Le marché de la téléphonie mobile est en passe de changer de visage, et l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir s'en inquiète. Pour son président, Alain Bazot, le probable rachat de SFR par Bouygues Telecom et le retour à trois opérateurs qui en découlerait « est quelque chose qui peut nous inquiéter si des garanties ne sont pas mises en œuvre ».
Mis en vente par sa maison-mère, Vivendi, l'opérateur SFR a de plus en plus de chances de finir dans le giron du groupe de BTP Bouygues. Ce dernier, en lutte contre le câblo-opérateur Numericable dans cette opération a donné un coup d'accélérateur en annonçant des négociations exclusives avec Free dans l'optique de lui céder son réseau mobile, et donc de rassurer l'Arcep sur son projet.
Ce rachat d'envergure signifierait un retour à trois opérateurs comme en 2011, avant l'arrivée de Free Mobile sur le marché, et de ses forfaits low-cost qui ont bouleversé le marché - le revenu moyen par client est passé de 25 euros à la fin de l'année 2011 à moins de 18 euros à la fin 2013.
Le retour à un marché à trois opérateurs fait planer le spectre d'une entente sur les prix comme ce fut le cas il y a déjà quelques années, de 1997 à 2003. Orange, SFR et Bouygues Telecom avait été épinglé en 2005 par l'Autorité de la concurrence pour des pratiques d'entente « ayant restreint le jeu de la concurrence sur le marché ». Ils avaient été en tout condamnés à verser 534 millions d'euros d'amende.
En Autriche, les tarifs ont pris 19% en un an
« Les clients en France ont beaucoup souffert de l'existence d'un cartel de trois opérateurs, qui avait réalisé une entente illicite », rappelle Alain Bazot. D'ajouter qu'« on peut avoir la crainte que les prix n'augmentent, ce n'est pas une hypothèse farfelue c'est ce qu'ont connu les Autrichiens ». Quand le pays est passé de 4 à 3 opérateurs en 2012, les tarifs ont bondi de 6%... le lendemain, et de 19% en un an !Au-delà des aspects tarifaires, le président de l'UFC s'interroge sur la capacité du réseau de SFR à absorber le surplus de trafic généré par l'arrivée des abonnés Bouygues Telecom - au total le réseau compterait plus de 32 millions d'abonnés. « Il y a une question de mise en œuvre et donc de qualité de service », souligne le responsable de l'association de protection des consommateurs.
Si le rachat de SFR par Bouygues Telecom abouti, l'UFC-Que Choisir réclamera une renégociation des conditions de l'accès des MVNO (opérateurs sans réseau propriétaire) au marché de gros, afin de conserver le dynamisme du marché.