Malmené sur le mobile, où la concurrence exacerbée depuis l'arrivée de Free compromet ses marges, Bouygues Telecom pourrait changer de main. Le sujet serait très sérieusement étudié par Martin Bouygues, patron du même nom, et pourrait selon de récentes informations aboutir sur la table du numéro un du secteur, Orange.
Les Echos ont révélé l'information jeudi soir, expliquant que Bouygues aurait successivement approché Free, puis Orange. Le premier ne lui aurait proposé que 5 milliards d'euros, alors que le géant du BTP en espérait 8 milliards d'euros. Bouygues serait ensuite allé frapper à la porte d'Orange, qui lui aurait prêté une oreille attentive.
L'opérateur historique a confirmé sans la préciser l'information jeudi soir, au travers d'un communiqué. « Orange examine les opportunités qu'offre la recomposition du paysage français des télécoms », indique celui-ci, avant de préciser « que sa position de leader lui permet une totale indépendance ».
Enrichi du parc d'abonnés Bouygues Telecom, l'opérateur totaliserait ainsi 30 millions de clients sur le mobile et quelque 20 millions de clients sur le haut débit fixe. De quoi considérablement renforcer sa position de numéro un... et déclencher un examen des plus attentifs de la part des autorités de la concurrence.
Le syndicat CFE-CGC Télécoms en faveur de la fusion
L'hypothèse a reçu le soutien anticipé du syndicat CFE-CGC Télécoms, dont les représentants Orange et Bouygues Telecom ont cosigné jeudi une lettre ouverte au Premier ministre. Ils y appellent le gouvernement à encourager le rapprochement d'Orange et de Bouygues. L'opération permettrait selon eux « non seulement de sauver les emplois immédiatement menacés chez Bouygues Telecom, mais aurait également du sens en termes de synergie industrielle ».
Parmi les différents scénarios possibles s'offre en effet la possibilité qu'Orange finance la transaction en faisant entrer le groupe Bouygues à son capital (aujourd'hui détenu à 27% par l'Etat français). « Avoir l'appui d'un groupe de BTP pour déployer son réseau de fibre permettrait à Orange d'accélérer et de remplir plus rapidement ses engagements de couverture du territoire en très haut débit », remarquent encore les deux syndicalistes.
En termes d'emploi, ils estiment enfin que l'opération serait en outre bénéfique dans la mesure où les effectifs Bouygues Telecom (chez qui 1500 à 2000 suppressions de postes sont envisagées) pourraient compenser les départs à la retraite chez Orange, qui représenteraient 5 000 postes par an.
Montebourg toujours en faveur du retour à trois opérateurs
« On évalue nos options, mais personne ne m'a demandé du côté de l'Etat d'étudier le rachat de Bouygues Telecom », confie Stéphane Richard, patron d'Orange, aux Echos. Arnaud Montebourg, qui se dit depuis plusieurs semaines favorable au retour à trois opérateurs, s'est bien gardé de laisser imaginer la moindre ingérence de sa part dans cet épineux dossier. Pour autant, le ministre de l'Economie s'est redit favorable à la consolidation du secteur. « Nous ne pouvons continuer aujourd'hui avec une concurrence échevelée et des prix les plus bas du monde », déclarait-il par exemple vendredi matin à l'antenne de BFM TV.
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