Depuis l'ouverture de l'offre commerciale Free Mobile, concurrence et syndicats d'opérateurs soupçonnent le nouveau venu de ne pas réellement exploiter son réseau sur le minimum de 27% de la population qu'il est censé couvrir dans le cadre des accords conclus avec le régulateur des télécoms. Après la saisine de l'Arcep par des syndicats d'opérateur et la demande d'une enquête complémentaire par SFR, c'est au tour d'Orange, principal concerné, de mettre les pieds dans le plat.
Le Point a affirmé lundi avoir pu consulter une lettre écrite par Orange à Maxime Lombardini, directeur général de Free, et datée du 8 février dernier, dans laquelle l'opérateur signale la saturation de certains de ses équipements et services dans la soirée du 7 février. Il y estime que l'indisponibilité de son réseau découlerait du trop grand nombre de communications émanant des clients Free Mobile.
« Orange prévient qu'il tirera des conséquences de cet incident et demande à Free de prendre les mesures nécessaires pour faire passer plus de communications par son réseau propre », décrit notre confrère. L'opérateur estimerait que plus de 97% des communications de Free Mobile passent par ses antennes relais.
Rappelons que dans le cadre du processus d'attribution de la quatrième licence 3G, Free Mobile s'est engagé à couvrir par lui-même un minimum de 27% de la population française, seuil à partir duquel le nouveau venu est en droit de profiter d'un accord d'itinérance avec l'un des opérateurs déjà en place. Cette couverture a bien été auditée par l'Arcep, mais Free Mobile l'exploite-t-il vraiment ?
Certains en doutent. « L'utilisation actuelle de l'itinérance par Free est celle d'un opérateur virtuel, d'un full MVNO, pas d'un opérateur de réseau », estimerait ainsi un représentant d'Orange cité par La Tribune.
Les deux opérateurs sont maintenant censés se rencontrer mardi, à l'occasion d'un comité de pilotage lors duquel Orange demandera à Free Mobile de s'engager sur l'utilisation de son propre réseau. Faute d'accord satisfaisant, l'opérateur historique serait contraint de porter l'affaire devant l'Arcep, qui mène actuellement de nouvelles mesures relatives à la couverture effective du réseau Free Mobile, et devrait livrer ses résultats d'ici la fin du mois de février.
En attendant, les opérateurs poursuivront leur guerre de communication, à laquelle participe peut-être ce type de fuites.