Depuis son ostracisation, Huawei plie, mais ne rompt pas. Bien que moins présent sur le secteur haut de gamme de la téléphonie, le constructeur continue pourtant d’innover et de proposer des produits de qualité. Après le P50 Pro, voici que le fabricant chinois dévoile son nouveau smartphone premium : le Mate 50 Pro. Avec toujours autant d’ambitions photographiques et toujours autant de bâtons dans ses roues pour plaire au plus grand nombre. Alors, est-ce la chronique d’un test annoncé ?
- Un écran bien calibré et lumineux
- Un design aux finitions irréprochables
- Des très bonnes performances même en gaming
- Une partie audio vraiment satisfaisante
- La meilleure expérience photo (capteur principal, portrait et mode "Nocturne")
- Une autonomie satisfaisante et une charge rapide
- Un dos en verre trop facilement salissant
- Un bloc photo imposant qui ne plaira pas à tout le monde
- Un écran LPTO
- Pour certains, l'absence de 5G
- Pour beaucoup, la nécessité de bidouiller pour avec une expérience Android aboutie
- Pour nous, une position tarifaire pas assez agressive
Fiche technique Huawei Mate 50 Pro
Taille de l'écran | 6.74 pouces |
Taux de rafraîchissement | 120Hz |
Mémoire interne | 256 Go, 512 Go |
Mémoire vive (RAM) | 8 Go |
Capacité de la batterie | 4700 mAh |
Charge rapide | Oui |
Définition du / des capteur(s) arrière | 50 Mpx, 13 Mpx, 64 Mpx |
Système d'exploitation | HarmonyOS |
Version du système d'exploitation | HarmonyOS 3.0 |
Assistant vocal | Celia |
Taille de l'écran | 6.74 pouces |
Type d'écran | OLED |
Définition de l'écran | 1212 x 2616 pixels |
Taux de rafraîchissement | 120Hz |
Densité de pixels | 428 ppi |
Écran HDR | Non |
Mémoire interne | 256 Go, 512 Go |
Stockage extensible | Oui |
Processeur | Snapdragon 8+ Gen 1 4G |
Finesse de gravure | 4nm |
Nombre de cœurs CPU | 8 |
Fréquence CPU | 3.19GHz |
GPU | Adreno 730 |
Mémoire vive (RAM) | 8 Go |
Capacité de la batterie | 4700 mAh |
Batterie amovible | Non |
Recharge sans-fil | Oui |
Charge rapide | Oui |
Puissance de la charge rapide | 66W |
Nombre de caméras (avant & arrière) | 4 |
Définition du / des capteur(s) arrière | 50 Mpx, 13 Mpx, 64 Mpx |
Définition du / des capteur(s) avant | 13 Mpx |
Enregistrement vidéo | 4K@30/60fps, 1080p@30/60/120/240/480fps, 720p@960fps, 720p@3840fps |
Stabilisateur caméra | Optique et Numérique |
Flash arrière | LED |
Flash Frontal | Non |
Ouverture objectif photo arrières | f/1.4-f/4.0, f/3.5, f/2.2 |
Ouverture objectif photo frontaux | f/2.4 |
Zoom Optique | 3.5x |
Carte(s) SIM compatible(s) | Nano-SIM |
Compatible double SIM | Oui |
Compatible 5G | Non |
Compatible VoLTE | Oui |
Wi-Fi | 6 |
Bluetooth | 5.2 |
NFC | Oui |
GPS | Oui |
Infrarouge | Oui |
Type de connecteur | USB Type-C 3.1 |
Lecteur biométrique à empreinte digitale | Oui |
Capteur de reconnaissance faciale | Reconnaissance faciale 3D |
Acceleromètre | Oui |
Gyroscope | Oui |
Capteur de lumière ambiante | Oui |
Prise Jack | Non |
Nombre de haut-parleurs | 2 |
Hauteur | 162.1mm |
Largeur | 75.5mm |
Epaisseur | 8.5mm |
Poids | 209g |
Certification IP | IP68 |
Contexte de sortie
Parfois le monde de la téléphonie mobile à la mémoire courte. Remontons donc les pendules de quelques encablures un instant. Dans une totale indifférence, le constructeur chinois commercialise son premier smartphone en France en 2009, le U8230. Moins de 10 ans plus tard, Huawei est le second constructeur mondial après Samsung. De 2016 à 2019, chaque sortie d’un nouveau modèle de la série P ou Mate est un événement scruté et attendu. Autant par le grand public, qui prend plaisir à découvrir ce nouveau challenger, que la presse spécialisée. Nous vous invitons à jeter un œil à nos anciens tests du Mate 20 Pro ou du P30 Pro pour vous en rendre compte.
Puis, lors du printemps-été 2019, l’imbroglio géo-économico-politique débute entre l’administration américaine et le constructeur chinois. Digne d’un épisode du « Dessous des cartes », cette affaire s’est depuis enlisée privant Huawei d’un argument de séduction massive en Occident : les services officiels de Google.
Trois ans plus tard, Huawei est toujours vivant, blessé en Europe certes, mais toujours capable de proposer des smartphones ambitieux, premium tout en redoublant d’effort pour prouver que l’absence du Google Play n’est finalement pas la onzième plaie d’Égypte.
Bien évidemment, avec ce handicap et l’absence de 5G, autre conséquence de ses déboires étasuniennes, Huawei part avec un train de retard dans l’esprit du grand public. Pour autant, avec un peu de bidouille, de la patience et parfois l’aide des tutoriels de Huawei, ou d'autres, il est possible en 2022 d’utiliser le Mate 50 Pro avec presque la totalité des applications les plus couramment utilisées.
Il faudra parfois faire quelques concessions, nous y reviendrons. Pour autant, est-ce que ces concessions en valent la peine à côté des autres qualités intrinsèques de ce téléphone ? Là est où tout le réel enjeu d’un test de smartphone Huawei en 2022.
Design, toujours aussi facilement identifiable
Que l'on aime ou pas, en matière de design, le constructeur a toujours assumé une approche plutôt ostentatoire. Comprenez par là, que de dos, un smartphone Huawei se reconnaît souvent facilement grâce à son module photo souvent exubérant, mais toujours bien assemblé. Délaissant un format roue, adopté sur le Mate 40 Pro, notre larron du jour opte toujours pour une forme circulaire, mais cette fois pleine. Entouré d’un fin cerceau doré, ce bloc photo n’est pas discret, cependant l’ensemble est réussi et fait vraiment haut de gamme. Vitré, le dos de l’appareil s’habille d’une jolie teinte grise et diaprée selon les reflets de la lumière. Bien qu’agréable sous les doigts, cette matière est un véritable nid à traces de doigts. Entre nos poches et nos mains, il se salit vraiment rapidement. Pour sa défense, il ne se nettoie facilement.
Le reste de la conception ne souffre aussi d’aucun défaut. Les courbes et les finitions frôlent la perfection et le châssis enrobe parfaitement l’écran et le dos à travers une légère courbe. En main, comme ses confrères haut de gamme, il est plutôt imposant : 162,1 × 75,5 × 8,5 mm pour 209 g. Bien qu’il ne soit en rien pataud, sa préhension à une main nécessite un peu d’équilibre.
De face, le poinçon discret du Mate 40 Pro fait place ici à une large encoche. Plus discrète que sur les derniers iPhone, cette dernière abrite un haut-parleur, un capteur de 13 mégapixels et un capteur ToF. Ce dernier offre aux utilisateurs un système de reconnaissance faciale 3D, semblable à Face ID, qui ne nous a jamais fait défaut une seule fois en 15 jours. Dans la pénombre, avec une casquette ou une capuche, ce Mate 50 Pro nous a toujours reconnus facilement.
Sur la tranche inférieure, nous retrouvons sans surprise le second haut-parleur, le port USB-C ainsi qu’un slot avec deux emplacements. L'appareil est alimenté par un port USB-C qui sert également de prise casque. On note que le Mate 50 Pro peut accueillir deux cartes nano-SIM, ou une seule et une carte mémoire NanoMemory. Ce format propriétaire de Huawei permet d’augmenter la capacité de stockage de 128 Go pour une cinquantaine d’euros supplémentaires. L'intention est là, contrairement à ses nombreux confrères du haut de gamme. Enfin, sachez que le Mate 50 Pro est, comme attendu, certifié IP68.
Écran, une immersion de tous les instants
En main, les smartphones haut de gamme de Huawei ont toujours été de beaux bébés. Avec sa large diagonale de 6,74 pouces, le Mate 50 Pro ne déroge pas à la règle. Légèrement incurvée, la dalle OLED de 1212 × 2626 pixels offre vraiment une belle sensation d’immersion.
En matière de colorimétrie, Huawei fait un sans-faute dès la sortie d’usine. Alors que le constructeur avait souvent la fâcheuse tendance à appuyer sur le champignon de la saturation, ici, la température s’avère extrêmement neutre et proche de la réalité. Contrairement à d’autres constructeurs asiatiques, Huawei a (enfin) compris que les codes et les habitudes d’usages colorimétriques entre l’Europe et la Chine ne sont pas les mêmes.
Pour ceux qui préfèrent tout de même cette expérience d’usage, il est possible de basculer sur un mode « Couleurs vives ». Cependant, la calibration se déséquilibre puisqu’elle donne les pleins pouvoirs aux couleurs froides : les bleus, les verts et parfois les violets.
Sans atteindre le sommet de l’Olympe lumineux, le Mate 50 Pro s’en sort extrêmement bien. Il fait même partie du top 5 en la matière. De jour, à l’extérieur, il est possible de faire monter bien haut la lumière pour tuer dans l'œuf les reflets sur l’écran. C’est efficace. De nuit et en intérieur, notre larron du jour est champion de limbo. Il est capable de descendre sa luminosité tellement bas qu’il s’utilise avec plaisir au réveil, comme au coucher. Un écran parfait ?
Presque ! Bien que son taux de rafraîchissement dynamique puisse monter jusqu’à 120 Hz, la norme du haut de gamme, il ne pourra descendre en dessous des 60 Hz. Vous l’aurez compris, cette dalle n’est pas LPTO. Un petit détail qui prive le Mate 50 Pro de la note suprême.
Interface, la vie sans Google Play, vraiment ?
Voici le premier poumon de notre test. Comme tous les smartphones actuels de la marque en Europe, le Mate 50 Pro ne s’appuie pas sur HarmonyOS, mais sur EmotionUI 13 basé sur Android AOSP. Évacuons d’emblée un point. En matière de navigation pure, ce smartphone n’a rien de déroutant. Réglages à foison, centre de commandes bien ordonné, notifications limpides, navigation gestuelle véloce… Tout est là. Par contre, sur la partie personnalisation graphique, peu de choses à se mettre sous la dent. Les férus de Material You ne manqueront pas de le remarquer.
Attardons-nous maintenant sur le plus intéressant. Comme vous le savez, pour télécharger des applications, il faut passer par l’AppGallery et non le store de Google. Année après année, force est de constater que ce magasin alternatif s’enrichit de plus en plus : Deezer, Leboncoin, Cdiscount, de nombreux services bancaires (Société Générale, Caisse d'Epargne, Banque Populaire…), Tinder… Il en manque pas mal, mais une base est là.
Comme vous le savez également, pour profiter des absentes, il faut ruser un peu. Deux solutions s’offrent alors à nous. La première consiste à utiliser la version web de l'application en question. Ce n’est pas toujours l’idéal, notamment en matière d’ergonomie et de réception des notifications, mais cela peut sauver les meubles. La seconde demande un peu plus de bidouilles. Pour les installer, il faudra rechercher vos applis dans Petal Search, Huawei nous dirige alors vers des sites tiers, principalement Apkpure, afin de les télécharger et de les installer manuellement. Cela prend plus de temps, mais ce n’est pas non plus la mer à boire.
Après deux bonnes heures de configuration, nous avons pu télécharger nos applications préférées afin d'avoir pendant 15 jours d’une expérience utilisateur complète. Netflix, Genshin Impact, Messenger, Snapchat, Reedit, Telegram, WhatsApp, Twitch…
Mieux, en téléchargeant Gspace, il est même possible d’accéder au Play Store, de télécharger les applications qu’on souhaite (Google Map, Gmail, Uber, Spotify…) et de créer des raccourcis pour y accéder rapidement. D’autant que sur son site, l’entreprise chinoise explique généralement avec pédagogie la marche à suivre pour les moins à l’aise avec les entrailles d’un smartphone. Et sur d'autres forums, les utilisateurs de Huawei n'hésitent pas non plus à nous éclairer en cas de pénombre. Alors où est le problème ?
Comme dit précédemment, cela nécessite plus de temps et pas mal de bricolage. Parfois, sur certaines applis, les notifications sont capricieuses, parfois les liens APK sont obsolètes . Il faut ainsi en trouver un autre et surtout mettre à jour les applications par soi-même. Ce n’est évidemment pas parfait, mais vu le handicap avec lequel part le constructeur, louons-lui au moins un fait : il essaye.
Ceux qui aiment avoir un smartphone clef en main, et on les comprend vu le prix passeront directement leurs chemins. Et c’est tout à fait compréhensible, à quoi bon payer plus de 1 000 euros pour se compliquer la vie. Pour tous les autres, rétablissons un début de vérité. Une fois les embûches précitées passées, encore une fois, elles sont nombreuses, il est possible de profiter d’une expérience aboutie avec un Mate 50 Pro.
Ah et quid de la sécurité ? Selon le constructeur, le Mate 50 Pro doit bénéficier de deux mises à jour majeures d'Android et de trois ans de mises à jour de sécurité. De temps en temps, certains messages ne sont pas des plus rassurants…
Après, nous n'avons eu aucun souci durant nos tests, pour autant il nous faudrait tester le smartphone sur la durée pour voir si des problèmes majeurs s’invitent à la fête. Après, c'est un débat interminable de repas de Noël. Google, Apple ou Huawei et les données personnelles, bonnet blanc ou blanc bonnet ?
Performances, enfin une puce Qualcomm qui ne chauffe pas trop ?
Voici le second poumon de notre test. Le Mate 50 Pro embarque la toute récente Snapdragon 8+ Gen 1, 8 Go de mémoire vive et un modem 4G. Certains crieront au scandale pour ce prix, d’autres rétorqueront que ce réseau n’est pas encore totalement implanté ou que certains opérateurs, comme Free, ne font que « customiser » une bande 4G en 5G.
Pour ma part, je me situerais au centre. Habitant à Paris, je ne capte pas tout le temps la 5G, et oui, le plus clair de ma consommation s’étalant entre mon Wi-Fi au bureau et chez moi. Pour autant, je peux comprendre que le Mate 50 Pro reste un investissement à moyen ou long terme. De ce fait, on est en droit d’attendre un smartphone capable de se connecter à un réseau qui s’implémente de mieux en mieux, année après année, et qui représente l'avenir. Chacun se fera son opinion sur la question en fonction de ses usages, de ses attentes et bien sûr, de sa position géographique.
À mon sens, si l'on creuse un peu, le vrai problème du Mate 50 Pro n’est pas son modem 4G, mais plutôt une autre conséquence de ses déboires avec les États-Unis. Son impossibilité d’utiliser ses propres puces Kirin. Sur le Mate 40 Pro, le SoC de made in Huawei nous avait tellement impressionnés que nous restons forcément sur notre faim. Attention, ce n’est pas plus une infamie que d’utiliser la petite dernière de Qualcomm, loin de là, mais un peu d’hétérogénéité ne fait jamais de mal. Alors, que vaut cette version légèrement améliorée de la Snapdragon 8 Gen 1 ?
Comme nous nous y attendions, la navigation est fluide en multitâches, même lorsque de nombreuses applications restent ouvertes en arrière-plan. Pour les applis gourmandes de création 3D ou de retouche photo et pour les jeux puissants, même son de cloche, il tient parfaitement la cadence.
Sur l’intraitable Genshin Impact, on le pousse sans crainte à 60 images par seconde en graphisme moyen. Là où ce nouveau SoC s’améliore, c’est en matière de stabilité et de dissipation de la chaleur. Certes, il chauffe, mais beaucoup moins que ses concurrents sous Snapdragon 8 Gen 1, première du nom. On peut jouer sans problème pendant une heure sans de gêne particulière. Au-delà, il faut le laisser un peu se rafraîchir. Un petit quart heure de mi-temps suffit amplement.
Photo, le nouveau lion de la savane ?
Comme nous l’annoncions en mai dernier, Huawei et Leica, c’est terminé. Est-ce pour autant préjudiciable pour Huawei ? Selon DxO apparemment non, puisque le Mate 50 Pro déloge le Pixel 7 Pro de la première place du classement dans les benchmarks de l’entreprise française. Est-ce que cette distinction est méritée ? Voyons d’abord les forces en présence.
- Un module principal Sony IMX766 (f/1,4 à f/4,0) de 50 mégapixels.
- Un ultra-grand-angle Sony IMX688 (f/3,5) de 13 mégapixels.
- Un téléobjectif de 64 mégapixels (f/3,5) avec un zoom optique x3,5, et numérique jusqu’à x200.
- Et enfin, un capteur avant de 13 mégapixels.
Grand-angle
Comme annoncé lors de notre prise en main, le Mate 50 Pro propose un capteur principal avec une ouverture variable allant de f/1.4 à f/4. Autrement dit, il adapte de manière mécanique, et non simplement logiciel, son ouverture en fonction des luminosités. Bien qu’il soit possible de gérer manuellement, notamment dans le mode « Pro », cette fonctionnalité, Huawei nous facilite la tâche en la proposant de manière accessible dans le mode « Ouverture » . Il est donc possible d’en profiter au quotidien très rapidement et avec une facilité déconcertante. Du coup, si le ciel est gris, si on est en plein soleil ou en fin de journée, ou encore en contre-jour, le Mate 50 Pro nous propose toujours plusieurs alternatives pour chaque situation.
Durant nos tests, le résultat était bluffant. Le capteur principal du Mate 50 Pro est d’une polyvalence à toutes épreuves. La scène est systématiquement mise en valeur par une restitution des textures réussie et le niveau de détails toujours impressionnant. Encore une fois, sans vraiment d'effort.
L’image est toujours nette et ne se déforme jamais même lors d’un shoot rapide. Surtout, il arrive sans mal à se hisser au niveau du Pixel 7 Pro en matière de colorimétrie. Cette dernière est restituée naturellement, notamment grâce à une gestion presque parfaite de la balance des blancs.
Ultra grand-angle
Ici, Huawei ne fait pas le choix de la surenchère de mégapixels. Bien lui en a pris, puisque ce capteur s’est révélé diablement à l’aise. Tout d’abord, grâce à son excellent champ de vision, il est possible de prendre une large scène avec peu de recul. C’est très appréciable pour photographier des monuments. Ensuite, la distorsion est bien gérée et le piqué au rendez-vous. Même les scènes à haute dynamique n’arrivent pas à effrayer cet ultra-grand-angle.
Cependant, lorsque la prise de vue se fait rapidement, cette fois, quelques rares imperfections peuvent apparaitre en périphérie de l’image. C’est le cas sur des éléments comme les feuilles et les branches des arbres. On note également, en zoomant, quelques difficultés parfois à gérer les textures des petits éléments de la photo.
Enfin, plus la lumière baisse, plus le Mate 50 Pro retombe dans ses travers, un lissage un peu trop marqué. Globalement, il est ici bon, mais ce n’est pas le meilleur.
Téléobjectif/Zoom
Ce capteur de 64 mégapixels offre un zoom x3,5 sans perte avec une stabilisation optique de l’image et un zoom jusqu’à x100 en numérique. Aller jusque-là, n’aura évidemment aucun sens photographique. Dans l'ensemble, jusqu’au x10, le Mate 50 Pro se comporte comme un excellent élève. Ce qu’il parvient à faire dans cette tranche, peu de smartphones le font.
Concernant le mode macro, bien qu’il soit performant, il nous a un poil moins impressionné que sur le Pixel 7 Pro, notamment lorsque de nombreux éléments composent la photo.
Attention, il s’en sort pour autant bien car le résultat est toujours net et agréable à regarder.
Photos de nuit
En intérieur ou extérieur, le capteur principal se suffit à lui-même dans la grande majorité des situations. Le niveau de contraste est bien géré et les couleurs restent vraiment naturelles. Surtout, dans un environnement urbain, le bruit numérique est vraiment rare et les flux lumineux ne dégoulinent jamais, ce qui est plutôt une prouesse.
Ce capteur gère globalement bien la gestion des formes et la profondeur. Nous ne pouvons lui reprocher qu’un traitement parfois hasardeux de la pénombre dans le ciel.
Logiquement, l’ultra-grand-angle et le téléobjectif sont moins à l’aise, les clichés sont plus sombres et le bruit numérique présent sur les contours de la photo. Pour autant, cela reste exploitable, mais il faut bien se concentrer sur la mise au point.
Et le mode « Nocturne » alors ? En ville, il permet de rehausser certains éléments de la scène en poussant la saturation des couleurs. Tout sera une question de goût tant les clichés n’auront pas la même âme.
Lorsque la lumière est plus capricieuse, il sait se montrer efficace, toujours au prix de couleurs plus appuyées, comme sur le rouge ci-dessous.
Vous l’aurez compris, le mode « Nocturne » s’utilise selon la situation et vos envies, dans tous les cas, votre cliché sera réussi. Saluons ici les progrès de Huawei qui arrive à illuminer la scène sans pour autant que l'impression soit trop artificielle.
Portraits et selfies
Au jeu du portrait, faire mieux que Pixel 7 Pro est à la limite de l’indécence et pourtant… Une fois son ouverture variable maîtrisée, même en automatique, selon demande un peu d’ajustement, la prise de portraits entre clairement dans une autre dimension. À partir du mode « Ouverture », on peut choisir entre 4 réglages mécaniques (f/1,4, f/2, f/2,8 et f/4) pour gérer l’intensité du bokeh. Pour plaire à tout le monde, un mode « virtuelle », s’étalant entre f/0,96 et f/16, peut également être utilisé.
Avec une telle polyvalence, le Mate 50 Pro rend la capture des portraits vraiment plaisante. On s’amuse à tourner autour du sujet, on test, on essaye et on obtient différents résultats, mais toujours d’une indéniable qualité. Hormis à f/0,95, où l’effet de flou fait trop artificiel à notre goût, les autres réglages détourent à merveille l’objet de notre photo.
Accompagné d’un capteur ToF 3D, pour gérer la profondeur de champ, l’objectif à l’avant réalise de bons selfies avec un niveau de détail appréciable. Le détourage est effectué avec douceur même sur les détails de chevelure.
Vidéos
En matière de vidéo, le Mate 50 Pro connait bien ses gammes. Il permet de filmer en 4K, 1080p (plein écran et 16:9) et 720p, à chaque fois en 60 ou 30 img/seconde. Sur le capteur principal et le téléobjectif, il propose une stabilisation à la fois optique et électronique. Résultat, même en marchant, les tremblements sont bien absorbés. Sans atteindre le niveau d’option des derniers iPhones, le dernier rejeton de Huawei propose une copie convenable.
Autonomie et charge
Grâce à sa batterie de 4 700 mAh et sa puce Snapdragon 8+ Gen 1, qui gère mieux la consommation d’énergie, le Mate 50 Pro parvient ici à se classer parmi les meilleurs élèves du haut de gamme. Quelles que soient nos sollicitations, même les plus poussées, il a toujours tenu la journée haut la main. Même en cumulant du jeu 3D, du streaming vidéo et une bonne demi-heure sur Twitch. Toutefois, utilisé de la sorte, il faudra obligatoirement le charger avant de dormir.
Lors d’une utilisation moins gourmande, il a réussi à tenir une petite matinée de plus. Là où il impressionne le plus, c’est au niveau de sa gestion d’une batterie faible. À ce propos, Huawei nous avait promis qu’avec 1 % de batterie, il était possible de laisser éveillé trois heures le Mate 50 Pro, sans qu’on l’utilise, où de passer un appel de 12 minutes. Nous avons essayé cette dernière solution et cela marche plutôt bien. Nous avons raccroché au nez, involontairement, de notre interlocuteur, au bout de 9 minutes environ. Ce temps additionnel peut s'avérer utile dans certaines circonstances. Prévenez tout de même votre correspondant en amont.
Pour lui redonner des couleurs, Huawei accompagne son smartphone d’un chargeur de 66 W. Il nous a fallu en moyenne 35 minutes, maximum, pour le faire passer de 0 à 100 %. Ce n’est pas aussi rapide que certains constructeurs chinois, mais c’est plutôt satisfaisant, même pour les utilisateurs les plus pressés.
Huawei Mate 50 Pro : prix, disponibilités et concurrence
Disponible en noir et argent seulement, dommage, le Mate 50 Pro se décline en une unique version de 8 Go de RAM et de 256 Go de stockage. En matière de prix, il a tout d’un smartphone premium également, 1 199 euros.
À ce prix, il vient se frotter à du lourd : le Xiaomi 12 Pro, le Honor Magic 4 Pro, le Pixel 7 Pro, mais également les iPhone 14 Pro et Max ou encore le Galaxy S22 Ultra. Notons que jusqu’au 31 décembre 2022, le constructeur offre une réduction de 200 euros sur son site officiel. J’aurais tendance à penser que Huawei aurait dû proposer un tarif plus agressif, au vu de ses lacunes qui peuvent rebuter le grand public. Bien que temporaire, cette réduction est toutefois bienvenue, puisqu’elle pourrait convaincre une poignée d'indécis.
Huawei Mate 50 Pro : l'avis de Clubic
En 2022, tester un smartphone haut de gamme Huawei a quelque chose de presque frustrant. Comme à son habitude, le constructeur nous livre un produit premium avec un écran immersif et des performances de premier ordre. En matière de photo, chaque année, le constructeur arrive à améliorer sa copie. Si bien qu’aujourd’hui son capteur principal, ses portraits et son mode « Nocturne » sont les plus polyvalents et les plus performants de la « famille » Android. Une bonne autonomie, une charge rapide, une partie audio appréciable… Mais, mais, mais !
Conseiller pour autant un smartphone Huawei au grand public est délicat à cause de son absence de 5G, qui peut en rebuter certains, mais surtout à cause d’une partie logicielle à construire quasiment soi-même. La base d’utilisateurs de Huawei se réjouira d’apprendre que cette partie logicielle s’améliore de plus en plus. Les plus technophiles, les plus curieux, les plus bricoleurs pourraient, eux aussi, se laisser tenter, tant les qualités de ce smartphone sont nombreuses. Et, ils auraient raison, tant qu'ils le font en toutes connaissances de causes.
Pour les autres, l’immense majorité, cette complexité d’interface est rédhibitoire. Un point non négociable quand on débourse autant d’argent. Et, on les comprend logiquement aussi. Avec de la 5G et une expérience Android classique, est-ce que le Mate 50 Pro serait en cette fin d'année sous le feu des projecteurs ? Bien que ce soit une uchronie, nous pensons, sans trop nous mouiller, que oui…
- Un écran bien calibré et lumineux
- Un design aux finitions irréprochables
- Des très bonnes performances même en gaming
- Une partie audio vraiment satisfaisante
- La meilleure expérience photo (capteur principal, portrait et mode "Nocturne")
- Une autonomie satisfaisante et une charge rapide
- Un dos en verre trop facilement salissant
- Un bloc photo imposant qui ne plaira pas à tout le monde
- Un écran LPTO
- Pour certains, l'absence de 5G
- Pour beaucoup, la nécessité de bidouiller pour avec une expérience Android aboutie
- Pour nous, une position tarifaire pas assez agressive