D'ici à 2030, Tesla prévoit de produire près de 20 millions de véhicules électriques... par an. Un volume qui devrait accompagner une tendance mondiale, portée par des réglementations visant à restreindre puis à interdire la vente d'une partie des véhicules thermiques. Mais cette évolution ne se fera pas sans poser un problème majeur, qui risque d'affecter de nombreux aspects de notre vie quotidienne.
Le milliardaire sud-africain n'est pas seulement affairé à transformer X.com. Entre deux tweets bien inspirés, il est également occupé à révolutionner la galaxie avec ses autres entreprises. Mais, l'humanité n'irait peut-être pas assez vite pour suivre son rythme.
Une demande qui explose pour une offre insuffisante
Elon Musk a contribué à propulser les voitures électriques dans une nouvelle dimension. Souvent objets de curiosité, elles ont longtemps été décriées pour leurs nombreux défauts en comparaison des véhicules thermiques, ayant fait leurs preuves depuis des décennies. L'arrivée de la Tesla Roadster, équipée de batteries lithium-ion, a démontré que l'électricité pouvait être le carburant de la mobilité du XXIe siècle.
Or, pour alimenter des milliers... pardon, des millions de véhicules électriques, il faut beaucoup d'électricité. Selon PG&E, distributeur d'énergie pour une grande partie de la Californie, la demande pourrait augmenter de 70 % durant deux prochaines décennies. Le cabinet McKinsey, quant à lui, prévoit une augmentation de 100 % pour l'ensemble des États-Unis d'ici à 2050. Or, au pays de l'oncle Sam, la production n'a augmenté que de 1 % chaque année depuis le début du siècle, une échelle que l'on retrouve par ailleurs dans d'autres pays développés.
Un véritable casse-tête pour Elon Musk, qui prévoit déjà d'importantes pénuries d'électricité dues à la faiblesse de l'offre au cours des deux prochaines années. « Je n'insisterai jamais assez sur le fait que nous avons besoin de plus d'électricité », a-t-il déclaré lors d'une conférence sur l'énergie. « Quelle que soit la quantité d'électricité dont vous pensez avoir besoin, il nous en faut plus ».
Encore plus de batteries à la rescousse des voitures électriques et des… IA
En fait, les réseaux électriques dans le monde sont déjà de plus en plus soumis à de fortes contraintes. Canicules, vagues de froid, pénuries de carburant, sont autant de facteurs qui mettent à l'épreuve nos sociétés chaque jour plus électrifiées. Pourtant, les producteurs d'électricité investissent des sommes colossales, tant dans la transition énergétique que dans la rénovation et la modernisation des centrales existantes. Insuffisant, estime le milliardaire sud-africain, qui appelle le secteur et les régulateurs à redoubler d'efforts. « Nous devons vraiment accélérer le calendrier et faire preuve d'un grand sentiment d'urgence », déclare-t-il.
Avec Tesla, il participe déjà activement à cet effort de guerre, en vendant des panneaux solaires et des batteries de stockage aux particuliers et aux services publics. Les batteries pourraient, selon lui, contribuer à accroître la production dans un premier temps. En effet, il propose d'optimiser celle-ci en faisant fonctionner les centrales électriques 24 heures sur 24, et en stockant l'énergie inutilisée dans des fermes de batteries en vue d'une utilisation ultérieure. « Je ne suis pas sûr que nous puissions multiplier par deux la production d'énergie », commente-t-il, « mais nous parlons d'une augmentation d'au moins 50 % de la production totale d'énergie ». Pas de quoi convaincre tout le monde, loin de là.
Il existe un autre secteur qui aura besoin de beaucoup d'électricité dans les années à venir. L'utilisation croissante de l'intelligence artificielle, et en particulier de programmes tels que ChatGPT, promet de consommer de plus en plus d'énergie et de ressources à mesure qu'elle évoluera et se généralisera. Pour le milliardaire sud-africain, des pénuries pourraient freiner le développement du secteur, ce qui est une mauvaise nouvelle à la fois pour ses projets d'IA, mais aussi pour d'autres aspects de ses activités. Reste à savoir si l'un des êtres humains les plus influents de la planète parviendra, comme il l'a fait avec l'automobile et le spatial, à donner un nouvel élan au secteur de l'électricité.
Source : The Wall Street Journal