Orange compte sur sa taille pour se faire payer par Google

Thomas Pontiroli
Publié le 16 janvier 2013 à 17h08
Invoquant l'interdépendance entre « les gens du Net » tels que Google et les fournisseurs d'accès, le p-dg d'Orange, Stéphane Richard, a confirmé qu'il avait réussi à faire peser la « taille critique » du groupe face à l'américain, pour monétiser son réseau. Ce que Free, plus petit, essaie également.

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Présence d'Orange en Afrique.
Face à Google, Orange aurait-il réussi à accomplir ce que Free tente désespérément de faire ? À en croire les paroles de Stéphane Richard, p-dg de l'opérateur historique, interrogé sur BFM Business, Orange, de par sa taille importante, est parvenu à instaurer « un rapport de force global » avec le géant américain. Lequel est contraint de verser une certaine somme au fournisseur d'accès afin d'utiliser son réseau.

Pour peser dans les négociations, Orange ferait valoir sa forte implantation en Afrique, où il est présent dans 18 pays, pour faire plier Google. « Il y a des zones dans lesquelles Google ne peut pas se passer de nous, par exemple en Afrique. Ils ne peuvent pas nous dire, j'ai besoin de vous en Afrique, mais allez vous faire voir en Europe, je me débrouillerai autrement », a indiqué Stéphane Richard auprès de notre confrère. « C'est aussi ce qui fait l'intérêt d'avoir une taille critique dans le monde » a-t-il ajouté - Orange compte près de 230 millions de clients dans le monde.

Combien est-ce que Google reverse à l'opérateur français ? Le p-dg n'a pas donné de chiffres autre que la proportion de trafic « géré » par Google sur les réseaux du groupe : « elle est de l'ordre de 50%. C'est considérable », Pour autant, Stéphane Richard assure que la somme versée n'atteint pas des « centaines de millions d'euros ». Toutefois, l'américain est mis à contribution, ce que Free essaie d'obtenir également en essayant d'installer un rapport de force. Mais à sa manière.

Et Free dans tout ça ?

Quand Iliad a décidé de filtrer la publicité - avant de la débloquer quelques jours plus tard - et notamment celle en provenance de la régie publicitaire de Google, le 7 janvier dernier, l'opération avait pour but de faire pression sur l'américain. Car Free souhaiterait que ce dernier, en tant qu'acteur over the top, très gourmand en bande passante, finance une partie des interconnexions. C'est ce qui avait d'ailleurs valu les lenteurs constatées sur YouTube depuis une connexion Free.

Le 14 janvier, la ministre déléguée à l'Innovation, Fleur Pellerin, apportait son soutien à Xavier Niel et dénonçait une différence de traitement entre le français Dailymotion qui paie des coûts d'interconnexion, contrairement à la maison-mère de YouTube. « Ce qui me gêne, c'est la situation d'asymétrie entre les acteurs. À un moment se pose la question d'acteurs qui ont un comportement de passager clandestin », avait-elle déclaré, ajoutant que « ça ne peut pas durer éternellement ».

Pour Stéphane Richard, l'opération menée par Free est avant tout un « coup de com » jugé « très habile, comme d'habitude », mais duquel « il faut se méfier ». Cette sortie du p-dg d'Orange aura de quoi échauder Xavier Niel, qui ne peut pas faire valoir les mêmes arguments face à Google. Une situation asymétrique ici aussi, où se pose la question de l'équité entre les fournisseurs d'accès Internet.


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Thomas Pontiroli
Par Thomas Pontiroli

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