Les vidéoprojecteurs à focal ultra courte ont plutôt la côte auprès des utilisateurs qui souhaitent se créer un “home cinema” avec le minimum de contrainte. Et il faut dire que sur le papier, il y a de quoi se laisser tenter, y compris par cet Optoma HD35UST. Vendu 1349 euros, ce modèle promet une image Full HD lumineuse (3600 Lumens ANSI) pouvant atteindre 100 pouces (soit 2,54 m) avec un recul de seulement 50 cm. Ces solutions à ultra courte focale sont aussi prisées des utilisateurs pour leur facilité d'installation, même s'il est important de ne pas négliger la qualité du support de projection. Nous avons testé ce modèle pendant plusieurs semaines : place au verdict !
Caractéristiques techniques
+ Technologie de projection : DLP à lampe- Résolution : 1920 x 1080p (Full HD)
- Taux de contraste : 30 000:1
- Luminosité : 3600 lumens ANSI
- Ratio de focale : 0.25:1
- Puissance de la lampe : 240 watts
- Durée de vie de la lampe : 3000h mode normal / 15 000 h mode éco+
- Connectique : 2 HDMI à l'arrière / VGA / RS232, entrée et sortie mini jack / vidéo composite
- Zoom optique : Non
- Lens shift : Non
- Correction trapézoïdale horizontale : +/-4°
- Correction trapézoïdale verticale : +/-4°
- Bruit : 26 dB mode éco / 28 dB mode normal
- Haut-parleurs : 16 watts
- Dimensions : 34,3 x 38,3 x 11,2 cm
- Poids : 3,9 kg
- Consommation annoncée : 275 Watts max
Le design : pour la beauté... peut mieux faire
L'Optoma HD35UST n'est pas vraiment ce qu'on qualifier de "modèle d'élégance". Ce vidéoprojecteur ressemble clairement à un produit issu d'une gamme bureautique : c'est blanc et très anguleux. En revanche, la bonne nouvelle c'est qu'il n'est pas trop lourd (3.9 kg) et que si vous souhaitez l'installer au plafond, il ne sera pas nécessaire de prévoir un support trop costaud et donc trop imposant. Nous reconnaissons que l'installation au plafond d'un modèle à focale ultra courte n'est sans doute pas très courante, sauf dans les salles de classe ou de réunion.Il est également assez peu encombrant (34,3 x 38,3 x 11,2 cm) ce qui permet là aussi de lui faire facilement une place sur un meuble à l'aplomb d'une toile tendue ou d'un mur blanc. Car oui, si vous utilisez cet appareil à focale ultra courte avec une toile conventionnelle... vous verrez des effets de vague sur votre toile.
Nous n'avons rien à redire sur la connectique (2 HDMI 1.4a dont 1MHL, VGA, Composite audio et vidéo audio et 2 x USB-A) si ce n'est qu'Optoma n'a pas prévu de compartiment avec une prise HDMI et une alimentation USB pour y connecter un Chromecast ou équivalent comme le proposent certains constructeurs. À noter que nos précédents tests montrent que le FireStick TV 4K d'Amazon est souvent trop grand pour ces compartiments.
La qualité d'image : l'œil se laisse charmer... la plupart du temps
Évacuons d'entrée de jeu l'aspect audio du produit... le résultat est mauvais. Il est impératif de coupler ce vidéoprojecteur avec un système audio digne de ce nom, qu'il s'agisse d'un système Hi-Fi multi-voies ou d'une barre de son. En l'état, on a l'impression que le son est restitué en passant par un pot de yaourt. C'est dire si c'est mauvais. Heureusement, le résultat est meilleur du côté de la qualité d'image. L'un des gros avantages des vidéoprojecteurs à focale ultra-courte réside indiscutablement dans sa facilité d'installation. Comme il est “collé” (ou presque) au support de projection, le passage des câbles est, normalement, assez simple.Si vous êtes sujet à percevoir l'effet “arc en ciel” il nous est impossible de vous dire que vous n'aurez aucun problème ici. Mais il est vrai que ce désagrément nous semble plutôt limité sur ce modèle à focale ultra courte. Dans cette configuration le faisceau lumineux ne traverse pas la pièce et l'exposition de votre œil à cette technologie n'est pas aussi problématique. En tout cas, cela ne nous a pas dérangés du tout.
Parmi les promesses faites par Optoma quant à la luminosité suffisamment puissante pour regarder ses films en journée où lorsque la pièce est éclairée... nous ne dirons pas que c'est vraiment le cas. Sauf peut-être si vous avez la chance de disposer d'un (très coûteux) écran fixe conçu justement pour annuler les lumières parasites et ne restituer que le faisceau et donc l'image de la projection. Quoi qu'il en soit, l'image Full HD dispensée par cet Optoma HD35UST est belle. Contrastée et néanmoins lumineuse, mais attention, la plateforme ne fait pas de miracle avec les scènes sombres - mais le résultat est grandement dépendant de la qualité du support de projection. Comme on peut le voir dans l'image ci-dessous, même à la lumière (extérieure, qui s'infiltre par nos baies vitrées) tombante du soir, la bonne visibilité des scènes est discutable.
Concernant la fluidité, elle n'est pas parfaite, mais reste néanmoins dans la moyenne de ce que font ces appareils DLP de milieu de gamme. Avec certains programmes, il faut apprendre à faire abstraction parfois de quelques artefacts généralement temporaires. En revanche, nous trouvons que la molette de mise au point est vraiment efficace, quelle que soit la distance donc la diagonale d'image projetée.
La technologie “Amazing Colour” qu'on retrouve sous le menu “Brillant Colour” dans les réglages peut être ajustée à votre convenance. De base, son niveau est réglé sur 8 ce qui se traduit par une certaine saturation des contrastes qui n'est pas désagréable à l'œil. Cela apporte réellement de la brillance à l'image. En revanche, nous allons voir que ce n'est pas sans conséquence sur la fidélité des couleurs.
Toujours au feeling, cet Optoma livre une bonne image sur la grande majorité de nos films et séries que nous utilisons régulièrement pour nos tests. Le piqué de l'image nous rappelle que nous sommes sur une définition Full HD, mais dans l'ensemble le rendu fait clairement illusion.
Nous sommes même plutôt agréablement surpris par la gestion de la profondeur du noir avec cette scène de Méridian, un court métrage disponible sur Netflix que nous utilisons pour nos tests.
Dans l'ensemble la matrice n'est pas perceptible, à moins de coller le nez sur le support de projection. En revanche, on regrette encore que cet appareil ne soit pas doté de technologies d'amélioration de l'image. En tout cas pas selon nos impressions. L'image paraît ici assez brute de décoffrage les scènes complexes (détails et richesse des contrastes) ne sont pas toujours exceptionnelles.
Il y a toutefois de nombreux réglages disponibles dans les menus de ce vidéoprojecteur pour tenter d'améliorer le résultat. Tous ne sont pas d'une efficacité remarquable ni même compréhensible du grand public, mais Optoma tente néanmoins de vous céder la main sur pas mal de réglages, en passant évidemment par les paramètres de géométrie de l'image.
Tous se pilotent ici par une télécommande à l'ergonomie assez quelconque. À la vue de sa conception, on pourrait penser que les touches sont rétroéclairées, mais ce n'est pas le cas. Dommage ! On aurait clairement préféré faire l'impasse sur la fonction de pointeur laser dont l'utilisation reste essentiellement professionnelle.
Résultat de nos mesures
Les mesures qui vont suivre ont été réalisées en mode cinéma avec la sonde installée au plus proche du support de projection et le vidéoprojecteur à environ 20 cm du support de projection. Un recul qui permet d'obtenir une image de deux mètres de base environ en faisant tenir le vidéoprojecteur sur un meuble de 60 cm de profondeur. Afin de nous assurer des résultats les plus fidèles et fiables possible, nous avons utilisé deux configurations, l'une avec la sonde orientée vers notre toile de projection, l'autre avec la sonde orientée directement vers le faisceau lumineux. Notre sonde X-Rite i1 Display Pro dispose pour cela d'un filtre et sélectionné les bons paramètres sous notre logiciel de mesure utilisé, à savoir Calman For Business de Portrait .Le Delta E 2000 moyen en REC.709 est mesurée à 5.74, soit un résultat toujours acceptable, mais qui traduit tout de même un manque de fidélité flagrant et que certains utilisateurs percevront très bien à l'œil. On peut remarquer que dans l'ensemble l'image projetée est bien trop « froide » avec une température moyenne relevée à 7174K au lieu de 6500K de référence. Optoma a assuré un rendu percutant du blanc (comme on peut le voir que plusieurs de ces données) mais cela impacte grandement la fidélité des couleurs. La luminosité maximale est mesurée à 163 cd/m² et le taux de contraste est de 446:1 ce qui n'est pas génial.
Le résultat est un peu meilleur lorsqu'on passe le réglage de l'option « Brillant Color » de 8 à 3, la valeur avec laquelle nous avons obtenu un peu mieux du côté de l'image... même si c'est encore loin d'être parfait. Le Delta E moyen est meilleur, la température des couleurs se rapproche de la valeur de référence, mais la luminosité chute un peu. Il est important de noter que l'espace colorimétrique REC.709 n'est couvert qu'à 81% environ. Là aussi une valeur assez faible.
Comme indiqué plus haut, nous avons réalisé nos mesures aussi bien par réverbération sur notre toile de projection qu'en pointant directement l'œil de la sonde vers l'optique de l'appareil, au centre de la projection. Dans les deux cas, les résultats sont sensiblement les mêmes. Pour autant, il convient de noter que la luminosité maximale est autrement plus importante. Elle est mesurée ici à 1024 cd/m², mais vous pourrez aussi remarquer que le taux de contraste reste assez proche (412:1) puisque le noir est lui aussi plus lumineux.
L'Optoma HD35UST après une rapide calibration
Compte tenu de la richesse des options proposées par ce vidéoprojecteur, nous avons pris le temps de réaliser quelques réglages basiques à l'aide de notre sonde et du logiciel. Après un rapide réglage du point blanc, on obtient cette fois-ci une fidélité des couleurs qui s'approche d'une excellente fidélité des couleurs sur notre procédure complète de test comptant environ 60 mesures environ. La température des couleurs est désormais un peu plus chaude (6391K) et la courbe est d'autant plus régulière. On voit tout de même que cet Optoma HD35UST peine à reproduire certaines couleurs.Il est sans doute possible d'obtenir de meilleurs résultats encore, mais cette opération de réglage reste toutefois fastidieuse (nous y avons passé un bon moment !) et si d'aventure vous souhaitez appliquer nos réglages, les voici ci-dessus en photo.
Enfin, nous n'aborderons pas ici la performance de cet Optoma HD35UST en mode jeu vidéo. Nous l'avons trouvé très limité sur le sujet, notamment en raison de son retard à l'affichage (Input Lag) que nous avons mesuré à 52 ms environ. C'est trop. Bonne nouvelle en revanche, ce vidéoprojecteur est plutôt silencieux grâce à une ventilation qui émet plus un ronronnement sourd et non un bruit de turbine stridente.