Si les plateformes de SVOD gagnent toujours plus d'abonnés, les coûts liés à la production ne cessent d'augmenter et les obligent à faire grimper les prix.
Le marché du streaming vidéo connait un difficile retour à la réalité depuis plusieurs mois, et cela se traduit directement sur la facture des consommateurs.
Des abonnements à prix cassés pour recruter le maximum d'abonnés
Vous n'avez pas pu échapper aux récentes hausses de prix des différentes plateformes. Si un abonnement Netflix se négociait environ huit euros en 2015, au lancement du service en France, le tarif standard, proposant une qualité HD sur deux écrans coûte aujourd'hui 13,49 euros et près de 18 euros pour la formule complète, avec quatre écrans et une qualité 4K.
Ses concurrents non moins célèbres ont tous suivi le mouvement. Amazon a augmenté récemment de 40 % les prix de son abonnement Prime, incluant Amazon Prime Video. Disney+, lancé à 6,99 euros, est désormais facturé 8,99 euros, et même Apple TV+, au catalogue bien moins fourni, a fait grimper le prix de l'abonnement de 4,99 euros à 6,99 euros par mois.
La stratégie a toujours été la même pour ces différentes entreprises : attirer un maximum d'abonnés avec un tarif très agressif. Seulement, les dizaines, voire centaines de millions d'utilisateurs payants ne suffisent plus à supporter les différents investissements engagés par les plateformes de SVOD au fil des années.
L'exclusivité des productions coûte cher aux plateformes
En premier lieu, les coûts liés à la production ne cessent de flamber. Netflix, Amazon Prime Video ou encore Disney+ doivent proposer le maximum de films et de séries pour garder les abonnés sur leurs plateformes. Les séries de prestige coûtent chères, avec des budgets avoisinant souvent les 100 à 200 millions de dollars par saison. On ne parle même pas des 450 millions de dollars supposément investis par Amazon pour la seule première saison du Seigneur des Anneaux : les Anneaux de Pouvoir.
Le problème pour les services de SVOD est qu'ils ne peuvent pas vendre ces droits à d'autres plateformes. Dans ce marché désormais hautement concurrentiel, l'exclusivité des droits est essentielle pour garder captifs les utilisateurs. La récupération de ces droits, vendus auparavant à d'autres acteurs, peut coûter cher. Selon certaines informations, Disney aurait dû débourser pas moins d'un milliard de dollars pour reprendre à Netflix les droits des personnages Marvel comme Daredevil ou Jessica Jones.
D'autres studios, comme Paramount ou Warner, n'hésitent pas de leur côté à ventiler leurs productions sur d'autres services, mais ces revenus supplémentaires ne suffiront pas à empêcher une hausse prochaine de Paramount+ ou HBO Max, leurs plateformes de SVOD respectives.
Il faut ajouter à cela un ralentissement des recrutements sur le marché du streaming. Si Netflix et Disney continuent de recruter plusieurs millions d'abonnés chaque trimestre, les deux sociétés ont déjà prévenu d'un ralentissement des souscriptions pour 2023. Si le « plafond de verre » ne semble pas atteint, l'inflation mondiale pourrait obliger de nombreuses familles à limiter le nombre de services auxquels elles sont abonnées.
Les plateformes n'ont d'autre choix aujourd'hui, pour continuer à croître, que de proposer de nouvelles offres avec publicité, quitte à renier leurs anciens principes. Netflix a été la première à se lancer, avec une formule à 5,99 euros, et Disney suivra dans les prochaines semaines. Apple TV+ pourrait également sauter le pas et utiliserait la retransmission de la Major League Soccer, dont elle a acquis les droits, pour diffuser de la publicité avant et pendant les matchs, et pourquoi pas par la suite avant les films et séries proposés sur la plateforme.
Source : The Verge