L'opérateur dirigé par Xavier Niel a porté plainte contre l'entreprise de Patrick Drahi. Free, qui réclame plusieurs centaines de millions d'euros, considère avoir été barré par son concurrent dans le processus d'acquisition de Virgin Mobile en 2014.
Les gladiateurs entrent dans l'arène. Free poursuit actuellement Altice France en justice après avoir déposé une plainte contre l'entreprise au motif que son concurrent l'aurait empêché de s'emparer de Virgin Mobile en 2014, via un stratagème illégal. Xavier Niel réclame ainsi 216 millions d'euros à Patrick Drahi. Une première audience se tiendra le 4 octobre prochain devant le tribunal de commerce de Paris pour départager les deux opérateurs, nous apprend la Lettre A.
Numericable s'était emparé de Virgin Mobile pour 325 millions d'euros
Mais que s'est-il passé entre Free et Altice pour en arriver là ? Les faits remontent à 2014. À cette époque, plusieurs opérateurs font part de leur volonté d'acquérir Virgin Mobile : on retrouve parmi eux Free, Altice, mais également Bouygues Telecom et Coriolis. Après la période de négociations, c'est finalement SFR (ou plutôt Numericable) qui rachète Virgin Mobile pour 325 millions d'euros, faisant tomber dans son giron les 1,7 million de clients de l'opérateur virtuel « détendu du mobile ».En apparence, le rachat n'a rien de plus normal. En fait, c'est tout l'inverse. En effet, dès le mois de mai 2014, Numericable était entré en discussions exclusives avec Omer Telecom Limited, opérateur de réseau mobile virtuel qui opère aujourd'hui sous le nom RED by SFR, pour racheter Virgin Mobile. Et le moment fut très mal choisi, selon Free.
Au même moment, Numericable discutait du rachat de SFR
Le plus problématique est que dans le même temps se déroulait une autre opération monstre. Numericable était en train de mettre la main sur SFR (et a depuis fusionné avec l'opérateur au carré rouge pour former le groupe Altice France). Aussi, le rachat de Virgin Mobile par Numericable fut entériné alors même que le rachat de SFR par ce même Numericable n'avait pas été définitivement validé par l'Autorité de la concurrence.Free accuse ainsi Patrick Drahi d'avoir orchestré une entente entre SFR et Numericable et d'avoir mené des négociations exclusives, en laissant les autres acquéreurs potentiels sur le carreau. Un rachat ne peut pas être acté entre deux sociétés sans avoir obtenu l'assentiment du régulateur. La société Altice avait d'ailleurs déjà été épinglée par le gendarme de la concurrence en 2016. L'autorité avait considéré que la prise de contrôle de SFR et de Virgin Mobile avant d'obtenir son autorisation était déloyale, ce qui l'avait contraint à payer 80 millions d'euros d'amende.
Source : La Lettre A