Dans la lignée des fameuses Google Glass, bon nombre de spécialistes de l'électronique explorent le terrain des lunettes intelligentes, dotées d'un dispositif permettant de superposer à la vision standard des informations émanant d'un appareil informatique. Les différents projets rencontrés varient généralement par leur technologie d'affichage, mais aussi et surtout par les scénarios d'usage qui sont proposés. Or c'est sans doute là que réside la clé, maintenant que l'on sait qu'il est possible de greffer l'équivalent d'un écran à des lunettes : pour que le concept prenne, il faut lui trouver une utilité concrète.
Chez Konica Minolta, on estime que les smart glasses devraient accélérer les usages liés à la réalité augmentée. Pour ce faire, la société propose un système de lunettes qu'il qualifie d'holographique. L'affichage est assuré par un panneau plastique translucide, positionné devant le verre droit des lunettes. L'image est générée au niveau du cylindre noir qui surmonte la monture, lequel embarque également une caméra. Enfin, l'ensemble est alimenté par un boîtier relié par fil (semblable à une batterie externe), qui dispose également de liaisons WiFi et Bluetooth pour communiquer avec un téléphone ou un ordinateur.
Lorsqu'il est actif, l'affichage ne masque pas totalement ce qui se situe dans le champ de vision de l'utilisateur. Il faut tout de même jongler entre deux points de vue différents (et donc forcer son oeil à accommoder sur l'écran lorsqu'on veut le consulter), mais l'on n'est pas coupé du monde extérieur. Dans ce contexte, Konica Minolta estime qu'il est donc légitime d'utiliser cet écran comme un auxiliaire, capable d'afficher des informations liées à la tâche en cours : guidage GPS, données techniques, les champs d'application seraient nombreux... à plus forte raison si l'on sait mettre à profit la caméra embarquée sur les lunettes pour situer l'utilisateur dans son environnement. « On pourrait par exemple afficher des informations de guidage à des sauveteurs sur le lieu d'un accident », illustre un représentant de Konica Minolta.
Fujitsu développe des ambitions similaires avec ses propres lunettes à réalité augmentée, mises en scène dans le cadre d'un atelier de mécanique fictif. Ici, la logique est poussée un cran plus loin, avec un affichage calqué sur ce qu'observe le porteur des lunettes. Placé face à un moteur, on voit s'afficher en surbrillance la forme de la pièce par laquelle on doit commencer notre démontage. Et si l'on peine à choisir l'outil dédié, les lunettes sauront reconnaître et signaler le casier dans lequel il est rangé.
Les deux industriels admettent toutefois que de tels scénarios sont difficiles à implémenter : gestion des communications radio, ressources nécessaires à un enrichissement de la réalité en quasi-temps réel ou constitution des bases de données d'information associées à une mission donnée, de nombreux obstacles restent à surmonter avant que les entreprises ne puissent sérieusement envisager d'exploiter des lunettes de ce type. Fujitsu comme Konica semblent en tout cas persuadés que c'est d'abord sur ce terrain que les smart glass trouveront un débouché réel, bien avant de toucher le grand public.
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