Annoncé puis détaillé au mois de février, l'accord se concrétise comme prévu cette fin d'année. Mais il commence par une phase de transition, pendant laquelle les deux opérateurs mettent en œuvre une itinérance à sens unique, mais pas encore une mutualisation réciproque.
À terme, chacun des deux opérateurs assurera parallèlement l'exploitation de son propre réseau ainsi que de celui de son concurrent sur des sites confiés à une coentreprise, dans des zones qu'ils se sont réparties. Sur le plan technique, seuls les équipements passifs (pylônes et autres points hauts) seront donc partagés, mais ni les équipements actifs, ni les fréquences.
Une itinérance à sens unique, au détriment des clients de Bouygues Telecom ?
En attendant que ce plan lourd de conséquences ne se mette en place, les deux opérateurs ont commencé à mettre en œuvre de l'itinérance. Depuis la semaine dernière, des clients de SFR profitent de leurs services au travers de relais de Bouygues Telecom, tout comme des clients de Free empruntent parfois des relais d'Orange.Concrètement, des clients de SFR bénéficient désormais d'une couverture 4G dans des villes qui ne sont pas couvertes par SFR. En outre, dans le cadre d'une telle itinérance, Bouygues Telecom peut accueillir les abonnés de SFR sur « sa » fameuse bande de fréquence des 1800 MHz, qu'il est le seul à exploiter en 4G. À l'instar des clients de Bouygues Telecom, les clients de SFR possédant un iPhone 5 ou d'autres terminaux cellulaires destinés à d'autres régions du monde peuvent ainsi profiter de la 4G, ce qui est impossible sur le réseau de leur opérateur.
Compte tenu des taux de couverture des deux partenaires, l'itinérance est à sens unique. On rappelle effectivement que Bouygues Telecom couvre déjà 70 % de la population, alors que SFR, ralenti par la rénovation complète de son réseau, ne couvre que 35 %. Il y a vraisemblablement trop peu voire pas de zones où SFR pourrait fournir à Bouygues Telecom une couverture qu'il n'aurait pas déjà. L'itinérance permet donc à SFR de combler artificiellement son retard, au bénéfice de ses clients, mais au détriment de ceux de Bouygues Telecom. En effet sur les relais concernés, les clients de deux opérateurs se partagent désormais les ressources d'un seul.
À Vichy, pas couverte en 4G par SFR, les clients captent les relais 1800 MHz de Bouygues Telecom.
Sources : Antennes Mobiles.fr et Sensorly, Montage : Clubic
La 4G de SFR sur iPhone 5, mais toujours pas de partage des fréquences à terme
Mais l'Arcep et l'Autorité de la concurrence veillent. Cette itinérance est pour commencer limitée dans l'espace au même titre que la véritable mutualisation, c'est-à-dire aux territoires rassemblant 57 % de la population et se trouvant en dehors des 32 agglomérations de plus de 200 000 habitants. En l'occurrence SFR a choisi un certain nombre de relais qui couvrent au mieux 21 % de la population. Elle est en outre limitée dans le temps, à deux ans, jusqu'au 31 décembre 2016.Notons que le recours à la bande des 1800 MHz dans le cadre de cette itinérance ne remet pas en cause le non-partage des fréquences dans le cadre de la future mutualisation. C'est ce qu'un porte-parole de Bouygues Telecom nous a confirmé. Sur les futurs relais mutualisés, chacun exploitera indépendamment ses propres bandes de fréquences, et les deux opérateurs ne pourront étendre leurs spectres.
En tout cas, pendant cette phase et à plus forte raison pendant la prochaine, les autorités veilleront à ce que l'accord profite aux consommateurs. Dans un avis publié vendredi en réponse à la saisine d'Orange PDF, l'Arcep a confirmé qu'elle s'assurerait que la mutualisation entraine une amélioration des services par le biais d'une meilleure couverture, d'une qualité de service accrue, d'une concurrence stimulée et d'une répercussion (rétrocession) des économies réalisées.
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