L'opérateur et Vauban Infrastructure Partners vont propulser une société qui renforcera le positionnement de Bouygues Telecom sur le FttH dans les zones moyennement denses.
Alors que le Sénat et l'ARCEP ont rappelé cette semaine que les opérateurs de télécommunications ne devaient pas manquer à leur devoir en matière d'investissements dans les réseaux fixe et mobile, Bouygues Telecom a officialisé, mercredi 23 avril, un accord dit stratégique avec Vauban Infrastructure Partners, une filiale de Natixis Investment Managers, l'une des plus grandes sociétés de gestion d'actifs dans le monde avec 855 milliards d'euros d'actifs sous gestion. L'enjeu d'un tel partenariat ? Permettre à Bouygues Telecom d'être moins dépendant d'Orange sur le terrain de la fibre dans les zones les moins peuplées.
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Un contrat cadre de 30 ans pour le FttH
À la fin de l'année 2019, Bouygues Telecom a créé une société destinée à accélérer la couverture numérique (FttH) du territoire, notamment et surtout des zones moyennement denses où Orange déploie, avec un autre opérateur, le réseau fibre optique. Vauban Infrastructure Partners ayant remporté l'appel d'offres, la société tierce créée par Bouygues Telecom pourra se concentrer sur son objectif principal : acquérir des droits d'accès de long terme auprès d'Orange, pour co-financer le déploiement de la fibre optique avec les principaux opérateurs du pays.Sur la table, cette société a prévu d'investir pas moins d'un milliard d'euros sur les quatre prochaines années. « En complément, Bouygues Telecom cédera à la société ses droits d'accès déjà acquis auprès d'Orange », indique l'opérateur. Grâce à un contrat cadre de prestations de services d'accès, Bouygues Telecom aura accès, pendant au moins 30 ans, aux lignes FttH financées, et pourra proposer les mêmes services à des opérateurs tiers.
Orange et SFR, qui sous supervision de l'ARCEP doivent déployer en concurrence des réseaux en fibre optique jusqu'à l'abonné dans près de 3 600 communes de la zone AMII, ne sont donc plus seuls à contribuer de façon substantielle aux investissements dans la fibre, comme le requiert le plan France Très Haut Débit.
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Orange et SFR assurent le gros du financement en zones AMII
Depuis le lancement du plan France Très Haut Débit, dont le but ultime premier était de généraliser, d'ici 2025, la fibre optique jusqu'à l'abonné sur l'ensemble du territoire, vous avez déjà dû entendre les abréviations AMII, RIP et AMEL. Profitons-en pour les détailler brièvement, cela aide à comprendre l'accord conclu entre Bouygues Telecom et Vauban.Concernant les zones très denses, il n'y a rien de bien compliqué. Là où ça se corse, c'est dans les zones moyennement denses. Ici, à la demande de l'État, l'opérateur assure bien la totalité du déploiement du réseau, et finance intégralement ce dernier, avec un planning bien particulier à respecter. Il peut ensuite commercialiser ses offres très haut débit auprès des entreprises et opérateurs locaux (comme les opérateurs départementaux par exemple). Cela concerne 3 600 communes. Jusqu'à maintenant, seuls Orange (2 978 communes à rendre raccordable d'ici 2022, soit 11,10 millions de locaux) et SFR (641 communes, soit 2,55 millions de locaux) financent la fibre optique en zones AMII (Appel à Manifestation d'Intentions d'Investissement). Free et Bouygues Telecom ne contribuent qu'au financement du déploiement de l'opérateur local. Mais le dernier cité semble décidé à passer à la vitesse supérieure.
Enfin, pour les zones rurales, l'État n'entre pas en jeu, et à la place, ce sont les collectivités locales qui choisissent et financent, via des fonds publics, l'opérateur qui déploiera le réseau. On parle ici de Réseau d'Initiative Publique : RIP. Parfois, les fonds viennent à manquer, et les collectivités ont alors le pouvoir de solliciter le privé en lançant un AMEL : un Appel à Manifestation d'Engagements Locaux.
Source : Bouygues Telecom