Sur le marché des vidéoprojecteurs à focale courte l'Epson EH-LS500 est vraiment à considérer comme un produit polyvalent, performant et plutôt haut de gamme considérant son prix de vente. En effet, il est décliné en version noire (EH-LS500B) et en blanche (EH-LS500W) pour lesquelles le constructeur affiche sur son site un prix public de 3025 euros. Un coquette somme donc, mais on peut également noté que le prix pratiqué est plutôt aux alentours des 2499 euros... enfin lorsque lorsqu'il y a de la disponibilité. En effet, en cette période de confinement, l'approvisionnement du produit est compliqué et Epson espère un retour à la normale (ou presque) d'ici le mois de mai. Quoi qu'il en soit, pour ce prix, vous aurez un appareil, certes pas franchement abordable, mais utilisant une technologie Tri-LCD (0.62 pouce) combinée à une focale ultra courte (ratio de 0.27) et deux autres arguments de taille : l'éclairage laser et le système de vobulation. Le premier permet à Epson de garantir une puissance lumineuse constante de 4000 lumens pendant 20 000 heures, là où un système à lampe traditionnel perd en luminosité avec le temps (généralement au-delà de 4000 h). De son côté, la techno de wobulation, permet de simuler un rendu Ultra HD à partir d'une matrice Full HD en décalant très rapidement les pixels de gauche à droite et de haut en bas pour duper les yeux des spectateurs. Une belle plateforme technique, à laquelle on peut ajouter le traitement vidéo 10 bits ou encore la fréquence balayage 2D qui peut atteindre 240 Hz, qu'il nous tardait de mettre à l'épreuve.
Caractéristiques techniques
+ Technologie de projection : Tri-LCD à Laser- Panneau LCD : 0,62 pouce avec C2 Fine
- Résolution : 4K via wobulation (amélioration 4K)
- Taux de contraste : 2 500 000:1 (dynamique)
- Luminosité : 4000 lumens ANSI
- Ratio de focale : 0.27
- Taille de projection : 65 à 120 pouces
- Durée de vie de la lampe : 20 000 h
- Connectique : 2 HDMI 2.2 à l'arrière / 1 HDMI 2.2 dissimulé dans le châssis / RS-232C, sortie mini jack
- Zoom optique : Non
- Lens shift : Non
- Correction trapézoïdale horizontale : +/-3°
- Correction trapézoïdale verticale : +/-3°
- Bruit mode normal : 37 dB
- Bruit mode éco : 23 dB
- Consommation annoncée mode normal : 366 Watts
- Consommation annoncée mode éco : 366 Watts
- Haut-parleurs : 10 watts stéréo
- Dimensions : 45,8 x 37,5 x 22,8 cm
- Poids : 9,3 Kg
Epson EH-LS500B : une véritable impression de home cinema
A l'occasion du test du Viewsonic PX800HD, nous avions été très agréablement surpris par la qualité d'image de ce vidéoprojecteur DLP qui, pour un modèle à focal ultra courte, offre un très bon rapport qualité/prix. Pourtant, dès les premières minutes face à la projection assurée par ce EH-LS500B, l'effet “wow” domine encore plus. La maîtrise de la technologie Tri-LCD du constructeur Epson provoque incontestable quelque chose chez le cinéphile - que nous sommes. L'image est contrastée, nette, piquée, lumineuse, fluide autant qu'elle peut l'être pour un vidéoprojecteur... bref vraiment savoureuse. Evidemment, les photos réalisées ne mettent pas en valeur la qualité ressentie pour cette image.Il faut dire que, pour reprendre la comparaison avec le modèle de chez Viewsonic, ce EH-LS500B ne joue pas du tout dans la même cour côté tarif. Il coûte plus du double. Alors forcément, il ne s'adresse pas à une même clientèle. En tout cas, une clientèle qui n'a pas les mêmes moyens. Comme toujours à l'achat d'un vidéoprojecteur, avec ce Epson EH-LS500B, mieux vaut prévoir aussi d'y ajouter le budget nécessaire pour un équipement audio - si vous n'êtes pas déjà équipé.
En effet, quand bien même ce vidéoprojecteur intègre un système audio stéréo directement orienté vers ses spectateurs, son rendu n'a clairement aucune saveur en comparaison de l'image. Le delta de qualité est énorme : la puissance de 10 Watts fait presque illusion, mais l'acoustique globale n'est vraiment pas à la hauteur du standing du produit.
Au pire des cas, ce système intégré pourra dépanner si vous emportez avec vous le LS500B dans votre maison de campagne - attention l'objet est très imposant et lourd - ou encore si vous l'installez sur votre terrasse pour improviser un cinéma de plein air avec des projections sur un mur (blanc?) de la maison.
Pour en revenir à la qualité d'image, avec ce vidéoprojecteur Epson nous donne l'impression qu'il est possible de se créer un vrai petit cinéma à la maison. La présence de cette puissante source lumineuse booste réellement les contrastes et donc la dynamique de l'image. Les noirs ne sont pas parfaits, mais le résultat dans son ensemble présente le gros avantage d'être lumineux. Il n'est pas nécessaire de faire l'obscurité totale pour profiter de ses projections - mais c'est tout de même recommandé. Nous reviendrons plus après sur les mesures.
L'ajout de la technologie de wobulation 4K, qui consiste donc à produire un faux contenu Ultra HD à partir d'une matrice Full HD apporte elle aussi un petit truc en plus. Rappelons que cette technologie aussi appelée “4k Enhancement Device” ou "amélioration 4K" permet, à partir d'une matrice Full HD, de faire vibrer très rapidement de fines plaques de verre devant la source constituant l'image de haut en bas et de gauche à droite d'un demi pixel de chaque côté, ce qui permet alors de duper l'œil du spectateur grâce à la persistance rétinienne. Un moyen de produire des pixels à moindre coût.
Attention, pour le coup il est vraiment nécessaire d'utiliser une source Full HD de qualité pour en percevoir les bénéfices, mais avec du contenu Netflix ou Amazon Prime en UHD, il se passe déjà quelque chose. Epson propose des menus qui permettent de forcer plus ou moins l'accentuation de ce piqué et, de manière générale, s'en tenir au palier intermédiaire, le préréglage 3, est bien suffisant. Au-delà, l'image peut être dégradée par l'apparition d'artefacts et de bruit plus franchement agréable.
Revoir ses attentes à la baisse ?
Cela peut paraître évident, mais rappelons-le tout de même : ne commettez pas l'erreur d'imaginer que vous aurez avec ce vidéoprojecteur une image aussi belle qu'avec la télé (récente) installée dans votre salon. Pour peu qu'elle soit d'une grande marque, cette dernière profite de technologies de traitement d'image qui améliore grandement les sources dégradées ou les rendus complexes de certaines situations.Outre la performance réalisée par la technologie de wobulation et cette puissance d'éclairage embarquée, le EH-LS500 est bien loin d'être aussi efficace qu'un téléviseur pour gérer les aplats de couleurs, par exemple. Dans cette scène de Marco Polo que nous aimons utiliser comme l'une de nos images de référence, on peut remarquer les maisons se détachent bien du ciel et que l'effet de frange est relativement bien maîtrisé.
En revanche, dans ces autres photos ci-dessus, on aperçoit très bien les dégradés de couleur et la difficulté qu'éprouve le vidéoprojecteur à produire un rendu stable et uniforme sur le ciel ou encore sur les reflets de l'eau. Il y a des chances que votre œil ne soit pas attiré sur le vif par ces défauts lorsque vous regarderez votre film ou série, mais la limite est bien réelle et nous n'avons pas réussi à corriger le problème en jouant des nombreuses options proposées par cet appareil.
D'ailleurs, on ne s'étalera pas sur le sujet, mais Epson maîtrise son sujet de la vidéoprojection et propose tout ce qu'il faut dans les options pour corriger les éventuelles déformations de l'image, etc. Côté connectique,
L'Epson EH-LS500 affiche une très bonne fidélité des couleurs
Nous avons soumis l'Epson EH-LS500 au lot de mesures habituelles réalisées via le logiciel Calman de Portrait Display et une sonde X-Rite i1 Display Pro. Rapidement, le savoir d'Epson est traduit par une très bonne justesse des couleurs.Le gamma comme la température de couleur sont un peu élevés, avec des mesures respectives de 2.4 (2.2 étant la perfection) et une température moyenne de 6867K, soit un peu au-dessus des 6500K de référence. Rien de franchement critique. Nous retiendrons surtout la très bonne fidélité des couleurs. Nous avons mesuré un Delta E 2000 moyen de 3 sur l'espace REC.709. C'est très bon, mais on note bien que la production des nuances de gris reste un problème. Toujours en mode cinéma, le taux de contraste est mesuré à environ 1928:1, ce qui est un résultat honorable.
Bonne nouvelle en revanche, la puissance lumineuse perçue de ce vidéoprojecteur se vérifie. En mode cinéma, notre sonde mesure relève 490 cd/m² par réfléchissent : comprenez lorsque l'œil de la sonde est pointé vers notre toile.
Petite déception toutefois du côté du volume colorimétrique couvert par ce modèle : il se limite ici à 88% de l'espace REC.709... on avait dit qu'on est loin des performances d'un téléviseur. Ce vidéoprojecteur dispose également d'un mode cinéma Lumineux, mais la fidélité des couleurs est grandement remise en question. On pourra utiliser ce mode pour éviter d'avoir à fermer totalement les volets pour une projection en journée - nous avons mesuré une luminosité de 504 cd/m². Encore faut-il accepter de supporter le bruit de l'engin qui passe d'une extrême discrétion à la sonorité d'une petite turbine bien audible. A noter que toutes nos mesures ont été réalisées avec une image de 2 m de base. Une taille obtenue en positionnant le vidéo projecteur à 30 cm du support. L'optique est positionnée à 55 cm du support environ.
Pourquoi l'Epson EH-LS500 nous déçoit aussi
Si l'expérience cinéma est plutôt convaincante, ce vidéoprojecteur peine à nous séduire réellement. D'abord parce que sa technologie fait que l'objectif dépasse de près de 9 cm en hauteur du châssis, tel un périscope de sous-marin. Ce EH-LS500 n'en est que plus imposant (45,8 x 37,5 x 22,8 cm) et avec cette protubérance, esthétiquement... on a vu mieux.Mais ce qu'on a le plus de mal à apprécier, c'est la focale de l'appareil qui, même s'il est qualifié de focale ultra courte, nous laisse franchement perplexes.
Avec le Viewsonic PX800HD pour obtenir une image de 2 m de base, il nous suffisait de positionner l'appareil à seulement 12 cm du support de projection. Sachant que celui-ci mesure 43 cm de profondeur, avec un meuble de 60 cm de profondeur, on pouvait prétendre à une image d'une bonne taille.
Pour sa part, le EH-LS500 mesure certes 37,5 cm de profondeur, mais il faut éloigner l'appareil d'environ 30 cm du support. Résultat, il faut un meuble de près de 70 cm pour afficher une même image de 2 m de base. Et c'est bête à dire, mais ces 10 centimètres font une nette différence dans l'intégration du produit au salon. Epson se défend toutefois en indiquant que son produit peut afficher une image sans perte de qualité jusqu'à 120 pouces là où la concurrence plafonne à 100 pouces, mais l'argument ne tient qu'à moitié - et surtout, on ne peut pas le vérifier directement ici. En revanche, nous reconnaissons volontiers que la qualité du verre de l'optique ainsi que sa conception limitent les déformations de l'image et la perte de netteté dans sur les bords et dans les coins notamment.
En vrac, nous avons également été peu convaincus par l'ergonomie de la télécommande. Alors que le constructeur propose des zappettes parfaites avec ses produits à destination d'un plus grand-public, moins chers, celle-ci est presque austère. Enfin, si nous n'avons pas évoqué les résultats de nos mesures selon le mode HDR10 de ce vidéoprojecteur, c'est tout simplement parce que, là encore, il faut bien distinguer l'efficacité d'un mode HDR sur une télé avec celui de ce vidéoprojecteur. Les mesures en mode BT2020, puisque le EH-LS500 propose ce mode dans ses menus, s'avèrent vraiment avec un Delta E moyen qui avoisine les 7. En fait, selon nos constats, ce mode HDR se contente de booster sa luminosité provoquant des couleurs quelques délavées et donc bien moins fidèles.
Nous avons toutefois noté quelque chose d'étrange en jouant avec le menu HDR du vidéoprojecteur. Ci-dessus, vous pouvez percevoir la différence de contraste et de détail qu'il y a entre le mode HDR et le mode SDR qu'on active ou désactive manuellement. Inutile d'y regarder de très près pour constater qu'il est vivement recommandé de laisser le choix du mode sur "automatique" ou de forcer le HDR 10 dans les menus, sans quoi le rendu est bien plus fade. C'est d'ailleurs avec cette option que nous avons réalisées nos mesures publiées plus haut. Car sans cette fonction, les résultats sont là aussi vraiment moins bons, y compris en mode SDR. Pourquoi s'en priver alors. De notre point vue, ce mode n'est pas franchement inutile et, surtout, il ressemble plutôt à une sorte de dégradation de l'image qui n'as aucun intérêt... si ce n'est à faire croire que le mode HDR en est vraiment un. Faisons la comparaison avec la même image projetée par le Viewsonic PX800HD.
La photo réalisée avec le même appareil photo montre que c'est un peu plus piqué chez Epson et les couleurs un peu plus justes, mais les contrastes sont loin d'être aussi fades qu'avec le mode SDR de chez Epson. Et rappelons que le Viewsonic est un produit qui vaut à peine la moitié du prix de l'Epson. Le fait d'avoir encore le Viewsonic PX800HD sous la main (en raison du confinement) nous a même poussé à refaire des photos de comparaison. Ci-dessous, nous comparons la gestion du ciel entre ces deux produits et, là encore, la techno DLP du Viewsonic se montre surprenante !
On ne note pas le même effet de dégradé violet. On pourrait penser que cela est lié à la fréquence de fonctionnement du vidéoprojecteur Epson et le moment où l'appareil a pris la photo, mais non, cette différence est bien perceptible à l'œil...