Bonjour, Yves de Montcheuil. Talend a dévoilé début mai la nouvelle mouture de sa plateforme d'intégration, qui passe en version 5.3. Quelles en sont les avancées principales ?
Cette version est pour nous l'occasion de réaliser la vision que Talend avait mis sur la table voilà deux ans. L'idée est de vraiment supprimer tout besoin d'expertise spécifique en matière de Big Data pour nos clients, afin que la plateforme soit le plus accessible possible. Désormais, tous les processus d'intégration de Talend fonctionnent sur Hadoop, et sont construits graphiquement.
À cela s'ajoute le support des technologies NoSQL. Dans un deuxième temps, nous intégrons la gestion des données semi-structurées avec le support des formats EDI, HL7, Swift et même Cobol. Cette nouveauté est en fait le fruit de l'acquisition d'Oakland Software en avril dernier. La gestion devient complète.
J'imagine que vos clients doivent à minima posséder un système d'information. Qui sont-ils ?
Effectivement, nous adressons principalement les grands groupes, comme Orange, BNP Paribas mais aussi la chaîne de télévision britannique BBC. Mais nous comptons aussi parmi nos clients des PME et des ETI, qui possèdent au moins un SI. Ce sont des sociétés de plusieurs milliers de salariés, disons « midmarket », qui ont besoin d'assurer la cohérence de leur système d'information, mais qui ne peuvent pas se payer une solution à un demi-million d'euros. Alors elles choisissent l'alternative, Talend.
Ces entreprises possèdent de plus en plus de données, plus ou moins structurées. C'est là leur défi ?
Leur principale préoccupation est de rationaliser leurs investissements, et donc de rationaliser leur portefeuille applicatif et leurs données. Autrement dit, ces sociétés veulent tirer parti de leur existant et éliminer les redondances et les processus peu efficaces. Or la data est un actif stratégique qui mérite à être valorisé, et dont ces sociétés peuvent tirer profit. De plus en plus cela compte dans la stratégie.
Mais cette intégration n'est pas simple, car ces données ne se limitent pas au pare-feu de l'entreprise : elles viennent de clients stratégiques, du cloud, etc. Et sont bien sûr plus ou moins structurées - notons que peu de nos clients expriment des besoins en matière de données non structurées, type vidéos. La plateforme Talend permet d'exploiter, nettoyer et valoriser ces Big Data sans compétences poussées.
Pour exploiter ces données, il faut maîtriser notamment Hadoop, et c'est très complexe. C'est aussi pour cela qu'il existe une pénurie de data scientists. Ces profils sont autant recherché que les développeurs Java il y a quelques années - et finalement, ils se sont démocratisés. C'est ici qu'intervient Talend.
Pouvez-vous illustrer vos propos avec des exemples concrets côté base de données et côté cloud ?
Parmi les datas, il en existe de plusieurs sortes, comme les données d'échappement. C'est par exemple des données de log ou toutes celles que peut générer une automobile. Des téraoctets de données sont générées par nos autos mais elles ne sont guère exploitées qu'en dehors de la révision technique, par le garagiste. Or dans l'aéronautique, on les valorise déjà et elles sont utilisées en temps réel pour améliorer les processus. Si une pièce a besoin d'être changée, elle sera disponible dans de brefs délais.
L'autre challenge pour les entreprises se situe au niveau de l'intégration du cloud dans les systèmes d'information. Tout le monde déploie du cloud mais de différente manière : soit en recourant à des solutions type Salesforce.com soit en virtualisant ses postes de travail dans un cloud public. Au final on tend vers de plus en plus d'environnements hybrides où il est complexe d'intégrer ses données.
Depuis sept ans, Talend tire son épingle du jeu dans cet environnement « complexe ». Où se situe la société après quatre levées de fonds. La rentabilité est-elle pour cette année ?
Actuellement nous avons 400 collaborateurs répartis dans sept pays sur trois continents, et nous recrutons encore. Nous avions jusqu'à présent une stratégie de croissance, ce qui s'était concrétisé par plusieurs acquisitions, dont une grosse en 2010. C'était Sopera, spécialiste des solutions open source d'intégration d'applications . En 2012, nous avons approché la rentabilité. Ce sera pour cette année.
La croissance de notre chiffre d'affaires s'est révélée solide ces trois dernières années, où elle a doublé chaque année. Entre 2011 et 2012, nos recettes ont progressé de 56%. Notre modèle est de proposer une version de Talend gratuite, et une version payante avec un support plus poussé. À ce jour, nous avons 4 000 clients payants et ce chiffre progresse encore. Une communauté de 100 000 utilisateurs contribue sur notre forum à améliorer nos produits et à apporter des retours d'expériences importants.
En tout, 1,6 million d'utilisateurs ont téléchargé nos solutions. Entre les clients gratuits et payants, nous observons un taux de conversion correct. D'importants contrats ont été signés au cours des derniers mois, dont certains dépassent le million de dollars. Nous sommes confiants pour l'année en cours.