Notre quotidien a grandement changé ces dernières années avec la présence quasi universelle de téléphones de plus en plus intelligents dans nos poches (du moins lorsque celles-ci sont assez grandes). La vie de couple s'en trouve aussi affectée, mais pas toujours pour le meilleur.
Selon un récent sondage IFOP pour le Journal du Geek, les amoureux hésitent de moins en moins à infiltrer les smartphones de leurs moitiés pour, en général, trouver des réponses à leurs soupçons, mais également pour des raisons bien plus graves.
Un phénomène générationnel
Connu sous le terme de snooping, l'espionnage du smartphone de son partenaire est assez courant chez les Français : ils sont 4 sur 10 à admettre l'avoir déjà fait au cours de leur vie. Si, dans un peu plus de la moitié des cas, on parle de démarches exceptionnelles, pour l'autre moitié, il s’agit de mesures occasionnelles, voire régulières.
Cependant, les chiffres ne sont pas les mêmes selon l'âge et le sexe. Si le snooping est plus fréquent chez les jeunes, il l'est aussi davantage chez les femmes. Ainsi, chez les moins de 35 ans, près d'un homme sur deux (56 %) et deux femmes sur trois (67 %) le pratique, contre respectivement 30 et 36 % chez les plus de 35 ans. En revanche, la tendance s'inverse chez les moins de 25 ans, où les hommes en couple sont ceux qui espionnent le plus (49 % pour eux contre 36 % pour les femmes).
Louise Jussian, responsable de l'étude IFOP, commente ainsi ces chiffres : « Il apparait clairement que le snooping est un phénomène générationnel intimement lié à l’importance qu’ont pris les smartphones dans la vie quotidienne des jeunes, outil de communication indispensable qui contient l’essentiel – photos, messages, réseaux sociaux… – de leur vie intime ».
Les échanges avec les autres comme objet d'intérêt
Lorsque l'un des deux partenaires prend en main l'appareil de l'autre, c'est principalement pour surveiller les communications de ce dernier (messages privés, journaux d'appels, contacts). Mais également pour regarder ses photos et vidéos enregistrées, ou encore pour scruter sa présence sur les réseaux sociaux.
Toutefois, les jeunes de moins de 25 ans se distinguent une nouvelle fois, comme le souligne le Journal du Geek : « Chez ces derniers, l’activité du – ou de la – partenaire sur les réseaux sociaux est particulièrement scrutée : ainsi, 60 % des femmes de cette tranche d’âge (contre 42 % des hommes) se sont intéressées aux personnes qu’il/elle suit ou qui le/la suivent et plus de la moitié des femmes (55 %) ont checké sa présence sur les réseaux sociaux ».
Cet attrait pour la vie sociale de l'autre semble toutefois justifié, selon le point de vue. En effet, une personne interrogée sur deux a déclaré avoir trouvé quelque chose de répréhensible sur l'appareil de son partenaire, et l'infidélité serait ici un délit courant. Comme le rapporte le Journal du Geek, « l’espionnage a révélé pour près d’une personne sur trois (29 %) des jeux de séduction et, pour une sur cinq, un contact gardé avec un/une ex (21 %) ou une infidélité (19 %) ».
Par ailleurs, les hommes seraient plus souvent pris en flagrant délit de consultation de sites pornographiques (22 % contre 14 %) et de présence sur des sites de rencontres (18 % contre 14 %). Tandis que les femmes seraient plus enclines à dépenser de l'argent en cachette sur des comptes joints (22 % contre 13 %) et à dénigrer leur conjoint auprès d'autres personnes (16 % contre 13 %). Apparemment, les clichés n'ont pas la vie dure en France…
Un objet capable de briser les couples, et bien plus encore…
Au final, ces pratiques ne sont pas sans conséquences, et 16 % des personnes interrogées ont déclaré s'être disputées après que leur partenaire ait regardé leur téléphone. Dans 6 % des cas, cela aurait même conduit à une rupture. Là encore, les moins de 25 ans se démarquent avec des chiffres respectifs de 31 % et 15 %.
Mais, l'enquête ne se limite pas à mettre en évidence l'ampleur du snooping sur les couples. En effet, Louise Jussian fait remarquer que « les entorses à l’intimité numérique peuvent aussi être symptomatiques d’une violence ou d’une emprise au sein des couples ». Avant d’ajouter : « On constate que les personnes ayant été victimes de violences physiques et/ou psychologiques de la part de leur partenaire sont également beaucoup plus nombreuses à avoir subi une intrusion à leur insu dans leur téléphone ».
Ainsi, parmi les victimes de violences conjugales, 52 % déclarent avoir subi un espionnage, soit près du double du reste des personnes interrogées (27 %). De même, 35 % se sont vu confisquer leur téléphone portable. Ces chiffres sont également élevés pour les personnes manipulées par leur partenaire ou isolées du reste de leur famille par celui-ci. Jussian conclut : « On voit bien que le smartphone de l’autre est non seulement un objet de curiosité et de suspicion, mais aussi un moyen de chantage et d’isolement ».
Source : Le Journal du Geek