Au cours d'un entretien au Sénat, Sebastien Soriano s'est dit inquiet de l'avenir de la concurrence sur le marché français des télécoms. « Retour en arrière », « quasi-duopole », le président de l'Arcep a choisi des mots mordants pour prévenir d'un rétrécissement dangereux de la concurrence.
Ce sont les marchés des entreprises et des zones rurales qui inquiètent le plus Soriano. Les diverses interviews que le président de l'Arcep a donné ce mois-ci le confirment et permettent de dessiner les contours de ses éventuelles actions à venir.
Ainsi qu'il l'a rappelé hier, l'organisme de régulation des télécoms ne veut pas d'une « thésaurisation du spectre par le secteur mobile ». En clair, même si c'est l'Autorité de la concurrence qui pourra imposer ses conditions au mariage, l'Arcep pourrait faire peser son pouvoir de veto sur la question des fréquences utilisées par les opérateurs. S'il y a déséquilibre concurrentiel, l'organisme peut empêcher le transfert des fréquences entre Orange et Bouygues et les rétrocéder à l'Etat : « on se demandera s'il n'y aurait pas intérêt à ce que certaines fréquences retournent à l'Etat pour être, peut-être, attribuées différemment par la suite. »
Pour ce qui est du « duopole » , c'est celui d'Orange et Numericable-SFR qui est visé, concernant le marché des entreprises. « La numérisation des PME est un élément extrêmement important de la compétitivité de notre pays. Nous sommes en retard sur ce point » dit Soriano, et là aussi, une réattribution des fréquences pourrait être décidée.
Si l'on en croit cette déclaration du président de l'Arcep hier, cet arbitrage favoriserait potentiellement les opérateurs mobiles virtuels, et « permettre aux marchés intermédiaires des MVNO (opérateurs mobiles virtuels), d'être présents sur le marché ».
Au micro des Echos, Soriano rappelait que « les acquis pour les consommateurs restent fragiles » et mettait en garde des impacts négatifs qu'aurait aussi pour le public une hausse des prix, ou une baisse des investissements.
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