Raspberry Pi 4 : on a testé le fleuron de la gamme

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 11 septembre 2019 à 10h50
Prenant tout le monde de court, la fondation Raspberry Pi vient de lancer le Raspberry Pi 4 Model B seulement quelques mois après la commercialisation du Pi 3 Model B+. Fatalement se pose la question de la pertinence de cette nouvelle version. Quels en sont les apports ? Doit-on céder à l'appel de la nouveauté ou ne s'agit-il que d'une version intermédiaire sans grand intérêt ?

Raspberry Pi... késako ?

Fondée il y a dix ans de cela, non loin de Cambridge en Angleterre, la fondation Raspberry Pi avait d'abord pour objectif de proposer des solutions simples et accessibles afin de promouvoir la programmation dans les écoles. Pour ce faire, un matériel a rapidement été créé, le fameux Raspberry Pi qui est parvenu à conquérir les écoles, mais aussi de nombreux bidouilleurs et passionnés grâce à sa polyvalence, son ouverture et son prix, modique.

Raspberry Pi 1 B
La première version du Raspberry Pi... il y a déjà presque huit ans

Commercialisé nu, le Raspberry Pi est ce que l'on appelle un nano-ordinateur monocarte. Sa carte-mère de la taille d'une carte de crédit se suffit à elle-même, dans la mesure où elle intègre processeur, mémoire vive, solution graphique et éléments de connectivité. La première version du Raspberry Pi débarque en mars 2012 avec une production limitée à 10 000 exemplaires. Le succès est immédiatement au rendez-vous et en l'espace de quelques mois, pas moins de 500 000 cartes sont vendues.

Les différents modèles

Le succès du premier Raspberry Pi et les commentaires de ses utilisateurs ont logiquement conduit la fondation à revoir sa copie afin d'améliorer les choses, de répondre aux besoins des uns et des autres. D'abord localisée à Taïwan, la production du nano-ordinateur est rapidement déménagée au Royaume-Uni, au Pays de Galles plus exactement. Pour le cinquième anniversaire du Raspberry Pi, la fondation indique avoir écoulé plus de 12 millions d'exemplaires, tous modèles confondus.

Raspberry Pi Zero

Raspberry Pi Zero

Plus petit modèle de la gamme Raspberry, le Pi Zero est simplement minuscule (65 x 31 x 5 mm). Il intègre pourtant la majorité des fonctionnalités caractéristiques des Raspberry tout en présentant d'évidentes limites. Ainsi, le processeur n'est qu'un simple cœur cadencé à 1 GHz et il n'est accompagné que de 512 Mo de mémoire vive. La dernière mouture - la Zero W - parvient malgré tout à intégrer du Wi-Fi (802.11 b/g/n) et du Bluetooth (v4.1) pour une connectivité maximale.

Raspberry Pi A Plus

Raspberry Pi Model A

Regroupant différentes générations de Raspberry Pi, le Model A se caractérise par un form factor un peu plus compact que le Model B : 122 x 79 x 25 mm pour un poids d'environ 40 grammes. Il sert logiquement de passerelle entre le Pi Zero et le Pi Model B. Dans sa dernière mouture (Pi 3 Model A+), il intègre tout de même un processeur quad-core (le Broadcom BCM2837BO) à 1,4 GHz, mais reste limité côté mémoire vive (512 Mo). À côté de cette puissance de calcul supplémentaire, son principal atout est de proposer les connecteurs CSI (caméra) et DSI (affichage tactile), prisés des bidouilleurs.

Raspberry Pi 3 B+

Raspberry Pi Model B

Modèle originel du Raspberry Pi de part son format (carte de crédit), le Model B est aussi celui qui a connu le plus de variations au fil des ans. Pi 1, Pi 2, Pi 3 et maintenant Pi 4 avec de multiples mises à jour intermédiaires afin d'intégrer plus de mémoire vive ou un Bluetooth plus stable par exemple. Si le modèle 4 est aujourd'hui le fer de lance de la gamme, notez que les anciennes versions sont toujours disponibles en magasins et devraient l'être pour encore quelque temps.

Quels usages ?

À l'origine, la fondation Raspberry Pi avait pour objectif de faire entrer les principes fondamentaux de la programmation dans les écoles afin que les enfants disposent de bases plus solides en la matière. L'idée était donc de proposer un matériel capable de répondre à cet objectif tout en tenant compte des budgets limités des établissements éducatifs.
Programmation Raspberry Pi
Gestion d'une télécommande IR avec un Raspberry Pi Media Center

Logiquement, de multiples solutions logicielles ont émergé afin d'exploiter les capacités du Raspberry Pi avec, notamment, les exemples Scratch et Scratch Junior. Le code et les premières lignes de programmation deviennent ainsi accessibles au plus grand nombre... Mais le Raspberry Pi permet d'aller beaucoup plus loin et certains amateurs s'en sont servi pour mettre sur pieds de véritables projets « robotiques » avec création de machines capables de se déplacer, de réaliser des tracés... voire de projeter des balles de ping-pong à travers un canon.

Ce côté « bidouille » est notamment permis par la présence du fameux port GPIO à 40 broches. Véritable couteau suisse, ce connecteur autorise toutes les fantaisies à quiconque fait preuve d'un peu d'imagination. De son nom complet de General Purpose Input/Output, ce port est très utilisé dans le domaine de l'électronique embarquée afin d'apporter des fonctions de détection ou de contrôle très variées : robots donc, mais aussi circuit de train miniature, solution domotique...

Robot Raspberry Pi
Le Raspberry Pi au cœur d'un petit robot

Enfin, en véritable petit ordinateur, le Raspberry Pi peut tout simplement se substituer à des machines bien plus puissantes pour certains usages, évidemment limités. Il est par exemple possible grâce à une distribution spécifique de la Linux Debian d'en faire une machine de bureautique convenable. On peut également le convertir en média serveur voire en NAS ou en solution de streaming jeu vidéo.

Nous n'avons pas ici la prétention de couvrir tous les usages possibles d'un Raspberry Pi et nous vous invitons à réaliser quelques recherches sur Internet pour découvrir le potentiel de cette machine surprenante.


Le Raspberry Pi 4 Model B dans le détail

Le 24 juin 2019, la fondation a donc surpris son monde en dévoilant le Raspberry Pi 4 Model B, la dernière évolution de son concept. Surpris son monde, car la précédente mouture - le Pi 3 Model B+ - avait été lancée à peine plus d'un an plus tôt. Eben Upton, l'un des co-créateurs de la fondation, avait d'ailleurs précisé qu'il n'y aurait pas de nouvelle version du Raspberry Pi « avant qu'un bond suffisant soit possible... tout en conservant un tarif similaire ».

Raspberry Pi 4 B - Angle
Raspberry Pi 4 Model B : une carte mère compacte

En apparence, difficile une fois encore de faire la différence entre un Pi 3B+ et un Pi 4B. Ce dernier adopte un form factor sensiblement identique et la nouvelle mouture n'est trahie que par quelques points de détail qui n'auront toutefois pas échappé aux habitués. Ainsi, la carte-mère est en réalité un tout petit peu plus large, mais c'est surtout au niveau des connecteurs que l'on fait rapidement la différence : intégration de deux ports USB 3.0, passage à une alimentation USB-C, suppression du port HDMI remplacé par deux micro-HDMI... Autant de détails qui ont leur importance, mais faisons le tour du propriétaire.

Fiche technique du Raspberry Pi 4 Model B

  • Processeur : Broadcom BCM2711, quad-core Cortex-A72 64-bit à 1,5 GHz
  • GPU : Broadcom VideoCore VI à 500 MHz
  • Mémoire vive : 1 Go, 2 Go ou 4 Go de LPDDR4-3200 SDRAM (selon le modèle)
  • Réseau : Gigabit Ethernet et Wi-Fi 802.11b/g/n/ac 2,4 / 5 GHz ; Bluetooth 5.0, Bluetooth Low Energy
  • Stockage : Lecteur de cartes microSD
  • Connectique : Ports USB 2.0 (x2), USB 3.0 (x2), Ethernet (RJ45), micro-HDMI (x2), jack audio 3,5 mm, Camera Serial Interface (CSI), Display Serial Interface (DSI) et USB-C (alimentation), General Purpose Input/Output (GPIO) 40 broches
  • Dimensions : Format « carte de crédit » : 88 x 58 x 19 mm, 46 grammes

Au cœur du Raspberry Pi 4 Model B, on retrouve donc un processeur Broadcom BCM2711 dont la dénomination pourrait laisser croire à un recul par rapport au BCM2837 qui équipe la génération précédente. En réalité, le BCM2711 se distingue par la présence de quatre cœurs ARM Cortex-A72, bien plus puissants que les Cortex-A53 du Pi 3B+. La fréquence de fonctionnement est également en progrès (+ 100 MHz) à 1,5 GHz.

Raspberry Pi 4 B - CPU Broadcom
La puce Broadcom BCM2711 surmontée de son minuscule heat spreader

En fonction de la version du Pi 4B que vous choisirez, vous pourrez également profiter d'un progrès notable au niveau de la mémoire vive. Tout d'abord, celle-ci se trouve du même côté de la carte mère que les autres composants. Cela accélère sans doute la chauffe de tout ce petit monde, mais devrait également en simplifier le refroidissement : auparavant, il fallait prévoir une petite plaque de cuivre pour maintenir la mémoire - seule au dos de la carte - au frais. Plus important, il est donc possible d'opter pour 1 Go, 2 Go ou 4 Go de mémoire vive afin d'être moins limité dans ses usages.

Raspberry Pi 4 B - Puce mémoire
la puce mémoire est maintenant du même côté que les autres composants

Côté réseau, les nouveautés peuvent sembler plus subtiles et les habitués du Raspberry noterons par exemple la position exactement identique de la puce Wi-Fi / Bluetooth. Il nous faut toutefois préciser que ce Wi-Fi se montre plus stable et plus efficace dans sa recherche des réseaux. Le Bluetooth profite, lui, d'une montée en gamme notable avec l'arrivée du 5.0. Enfin, nous profitons maintenant d'un véritable port Gigabit Ethernet qui ne doit plus partager sa bande-passante comme c'était le cas avec le Pi 3B+, limité à plus ou moins 300 Mbps.

Raspberry Pi 4 B - Puce Wi-Fi
La puce Wi-Fi n'est plus décorée comme elle l'était sur le Raspberry Pi 3B+

Beaucoup plus évidents, les progrès en matière de connectique USB se remarquent au premier coup d'œil. En effet, pas besoin d'être un expert pour repérer les deux connecteurs « bleus » synonymes d'USB 3.0. Ils viennent en complément de deux ports USB 2.0 et autorisent une exploitation plus efficace de nombreux périphériques, comme les disques durs externes, pour ne citer qu'un seul exemple.

Raspberry Pi 4 B - USB et Ethernet
Deux ports USB 3.0 viennent maintenant en complément de deux USB 2.0

Sur notre cliché, impossible de remarquer la moindre différence sur le port microSD. Même position, même apparence et même rôle puisqu'il est en charge du stockage « de base » du Raspberry Pi. C'est par exemple lui qui accueille la carte contenant le système d'exploitation du nano-ordinateur. Dans les faits, et tant que l'on utilise une carte performante, des progrès notables sont observés. Si cela n'est pas visible sur la photo, sachez que le lecteur microSD profite maintenant d'un débit de données double, ou double data rate en anglais, pour des débits pratiquement multipliés par deux.

Raspberry Pi 4 B - Lecteur microSD
Seul au dos de la carte mère trône le lecteur microSD

Sans doute l'un des changements les plus évidents avec le passage à de l'USB 3.0, la connectique vidéo est complètement revue et corrigée sur le Raspberry Pi 4 Model B. En lieu et place du port HDMI classique, on trouve maintenant deux ports micro-HDMI. Ce choix dérangera certains utilisateurs, mais les amateurs de solutions double-écran seront ravis, d'autant plus que les ports sont compatibles 4K et que la solution vidéo embarquée par le processeur Broadcom prend en charge les flux HEVC 4K à 60 images par seconde sur les deux écrans à la fois !

Raspberry Pi 4 B - Ports micro-HDMI
Deux ports micro-HDMI certifiés 4K

Pas forcément le plus visible, le connecteur d'alimentation a lui aussi changé et c'est une modification d'importance en réalité. Il n'est donc plus ici question d'un connecteur micro-USB, mais d'un port USB-C. Ce changement de connectique est un gage de modernité, mais il accompagne surtout des besoins plus important côté alimentation. Il est maintenant indispensable d'avoir un bloc d'alimentation capable de délivrer du 5V / 3A. Notez à ce sujet que le Raspberry Pi 4 Model B est un peu plus exigeant que ses prédécesseurs. Attention donc aux alimentations de mauvaise qualité.

Raspberry Pi 4 B - Port USB-C
L'alimentation passe maintenant par un port USB-C

Enfin, il est inutile de revenir de manière approfondie sur les multiples éléments qui, eux, ne changent réellement pas par rapport aux précédents générations de Raspberry Pi. Citons simplement qu'il est toujours possible de faire sortir l'audio par un connecteur jack 3,5 mm, que les ports Camera Serial Interface (CSI) / Display Serial Interface (DSI) sont toujours de la partie et que le fameux GPIO 40 broches se retrouve une fois encore en bonne place sur la carte mère.

Polémiques au lancement

Aussi réussie fût-elle, la sortie du Raspberry Pi 4 Model B a connu son lot de polémiques plus ou moins importantes. Il y a d'abord eu les commentaires de récents acheteurs de Pi 3B+ qui se sont sentis « floués » alors que le nouveau modèle est pour ainsi dire, au même prix... Il s'agit là d'un risque habituel en informatique, même si nous comprenons le malaise qu'ils ont pu ressentir.

Résistances et USB-C

Plus importante, la polémique autour du connecteur d'alimentation USB-C a contraint les promoteurs du Pi 4B à une réponse officielle... Mais rappelons d'abord les faits. Au moment des premiers tests, certains utilisateurs ont logiquement voulu utiliser les alimentations dont ils disposaient déjà chez eux. Problème, les concepteurs du Pi 4B se sont permis quelques libertés avec le standard et le port USB-C de la carte mère n'est pas correctement câblé. Deux broches du connecteur partagent une unique résistance alors que les spécifications techniques imposent l'utilisation d'une résistance par broche.

Raspberry Pi 4 B - Bug de l'USB-C
Crédit photo Oliver Nickel / Golem.de

En pratique, cela ne pose aucun problème pourvu que l'alimentation ait été pensée de la sorte, mais puisque cela ne correspond pas aux spécifications officielles, quantité d'adaptateurs - notamment ceux signés Apple - ne fonctionnent pas correctement. Une fois connectés, ces derniers pensent être reliés à un « simple » périphérique audio et ne délivrent donc pas une puissance suffisante. Il ne semble pas y avoir de risque matériel que ce soit pour le Raspberry Pi ou pour le chargeur, mais la carte mère ne peut tout bêtement pas démarrer. En l'état actuel des choses, l'utilisation du chargeur officiel Raspberry semble être la solution la plus sure, même si d'autres chargeurs fonctionnent bien.

Notez que ce problème devrait être résolu prochainement par la fondation Raspberry Pi. Eben Upton a ainsi précisé que la prochaine révision du Pi 4B intégrera les résistances prévues par les spécifications techniques de l'USB-C. Cette révision ne devrait toutefois pas débarquer avant encore quelques semaines.

De la surchauffe du Raspberry Pi 4

La seconde polémique majeure qui a entouré la sortie du Raspberry Pi 4 Model B est celle de son échauffement. Vous l'avez sans doute déjà lu, nous l'avons précisé à plusieurs reprises depuis le début de ce dossier et vous pourrez en avoir confirmation dans nos pages benchs : le Pi 4B est nettement plus puissant que ses prédécesseurs tout en conservant un volume identique. Un processeur plus véloce, davantage de mémoire vive et des débits plus importants à tous les niveaux... Cela ne va pas sans entraîner une certaine « surchauffe ».

Pour être tout à fait honnête, il convient de souligner qu'un Raspberry Pi 3 Model B+ à pleine charge courrait également le risque de s'échauffer au-delà du raisonnable avec une tendance au throttling, autrement dit l'abaissement automatique de sa fréquence de fonctionnement afin de maintenir une température raisonnable. Le fait est que ce problème est plus évident encore avec le Pi 4B. À l'aide d'une caméra thermique, notre confrère Gareth Halfacree s'est livré à quelques mesures comparatives entre les deux dernières versions du Raspberry Pi, le Pi 3B+ et le Pi 4B. La différence saute aux yeux.



Après des tests de charge de seulement 10 minutes, on note que le Broadcom du Pi 3 Model B+ atteint un peu plus de 62°C. Sur le même test, le Broadcom du Pi 4 Model B vient flirter avec les 75°C. On note également que l'ensemble de la carte mère du Pi 4B monte en température avec des points chauds sur le processeur donc, mais aussi sur les composants d'alimentation et, dans une moindre mesure, sur les puces réseaux, Wi-Fi et USB. Évitons tout de suite la panique : le Pi 4B ne risque pas de fondre entre vos mains puisque, si la température monte de trop, un effet de throttling est observé : le Pi réduit automatiquement sa fréquence de fonctionnement afin de maintenir son échauffement dans des limites garantissant la sécurité de la carte.

Le throttling arrivera plus rapidement et plus fréquemment sur le Pi 4B que sur le Pi 3B+. De fait, on perd en quelque sorte une bonne part du bénéfice en puissance si le Raspberry doit constamment réduire sa fréquence. Il n'y a toutefois pas de fatalité et la mise en place d'un radiateur, voire d'un petit ventilateur devraient être suffisants pour éviter tout désagrément. À l'heure actuelle, c'est surtout le manque d'accessoires disponibles qui pose problème car, par exemple, le boîtier officiel de la fondation Raspberry Pi implique de bidouiller pour ajouter un ventilateur.

Gageons que dans les semaines à venir de multiples produits débarqueront sur le marché afin d'apporter une solution à ce problème. Il conviendra alors de tester ces kits de refroidissement et ces boîtiers pour ne pas tomber sur de vilains petits canards.

Puissance, conso et débits : les benchs

Largement mise en avant par la fondation Raspberry Pi, la puissance supposée du Raspberry Pi 4 Model B doit maintenant être confirmée par des mesures objectives. Nous avons volontairement limité le nombre d'outils utilisés afin de ne pas surcharger cette partie. Par ailleurs afin de gagner en lisibilité, nous avons organisé les mesures rubrique par rubrique, composant par composant.

Certaines mesures ont été réalisées par nos soins quand d'autres sont le travail de Gareth Halfacree. Ces derniers sont publiés ici avec l'accord du principal intéressé.


Les choses débutent par le processeur Broadcom BCM2711 et l'outil Linpack. Ici, plus le résultat est élevé, meilleures sont les performances et il s'agit sans doute du bench le plus éloquent pour montrer la supériorité du Raspberry Pi 4 Model B sur les précédents modèles. En fonction du test, on peut noter une augmentation des performances allant jusqu'à 400%. Des résultats que l'on peine toutefois à retrouver avec une utilisation classique de la machine.


Nous enchaînons avec une mesure des performances de la mémoire vive. Là encore, les progrès sont notables, mais bien plus modestes que sur le précédent test. Le Pi 4B est ici de 50 à 55% plus véloce que le Pi 3B+ sachant qu'en plus d'obtenir de meilleures performances, le Pi 4B peut être doté de bien plus de RAM : de 1 Go à 4 Go en fonction de la carte retenue.


De manière un peu schématique, disons que la compression de fichiers est un exercice qui met à contribution la puissance de calcul du processeur central et la mémoire vive. À ce petit jeu, l'écart de performances entre le Pi 4B et son prédécesseur est une fois encore très net, même si le pourcentage baisse encore : ainsi le Raspberry Pi 4 Model B n'est plus que 37% plus rapide que le Pi 3B+ en mode « multithreadé » et 60% plus rapide en « monothreadé ».


Le nouveau Broadcom qui équipe le Raspberry Pi 4 Model B est également l'occasion d'intégrer un nouveau processeur vidéo, le VideoCore VI dont la fréquence de fonctionnement est calée à 500 MHz. C'est une belle avancée par rapport au VideoCore IV @ 400 MHz du Pi 3B+. Sur l'outil OpenArena, cela se traduit par une nette amélioration du nombre d'images par seconde en 720p où l'on passe de moins de 28 ips à plus de 41 ips.


Parmi les nombreuses promesses du Pi 4B, celle d'un Ethernet véritablement Gigabit était l'une des plus intéressantes. Notre test de débit Ethernet n'a rien de bien compliqué, mais il permet de mettre en avant cette belle amélioration, sachant que le Pi 3B+ signait déjà des performances en net progrès par rapport au Pi 3 : on passe ainsi de 95,4 Mbps sur le Pi 3, à 237 Mbps sur le Pi 3B+ et à 943 Mbps sur le Pi 4B. Le Gigabit est bel et bien au rendez-vous.


Dès lors que l'on passe au sans-fil, les débits sont nettement moindres et la progression depuis les précédentes générations de Raspberry Pi est moins notable. Reste que le Pi 4B arrive une fois encore à la première place avec un débit mesuré à 114 Mbps dans le meilleur des cas quand le Pi 3 B+ plafonnait à 97,6 Mbps.


Nos mesures de débit se poursuivent avec les taux de transfert observés en USB. Aucune surprise ici et l'intégration de ports USB 3.0 associé au nouveau composant mis en jeu par la fondation Raspberry Pi permettent au Pi 4B de l'emporter très largement : 363 Mbps / 323 Mbps en lecture / écriture pour le Pi 4B contre 38,2 Mbps / 36,5 Mbps pour le Pi 3B+, il n'y a tout simplement pas de match.


Terminons ces mesures de débit en nous penchant sur le cas du lecteur de cartes microSD. Si en apparence rien n'a changé, la mise en place du double data rate permet un bond dans les performances observées. Le Pi 4B affiche ainsi 45,7 Mbps / 27,7 Mbps en lecture / écriture quand le Pi 3B+ devait se contenter de 23,5 Mbps / 17,4 Mbps, bien sûr avec la même carte microSD.


Notre dernier bench n'est pas à proprement parler une mesure de performances. Il s'agit effectivement de vérifier l'impact de cette spectaculaire montée en puissance sur la consommation électrique. Il n'y a ici aucune surprise : le Pi 4B consomme sensiblement plus que ses prédécesseurs, mais à bien y regarder, l'écart n'est pas si important et, en tout cas, plus faible que l'augmentation des performances. S'il reste moins efficient que les Pi Zero, le Pi 4B affiche donc un rapport puissance / consommation plus intéressant que le Pi 3B+.

Station bureautique et plus si affinités

Au cours de notre article, nous avons déjà évoqué les multiples usages que l'on peut avoir du Raspberry Pi. Nous aimerions ici insister sur une utilisation qui nous semble devoir gagner en popularité avec la sortie du Pi 4B, la bureautique. La puissance de calcul et la quantité de mémoire vive disponibles devraient effectivement constituer deux atouts majeurs pour cette dernière version du Raspberry Pi.

Raspberry Pi 4 B - Bureau NOOBS
NOOBS / Raspbian : un bureau somme toute classique

NOOBS / Raspbian / LibreELEC

Compte tenu de l'immensité de l'univers Raspberry Pi, nous n'avions clairement pas pour objectif d'en couvrir toutes les possibilités. En revanche, il nous semblait intéressant de vous présenter une solution clé en main pour aboutir à une solution bureautique - et au-delà - viable. Mise en place par la fondation Raspberry Pi en se basant sur Raspbian et LibreELEC, notamment, la solution en question se nomme NOOBS pour New Out Of the Box Software. Elle est disponible au travers de cartes microSD pré-installées que l'on achète sur le Net ou d'un fichier à télécharger et que l'on peut, ensuite, installer soi-même sur une carte.

Au premier démarrage, NOOBS intervient à plusieurs reprises afin de nous aider à configurer les derniers éléments de notre nouvelle machine. Ensuite, nous nous retrouvons face à un bureau tout ce qu'il y a de plus classique, même s'il parlera évidemment encore un peu plus aux utilisateurs Linux qu'aux habitués de Windows. Plusieurs logiciels sont pré-installés comme la suite bureautique LibreOffice, avec ses alternatives à Access (Base), Excel (Calc), Powerpoint (Impress) et Word (Writer). À partir de là, tout fonctionne comme n'importe quelle machine dédiée à la bureautique.

Raspberry Pi 4 B - Gestionnaire de fichiers
NOOBS / Raspbian : indispensable gestionnaire de fichiers

NOOBS ne se contente toutefois pas de ça et d'autres logiciels sont pré-installés afin d'ouvrir d'autres horizons au Raspberry Pi. De base, la programmation est plus particulièrement représentée avec notamment Mu et Scratch. Bien sûr, un client Web est de la partie (Chromium) de même qu'un client mail tout à fait capable (Claws). Un lecteur audio / vidéo (VLC) complète l'offre ainsi qu'une visionneuse d'images et divers accessoires. Pour le reste, il faudra se tourner vers les sources Linux et les programmes recommandés pour Raspbian.

Raspberry Pi 4 B - Applications recommandées
NOOBS / Raspbian : recueil des applications « recommandées »

Compte tenu de ses limitations techniques, le Raspberry Pi 4 Model B ne remplace pas un PC. Il manque de répondant et le lancement d'une application prend bien plus de temps que sur une machine classique. La question du stockage est aussi un problème : l'achat d'un disque dur USB alourdit sensiblement la note. Reste que nos essais se sont montrés concluants. Pourvu que l'on se limite à des tâches de bureautique simples et à un usage multimédia « basique », le Pi 4B est une solution convaincante... Compte tenu du budget alloué bien sûr.

Raspberry Pi 4 B - Desktop kit
Le desktop kit contient tout le nécessaire pour débuter avec le Pi 4

Un bundle complet, le desktop kit

Un peu partout sur Internet, on trouve des boutiques qui commercialisent le Raspberry Pi 4 Model B nu, ainsi que divers accessoires. Conscient de l'intérêt de sa solution pour un usage bureautique complet, la fondation Raspberry Pi a toutefois décidé de commercialiser un kit complet que l'on trouve - pour la France - notamment dans la boutique en ligne Kubii.

Commercialisé un tout petit peu moins de 130 euros, le kit est particulièrement intéressant. Il intègre effectivement un très agréable clavier AZERTY (même si, pour notre part, c'est un modèle QWERTY que nous avons reçu) particulièrement compact et bien pensé ainsi qu'une petite souris très agréable à manier, que l'on branche directement sur l'un des ports USB déportés du clavier. Le kit contient également l'alimentation officielle Raspberry, pour ne prendre aucun risque, le petit boîtier officiel et deux câbles micro-HDMI. Enfin, un guide utilisateur - hélas en anglais - et une microSD de 16 Go avec NOOBS prêt à l'emploi complètent le tout.

Raspberry Pi 4 B - Clavier et souris
Si la souris est un peu simpliste, le clavier Raspberry Pi est de très bonne facture

Pour les utilisateurs experts, on retiendra surtout que ce desktop kit est moins coûteux que l'ensemble des éléments qui le composent. Pour les débutants, en plus de la petite économie réalisée, on louera la simplicité d'usage que représente un tel kit : les différents éléments se branchent très naturellement les uns aux autres et une fois la microSD insérée dans le Raspberry, il n'y a plus qu'à suivre - quelques minutes durant - les instructions à l'écran pour disposer d'une machine parfaitement fonctionnelle. Notons simplement que les 16 Go pourraient vite se révéler insuffisants et qu'un support de stockage USB externe est vivement conseillé par la suite.

Les joies de l'émulation

Concluons notre dossier Raspberry Pi 4 Model B avec une partie consacrée à l'émulation. Si cet usage n'a pas attendu l'arrivée des mini-consoles signées Nintendo ou Sony, il explose depuis que les NES Classic Mini et autres PlayStation Classic ont débarqué sur le marché. Il faut dire que ces solutions sont elles aussi basées sur le principe de l'émulation à partir de nano-ordinateurs proches cousins des Raspberry Pi. Une telle proximité a encore dynamisé une pratique qui dure depuis déjà quelques années.

My Recalbox
Recalbox simplifie grandement toutes les étapes de configuration

État des lieux

La distribution Raspbian - dérivée de la Linux Debian - dispose de nombreux émulateurs qu'il est possible de faire tourner avec plus ou moins d'expérience sur le Raspberry Pi. L'engouement autour de l'émulation a toutefois permis l'émergence de solutions intégrées rassemblant de multiples émulateurs au sein d'un seul et même applicatif. Afin de ne pas nous disperser, nous ne parlerons ici que de ces solutions.

À l'heure actuelle - les choses bougent vite - on dénombre cinq acteurs majeurs dans ce domaine : Batocera, Blast16, Lakka, Recalbox et Retropie. Ils ont tous leurs atouts et leurs faiblesses, mais leur caractéristique principale reste la grande simplicité de mise en œuvre avec, peut-être, un petit avantage pour Batocera / Recalbox qui nous semblent encore un peu plus directs que les autres, notamment en ce qui concerne la gestion du Bluetooth.

Sur le site Web de l'applicatif retenu, on télécharge une image que l'on applique sur une carte microSD. Ensuite, c'est simple, il suffit de démarrer le Raspberry Pi avec ladite carte pour que notre mini-console soit fonctionnelle : l'applicatif fonctionne comme un système d'exploitation à part entière. Aujourd'hui, la très grande majorité des machines des années 1970, 1980 et 1990 sont parfaitement fonctionnelles sur un Raspberry Pi 3B+, et seules des consoles comme la PlayStation, mais surtout la Nintendo 64, la Dreamcast ou la Saturn peuvent poser quelques problèmes... C'est d'ailleurs à ce niveau que le Raspberry Pi 4 Model B est attendu comme le Messie.

Recalbox PlayStation
L'émulation PlayStation est de plus en plus aboutie

Premiers résultats et promesses

À la publication de cet article, aucune des solutions précédemment nommée n'est officiellement compatible avec le Raspberry Pi 4 Model B. De fait, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur le véritable apport de cette nouvelle version par rapport au Pi 3B+. Toutes les équipes sont occupées à porter leur projet sur le Pi 4B, mais c'est un travail de longue haleine.

Seul Lakka dispose actuellement de nightly builds capables de tourner sur un Pi 4B. Ces préversions ne sont pas exemptes de bugs et manquent clairement d'optimisation : nous ne vous conseillons donc pas de les utiliser, sauf à vouloir tester les choses par vous-mêmes. Notez que l'intégration aux distributions « normales » de Lakka n'est plus qu'une question de jours ou de semaines. La dernière build que nous avons essayée, nous a par exemple permis d'accéder à des plateformes relativement gourmandes comme celles de la PlayStation, de la Nintendo 64 ou la Dreamcast. Des machines déjà émulées sur Raspberry Pi 3 Model B+, mais qui devraient profiter du surcroît de performances offert par le Pi 4B.

Lakka sur Raspberry Pi 4 - Sega Rally
Actuellement, Sega Rally est très loin d'être jouable

Lakka nous a également permis de faire tourner - pour la première fois sur un Raspberry Pi - la Sega Saturn. Il faut savoir que la Saturn est une machine particulièrement délicate à émuler et à l'heure actuelle, il n'y a pas de miracle : les jeux Saturn, s'ils acceptent de se lancer, sont injouables avec cette build de début août. Le lanceur Saturn tourne à 50 images par seconde, mais ensuite les choses se compliquent. Si Gex n'est pas loin d'être jouable, un Sega Rally se limite à 12 images par seconde et Saturn Bomberman est à peine plus fluide à 15-18 images par seconde.

Il ne fait aujourd'hui aucun doute qu'un Raspberry Pi 4 Model B correctement ventilé permettra de bien meilleurs résultats en matière d'émulation. Des machines comme la PlayStation ou la Nintendo 64 ne devraient plus guère poser de problème et la Dreamcast semble devoir nettement progresser. En revanche, il semble que nous soyons encore assez loin du compte sur Saturn. Affaire à suivre...

Conclusion

Nous n'avons pas la prétention d'avoir fait le tour des possibilités offertes par le Raspberry Pi 4 Model B. Avec ce dossier, nous avions surtout pour objectif de vous présenter la bête, ses principales caractéristiques et ses évolutions les plus notables.

La fondation Raspberry Pi ne se moque pas du monde en proposant cette évolution à peine plus d'un an après la sortie du Pi 3 Model B+, même si cela peut faire rager certains des acheteurs les plus récents. Le Raspberry Pi est plus puissant, plus ouvert et plus polyvalent que jamais avec cette mise à jour qui en améliore tous les aspects, sans exception. Mieux, ce gain en performances et fonctionnalités se fait sans véritable augmentation du tarif.

Ainsi, à quantité de mémoire équivalente, le Raspberry Pi 4 Model B est proposé à un tarif identique à celui du Raspberry Pi 3 Model B+... Même si nous ne saurions trop vous conseiller d'opter pour les versions 2 Go ou 4 Go en fonction de l'usage que vous souhaitez en faire, le Go du Pi 3B+ ayant souvent été le facteur limitant. Alors que de nombreux concurrents ont émergé sur ce marché, encore très récent, des nano-ordinateurs, la fondation Raspberry Pi montre qu'elle a encore une longueur d'avance.

Raspberry Pi 4 Model B

9

Les plus

  • Nette amélioration des performances
  • USB 3.0, Bluetooth 5.0, véritable Gigabit
  • Prise en charge de deux écrans
  • Jusqu'à 4 Go de mémoire vive
  • Toujours compact, toujours bon marché

Les moins

  • Échauffement notable
  • Léger souci avec l'USB-C
  • Manque (logique) de logiciels

Nerces
Par Nerces
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Doss

Welcome back Nerces :wink:

rsebas3620

il serait surtout interressant de le tester comparé a son adversaire de toujours l’odroid xu4 livre deja avec un ventilateur ou un ventirad plus gros… son principal probleme ca celui-ci c’est son manque de chipset bluetooth et wifi… si ils avaient proposé une version avec cet ajout… Il aurait cartonné… d’ailleiurs le xu4 sortie il y a plus d’un an fait touner open arena a 40/41 fps et consomme moins…

PirBip

J’attendrai le modèle 5 puisque j’ai un 3B+ et que je travaille en embarqué industriel : pas de gain notable sur la consommation, au contraire… Donc ce sera sans moi.

obyoneone

excellent article

kroman

Le thermal throttling serait déjà à 75° alors qu’il est à 100° pour un CPU Intel ?

Nerces

Le throttling semble intervenir à 80-81°C. Le 75°C est mesuré après seulement 10 mn d’activité.

pitou-01

Très bon dossier. Je vais attendre la révision du pi 4, ainsi que la nouvelle version de recalbox compatible avec la bête pour me monter ma petite machine dédié à l’émulation depuis le temps que j’en veux une.

Et bon retour Nerces. :wink:

Blues_Blanche

Merci pour cet article qui est très intéressant. Je n’avais pas suivi toute l’histoire.
Comme d’autre j’attends la petite révision mais surtout des boîtiers adaptés comprenant le refroidissement. Mon utilisation serait l’émulation, mais aussi un NAS.

ultrabill

On passe de 2 à 4 ports série, en espérant qu’il ne s’agisse pas de Mini-UART comme sur le Pi3

danicela

Nerces je m’en souviens sur ses articles sur les jeux Blizzard, j’attends tes retours sur la prochaine BlizzCon :slight_smile:

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