on tenait déjà en très haute estime les Pixel précédents.
Mais il nous faut d’abord discuter de l’ultra grand-angle. On l’a dit plus haut, il s’agit d’un capteur techniquement beaucoup moins impressionnant que le Samsung GN1. En l’absence d’autofocus, il se montre assez délicat à prendre en main à la nuit tombée — même en intérieur. C’est donc sans grande surprise qu’on se retrouve avec un certain lot de photos floues, et bruitées par-dessus le marché.
Le Pixel 6 sait très bien quand il doit activer le mode nuit. Cependant, par souci de comparaison, j’ai tout de même voulu essayer le mode dédié dans les réglages. Des différences, il y en a bel et bien, mais elles ne sont pas majeures. En fait, on remarque juste une balance des blancs mieux réglée via le mode nuit que le mode automatique. La durée de pose est aussi légèrement plus longue, et donc les ISO moins élevés. À l’ultra grand-angle, le bruit reste néanmoins important.
Le grand-angle, quant à lui, est simplement impeccable. Même remarque qu’au-dessus : on obtient une balance des blancs plus juste en utilisant le mode nuit dédié. Mais la qualité des clichés est similaire. En l’occurrence, on apprécie le piqué formidable au centre de l’image, et la quasi-absence de bruit.
Enfin en extérieur, le constat n’évolue pas. Le grand-angle écrase son collègue de tout son poids. Les photos sont d’une précision redoutable ; avec ses lignes bien définies et son exposition parfaite (la gestion des hautes lumières est admirable).
Ce n’est pas bien compliqué : on ne trouvera aucun autre smartphone à ce niveau de prix capable de livrer une telle prestation.
Vidéo : un vidéaste assumé
Enfin en vidéo, le Pixel 6 est également comme un poisson dans l’eau. Du moins si l’on se contente de filmer au grand-angle. En effet, outre des capacités techniques plus poussées, il est le seul à pouvoir filmer en 4K à 60 images par seconde. C’est d’ailleurs bien dommage ; la quasi-totalité de la concurrence autorise cela sur tous les capteurs.
Qu’à cela ne tienne, les films tournés au Pixel 6 sont de très grande qualité. Le niveau de détails n’approche pas encore tout à fait celui des iPhone 13, mais s’en rapproche. On tiquera peut-être sur des couleurs (le vert, surtout) un peu trop saturées, mais nous n’avons pas grand-chose d’autre à reprocher au dernier Google. La stabilisation est d’ailleurs de très haute volée, et offre plusieurs modes pouvant s’adapter à différents types de situations.
L’ultra grand-angle enfin, même s’il est limité à 30 images par seconde, offre aussi des films de bonne qualité. On remarquera simplement quelques artefacts de compression (surtout dans les zones sombres), et un piqué globalement moins appétissant. Il restera votre focale de choix pour immortaliser de grands paysages.
Google Pixel 6 : prix, disponibilités et concurrence
Le Pixel 6 sera lancé, comme le Pixel 6 Pro, le 28 octobre. Il sera proposé dans deux coloris : Gris Océan (modèle testé) et Noir Carbone.
Un seul modèle sera commercialisé : celui équipé de 8 Go de RAM pour 128 Go de stockage interne, à 649€. Il est donc lancé seulement 20€ de plus que le Pixel 5 de l’an dernier, alors qu’il ne boxe pas du tout dans la même catégorie. Un très bon point. Jusqu’au 27 octobre, un casque sans-fil à réduction de bruit Bose 700 est offert pour toute précommande.
À ce tarif, le Pixel 6 fait donc face au récent Xiaomi 11T Pro (mais aussi au Xiaomi Mi 11i), au Samsung S20 FE (ou au S21 FE quand il se décidera à sortir…), au OPPO Find X3 Neo, Motorola Edge 20 Pro ou, pour la blague, à l’iPhone 11 d’il y a deux ans.
Google Pixel 6 : l’avis de Clubic
Si votre truc, c’est la photo, ne perdons pas un instant pour déclarer que sous les 650 euros, vous ne trouverez rien de mieux que le Google Pixel 6. Grâce à son nouveau capteur et ses algorithmes plus précis que jamais, il offre des images étourdissantes, qu’importe le scénario qu’on lui présente.
Mais tout n’est pas rose, et le Pixel 6 échappe à la note maximale pour plusieurs points. D’abord pour son design, à la fois daté et un peu grossier. Ensuite, même s’il est excellent, l’écran du Pixel 6 est plafonné à 90 Hz. Une fréquence qui n’est plus guère utilisée que par Google, ou des constructeurs d’entrée de gamme. La recharge est aussi un peu lente, le capteur photo avant daté et l’ultra grand-angle assez limité.
Malgré tout, le Pixel 6 reste un smartphone très intuitif, solide et qui offre finalement tout ce que l’on pourrait vouloir sur un smartphone milieu/haut de gamme. Ajoutons à cela le support logiciel garanti sur cinq ans, et on n’est pas loin d’avoir le meilleur smartphone Android lancé sur ce segment cette année. Une réussite.
- Très bel écran...
- Les performances du Google Tensor
- Le meilleur photophone à ce niveau de prix
- Bonne autonomie
- 5 ans de mises à jour
- Bon rapport qualité-prix
- ... mais 90 Hz seulement
- Les énormes bordures de l’écran
- Recharge plutôt lente
- Quelques absurdités sur Android 12
- Pas de vidéo 4K60 i/s à l’ultra grand-angle
- Un module photo avant qui commence à dater