Les résultats à la baisse sur l'année 2022 et les projections pour les prochains mois contraignent les géants des nouvelles technologies à remercier des travailleurs recrutés à tour de bras… il y a tout juste quelques mois.
Auraient-ils eu les yeux plus gros que le ventre ? Sursollicités par une demande explosive au plus fort de la pandémie de COVID-19, les grands noms de la tech n'ont eu d'autre choix que d'embaucher vite et beaucoup. Mais la tendance commerciale est revenue à des niveaux raisonnables, voire même un peu plus bas. Nous pouvons ajouter à cela d'autres circonstances qui leur imposent de réduire la voilure. Et ce n'est visiblement pas près de s'arrêter.
La pérennisation de l'inflation sera déterminante
Le modèle économique d'une majorité de plateformes est basé sur la publicité. Or, face à la hausse globale de leurs dépenses, notamment énergétiques, beaucoup d'entreprises coupent dans des budgets secondaires. Bien qu'elles soient primordiales pour beaucoup d'entreprises, la publicité sur les réseaux sociaux, la communication et la visibilité sur le web restent en première ligne de leurs saignées financières en cette période d'inflation galopante. Avec une conséquence directe et quasi instantanée pour Alphabet (Google), Meta (Facebook, Instagram) et même Microsoft, qui vend des publicités sur son moteur de recherche Bing.
À moins que la conjoncture ne change très vite, ces « Big Tech » ne pourront pas conserver leurs trains de vie d'il y a encore quelques mois. Pire, cette période est l'occasion pour certains outsiders de tirer leur épingle du jeu et de s'imposer structurellement dans la course. Alors que les audiences des plateformes historiques sont en baisse, de plus en plus d'annonceurs se tournent notamment vers TikTok pour sa compétitivité et ses performances. Encore une ombre au tableau.
Les constats ne sont pas plus roses dans le domaine du e-commerce. Après une profitabilité rassurante au plus fort de la pandémie, Amazon a ainsi subi une décélération post-COVID, enregistrant, fin 2022, une croissance timide pour ses standards. Si son chiffre d'affaires a augmenté, cela s'est fait à un rythme plus lent qu'attendu sur les derniers trimestres. De son côté, son activité de cloud computing (AWS) subit également la frilosité des entreprises soucieuses de maîtriser leurs coûts.
Besoin de garder des bases saines
Dans ce contexte, les quatre géants américains devraient confirmer des baisses importantes de bénéfices pour l'année passée, dont les plus importantes pour Meta. Et, bien qu'ils aient déjà supprimé des dizaines de milliers de postes, rien n'est pour l'instant stabilisé. Ainsi, alors qu'elle a déjà remercié 1 000 employés en 2022, Microsoft a indiqué ce 18 janvier vouloir entreprendre une nouvelle coupe de 10 000 postes d'ici au troisième trimestre 2023.
Pour l'instant, Apple, elle, ne licencie pas. Elle embauche à un rythme moins soutenu. Et, pour la première fois depuis presque quatre ans, la marque à la pomme devrait voir son chiffre d'affaires baisser ; les soulèvements dans l'usine de son sous-traitant chinois l'ayant contrainte à allonger ses délais de livraison. Pas de quoi y voir un début de fragilité, mais la vigilance est de mise et la firme travaille déjà sur la diversification de ses centres de production.
Face à ces constats, les mastodontes technologiques vont redoubler d'efforts en 2023 pour consolider leurs marges et apaiser les inquiétudes des investisseurs. D'autant que ces derniers se montrent prudents quant à leurs récents choix stratégiques internes. Meta, par exemple, ne parvient pas à rendre son metaverse convaincant et en mesure de dégager des profits significatifs. Rien de rassurant, donc, au regard des sommes colossales injectées dans cet univers virtuel. De son côté, Alphabet défend ses « corrections de trajectoire ». Cela sera-t-il suffisant ? Sans oublier Twitter, qui vacille au gré des annonces de son nouveau P.-D.G.
Alors, tourmente passagère, ou lente implosion ? Ascenseur émotionnel, en tout cas, pour les milliers de salariés sur le carreau…
Sources : Reuters, Businessinsider.com, TV5Monde