Vers un Internet à deux, trois ou quatre vitesses, dont les débits et les accès seraient fonction de la somme versée par l'abonné ? L'idée n'est pas nouvelle et a déjà inspiré aux principaux FAI du marché français de nombreux travaux et réflexions. Elle aurait depuis fait son chemin chez Orange : d'après la lettre d'information Lettre A, relayée par Rue 89, l'opérateur préparerait « activement » la mise en place d'offres à « débits différenciés ».
Plutôt que de bénéficier d'un accès théoriquement neutre, complet et épuisant dès que possible les capacités physiques de sa ligne, l'abonné entrerait alors dans un jeu d'options, facturées, ouvrant progressivement telle ou telle tranche d'Internet. Dans les travaux menés à l'été 2011 par la fédération française des télécoms figuraient ainsi des hypothèses telles qu'un plafond des débits ou de la consommation, la limitation du volume de téléchargements par session, ou l'activation d'options telles que la voix sur IP, le téléchargement via P2P ou l'accès aux newsgroups. Bref, un système à tiroirs tel qu'on en connait déjà dans l'univers du mobile, qui permet à l'opérateur de ne plus simplement facturer l'accès au « tuyau » mais de segmenter son offre.
Orange, qui avait admis, en août 2011, plancher sur la question tout en affirmant que la fin de l'illimité n'était absolument pas à l'ordre du jour, serait depuis entré en phase d'expérimentation, avec des tests qui feraient appel, selon la Lettre A, à des technologies de Deep Packet Inspection (DPI), ou inspection de paquets, soit un suivi du trafic de l'internaute de façon à mesurer précisément la nature et le volume des contenus échangés. Du fait du caractère hautement intrusif de ces technologies, Orange aurait sollicité la Cnil sur le sujet. Concernant le DPI, l'opérateur aurait fait appel aux services de Qosmos, société accusée d'avoir fourni au régime de Bachar El-Assad (Syrie) les outils nécessaires à la surveillance des télécommunications du pays.
Contacté, l'opérateur n'a pour l'instant pas répondu à nos demandes de précisions.
Mise à jour : Dans un bref communiqué publié sur Twitter, le service de presse de l'opérateur oppose un démenti que nous vous livrons ci-après :
« Orange dément avoir le projet de commercialiser des offres de débits différenciés se basant sur l'utilisation du DPI. Par ailleurs, le panel Orange Préférence visait à optimiser les actions de Marketing Direct et les pubs personnalisées. Mené avec le consentement explicite du client et en concertation avec la Cnil, il a pris fin en août dernier et n'a pas vocation à être généralisé à l'ensemble des clients. »