Dans un document dévoilé à la presse, le groupe Bouygues joue la carte des synergies qu'il entend réaliser entre Bouygues Télécom et SFR. Il s'agit donc de programmer une fusion, plutôt qu'un rachat entre les deux opérateurs. Sur le plan purement financier, l'acquéreur propose la somme de 10,5 milliards d'euros en cash et prévoit de réaliser dans le futur des synergies à hauteur de 10 milliards d'euros.
Pour le réseau, Bouygues explique que son projet lui permettrait d'exploiter des infrastructures importantes en devenant leader sur le mobile et un solide n°2 sur le fixe. Il deviendrait ainsi le 7ème acteur majeur du secteur en Europe derrière Deutsche Telekom, Telefonica, Vodafone ou Orange. Sur ce terrain, son ambition est donc de capitaliser sur la mutualisation des réseaux mobiles déjà mise en place par les deux sociétés.
Bouygues s'engage également sur le développement du très haut débit et de la fibre optique et propose dans les grandes métropoles et les zones moins denses d'investir 400 millions d'euros. Enfin sur l'emploi, le groupe promet « un projet sans aucun départ contraint et une redynamisation de l'emploi ». Le groupe précise seulement que ce rapprochement des activités s'opèrerait alors au sein de Bouygues.
L'idée pour Bouygues Télécom est donc de devenir un second « géant des Télécoms » derrière Orange. En additionnant le nombre d'abonnés fixe et mobile du groupe avec celui de SFR, il est en effet évident que Bouygues Télécom prendra de l'ampleur afin de rivaliser avec l'opérateur historique. Celui-ci totaliserait alors pour l'ensemble du parc mobile, plus de 30 millions de clients contre 26,768 millions pour Orange. Le marché de l'Internet fixe, serait, quant à lui plus resserré.
Des garanties suffisantes sur la concurrence et l'emploi ?
La candidature de Bouygues comprend toutefois des aspects qui feront s'interroger les autorités chargées de la concurrence et de la régulation des Télécoms sur le territoire. L'autorité de la concurrence, l'Arcep mais également l'Union européenne devraient valider ou non la transaction au regard de la structure du marché.
A titre d'exemple, Jean-Ludovic Silicani, le président de l'Arcep vantait en juillet 2012 les mérites d'un marché à 4 acteurs. Il rappelait ainsi qu'avant l'arrivée de Free Mobile sur le mobile, le panier moyen du consommateur (le prix que paie, en moyenne, un client) était plus élevé en France que chez la plupart des autres grands pays d'Europe.
Prenant l'exemple du marché américain, le responsable ajoutait qu'outre-Atlantique, « il y a, effectivement, moins de concurrence, et un mouvement de concentration des opérateurs a eu lieu. Quel est le résultat ? En 10 ans, la destruction de 400 000 emplois, soit 30 % des effectifs du secteur ».
Les conséquences sur la concurrence et sur l'emploi seront donc les deux éléments clés permettant de valider ou non l'offre de Bouygues Télécom. Si la première condition n'est pas remplie, il est alors possible qu'une partie de l'activité de SFR échappe au contrôle de Bouygues.