Pour la première fois à l'échelle d'une compétition internationale, des sportifs professionnels ont été associés à une application qui les protège en partie des messages haineux sur les réseaux. Ça se passe à Roland-Garros, après la signature d'un partenariat entre l'organisation et la société française Bodyguard.
Cette initiative a été très bien accueillie par les joueurs et joueuses des internationaux de France.
Une modération automatisée par l'IA
Les sportifs professionnels sont, comme beaucoup de monde, victimes de la haine en ligne. Le fait d'être une personne publique exacerbe les vagues d'insultes et de messages toxiques, et il devient parfois difficile se concentrer sur ses performances. Beaucoup de sportifs disposent de community manager qui permettent de mettre un peu de distance avec cela, mais ce n'est pas toujours suffisant.
C'est pourquoi la Fédération française de Tennis et l'organisation de Roland-Garros se sont associées à la start-up française Bodyguard, spécialisée dans la modération en ligne et qui avait levé 9 millions d'euros en 2022 afin de doubler ses effectifs pour atteindre la soixantaine de salariés.
Concrètement, les joueurs engagés dans le tournoi ont juste à installer l'application et à scanner un QR code, ce qui permet à Bodyguard de se synchroniser avec les différents réseaux sociaux des athlètes. Ceci fait, l'application fait fonctionner son intelligence artificielle qui se charge d'analyser les commentaires. L'opération ne prend que 100 millisecondes, après quoi les messages jugés inadéquats sont automatiquement supprimés.
Des sportifs visiblement conquis
L'introduction d'outils visant à protéger les sportifs étant inédite dans un tel cadre, on aurait pu craindre qu'elle ne fasse pas l'unanimité. Il semble pourtant que les joueurs apprécient l'arrivée de Bodyguard, qui leur permet de pleinement se concentrer. Alizé Cornet, 62e joueuse mondiale, a largement encensé l'idée, elle qui avait reçu de nombreuses menaces et insultes qu'elle avait publiquement partagées.
« Bravo, très bonne initiative ! Évidemment, ça ne va pas tout régler. On va toujours recevoir en privé des commentaires, des messages haineux. Mais en tout cas, ça ne sera pas diffusé au niveau public. »
L'idée de diffusion publique est importante, car il y a souvent un effet boule de neige. En supprimant les messages haineux dès qu'ils apparaissent, on limite très fortement les interactions et l'escalade. Toujours du côté des joueurs français, Gaël Monfils, Caroline Garcia, ou encore Benoît Paire avaient également pris la parole au sujet des messages de haine.
Yann Guerin, directeur du sport chez Bodygard, précise qu'au-delà des messages haineux ou toxiques, l'intelligence artificielle vise également les tentatives de fraudes qui, dans le flot des messages, pourraient tromper la vigilance des sportifs. Précisons enfin que le partenariat est temporaire, mais que les joueurs bénéficieront de l'application jusqu'à une semaine après la fin de la quinzaine, qui aura lieu le 11 juin. Reste à savoir si l'idée va séduire d'autres tournois ou même la fédération internationale pour une application plus pérenne.
Source : BFMTV